Dans une tribune percutante publiée par The Guardian, l’ancien Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell, accuse frontalement les dirigeants européens de complicité dans les crimes commis par Israël à Ghaza, en raison de leur refus persistant d’imposer des sanctions.
Sous le titre sans équivoque « En ne sanctionnant pas Israël, les dirigeants européens se rendent complices de ses crimes », Borrell sonne l’alarme : le silence de l’Europe a permis la poursuite du génocide palestinien, tout en sapant les valeurs mêmes que le continent prétend défendre. Dès l’introduction de sa tribune, Josep Borrell déplore la lenteur des mécanismes internationaux de justice, notant que si les tribunaux survivent aux assauts politiques, notamment ceux menés sous l’administration Trump, leurs jugements finaux mettront des années à voir le jour. Pourtant, souligne-t-il, il ne fait aucun doute que le gouvernement israélien commet actuellement un génocide à Ghaza : massacres, famine organisée, et destruction méthodique de toutes les infrastructures du territoire. Pendant ce temps, les colons israéliens et l’armée poursuivent quotidiennement leurs violations graves du droit international en Cisjordanie occupée et à ElQods Est, rappelle Borrell. Pour lui, ne pas agir alors que l’on en a les moyens, c’est être complice de ces atrocités.
Une Europe qui a les moyens… mais pas la volonté
L’ancien chef de la diplomatie européenne ne mâche pas ses mots : l’Union européenne dispose d’outils puissants pour faire pression sur Israël. L’Europe est non seulement son principal partenaire commercial, mais aussi un fournisseur important d’armes. De plus, l’accord d’association UE-Israël, qui offre à ce dernier des avantages économiques majeurs, comporte une clause explicite en son article 2 exigeant le respect des droits humains et du droit international. Ne pas suspendre cet accord dans le contexte actuel constitue selon Borrell une violation grave des engagements européens et un affaiblissement dramatique de la position géopolitique de l’UE, non seulement dans le monde arabe et musulman, mais à l’échelle planétaire. Borrell souligne avec amertume le double standard européen : alors que l’Union a réagi avec vigueur à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle fait preuve d’une inaction flagrante face à la guerre menée par l’entité sioniste à Ghaza. Cette hypocrisie a été exploité par Vladimir Poutine pour miner la légitimité occidentale dans des régions clés comme le Sahel. En conséquence, le soutien à l’Ukraine s’érode dans de nombreux pays du Sud global.
Une faillite morale et politique
Dans un réquisitoire implacable, Josep Borrell énumère les manquements de l’Union européenne refus de suspendre l’accord d’association malgré les violations systématiques du droit international ; absence de restrictions sur les ventes d’armes à Israël ; tolerance des importations issues des colonies illégales, en dépit des arrêts de la Cour de justice européenne ; aucune sanction contre les dirigeants israéliens incitant ouvertement au génocide ; aucune entrave aux déplacements de Netanyahou malgré le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale ; silence complice face aux sanctions américaines contre les juges internationaux. Cette liste, accuse Borrell, ternit l’image de l’Union européenne, fragilise l’ordre multilatéral, et entache gravement sa crédibilité en tant que défenseur du droit international. Alors que l’Europe est attaquée à l’Est par Poutine et à l’Ouest par Trump, Borrell avertit que l’inaction européenne face au génocide de Ghaza creuse son isolement diplomatique. Elle est aujourd’hui perçue comme hypocrite, faible et insensible aux souffrances des peuples opprimés.
« Les Européens seront jugés »
En conclusion, l’ancien diplomate lance une mise en garde historique : les dirigeants de l’Union européenne seront jugés pour leur rôle dans la complicité des crimes contre l’humanité commis par le gouvernement Netanyahou. L’histoire, affirme-t-il, ne manquera pas de condamner la négligence européenne face à une extermination en cours. Mais il n’est pas trop tard pour agir. Pour limiter les dégâts et sauver un minimum de crédibilité, l’UE doit imposer immédiatement des sanctions contre l’entité sioniste. Selon Borrell, c’est la seule langue que comprendront les dirigeants israéliens, et la seule façon d’arrêter les crimes contre l’humanité en cours.
M. Seghilani