La visite du président Abdelmadjid Tebboune en Italie représente un moment symbolique de première importance. Sur les plans économique, diplomatique et géopolitique. Cette visite officielle de trois jours a tenu toutes ses promesses.
Les deux pays, déjà liés par une amitié historiquement solide et un partenariat stratégique fiable, ont acté leur coopération bilatérale. Commençons par le volet économique dont le flux des échanges ne cesse de se densifier depuis que le partenariat entre les deux pays a atteint sa dimension stratégique. L’Italie ambitionne de devenir un hub énergétique en Europe, l’Algérie une porte d’entrée pour le Plan Mattei vers l’Afrique. Derrière le secret de la réussite de ce partenariat exemplaire, les deux pays incarnent tout le sens d’une coopération respectueuse du principe gagnant-gagnant. C’est une exception pour deux grands pays issus des deux rives de la Méditerranée.
Ainsi, les deux pays viennent de renforcer concrètement leur partenariat. À la clé, une vingtaine d’accords signés alors que le partenaire italien évoque une quarantaine à venir progressivement. Ces accords sont le fruit du Sommet intergouvernemental de haut niveau, coprésidé par le président Tebboune avec la présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni, ainsi que le forum d’affaires qui a réunit quelque 400 opérateurs des deux pays. Qu’en est-il des projets conclus ? Pour résumer les domaines de coopération à renforcer, il y a l’énergie (gaz et hydrogène vert), l’industrie minière, l’enseignement supérieur pour favoriser la mobilité des étudiants et des chercheurs, la sécurité alimentaire, l’innovation et la digitalisation au big data, l’environnement et le développement durable, les infrastructures logistiques et portuaires etc. Pour citer un exemple, nos partenaires italiens parlent d’un mégaprojet d’usine de minerai de fer pré-réduit (DRI) à réaliser en Algérie pour un coût estimé à un milliard d’euros.
Sur le plan diplomatique, la visite du Président en Italie confirme tout le bien qu’on disait de l’Algérie et de son retour gagnant sur la scène internationale. Le rayonnement de notre diplomatie au niveau des Nations-unies et de son Conseil de sécurité en traitant avec les décideurs du monde sur pratiquement toutes les questions internationales de l’heure est un fait incontestable. C’est aussi le cas dans les instances africaines où l’Algérie est représentée désormais au plus haut niveau des centres de décision. L’Algérie et son rapport à l’Europe ? Les tensions autour de l’accord d’association ne disent pas tout. En revanche, le rapprochement stratégique entre Alger et Rome est un facteur déterminant, l’Italie étant promue au rang de locomotive pour le Vieux continent.
Au plan géopolitique, notre pays a su, en plein bouleversement mondial, à tirer son épingle du jeu. Ainsi, ceux qui parient sur l’isolement de l’Algérie à cause de la rupture avec le Maroc, de la crise avec la France ou encore des tensions diplomatiques avec ses voisins du Sud, se sont trompés dans leurs pronostics. La force de l’Algérie ne se mesure pas au nombre des pays avec lesquels elle entretient, de bonnes ou de mauvaises, relations, mais à la qualité qui distingue les liens avec ses partenaires. Pour conclure en apothéose cette visite qui représente un franc succès pour les deux parties, l’Italie a déroulé le tapis rouge du Président en lui réservant un accueillant officiel digne de l’hospitalité et de la grandeur de Rome.
Par ailleurs, les échanges chaleureux et l’entente cordiale entre le Président et son homologue italien d’un côté, et avec Mme Meloni de l’autre, ont, loin de l’ambiance à l’italienne, fait des dégâts collatéraux sous d’autres cieux. Le rapprochement entre Alger et Rome a, en effet, accentué le malaise observé déjà depuis quelques temps en France. Notamment, depuis que l’Algérie ait décidé de diversifier ses partenaires en privilégiant ceux qui répondent aux mieux à ses intérêts. Un bouquet de fleurs remis à Mme Meloni, une poignée de main franche et un sourire complice, il n’en fallait pas plus pour provoquer un véritable malaise en France. Sur les plateaux de télévisions, la lune de miel entre Alger et Rome est reçue comme une humiliation pour Paris.
Farid Guellil