Le général Assimi Goïta, chef de la junte malienne au pouvoir depuis les putschs opérés en août 2020 puis en mai 2021, chercherait-il à s’octroyer un pouvoir à vie ? C’est du moins ce que suggère la loi qui vient d’être promulguée et lui permettant de se maintenir au pouvoir jusqu’à 2030 au moins.
Le régime militaire lui a accordé un mandat de président de cinq ans, renouvelable « autant de fois que nécessaire » et sans élection. La promulgation de la loi, attendue depuis plusieurs jours, maintient donc Assimi Goïta à la tête de l’État jusqu’à au moins 2030. La promulgation de la loi, annoncée jeudi dernier, dans un document diffusé sur les réseaux sociaux et authentifié de source officielle, prévoit de maintenir l’homme fort de Bamako durant les cinq prochaines années au moins. « Il remplit les fonctions de chef de l’Etat (…) jusqu’à la pacification du pays, à compter de la promulgation de la présente charte », selon la loi. Arrivée au pouvoir au Mali à la suite de deux coups d’Etat en 2020 et 2021, la junte malienne s’était engagée à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024. Mais cinq ans plus tard, rien n’y est fait. Le président de la transition, les membres du gouvernement et les membres de l’organe législatif installé par les militaires sont éligibles à la présidentielle et aux élections générales. Toutefois, la durée du mandat peut être « écourtée dès que les conditions permettant l’organisation d’une élection présidentielle transparente et apaisée sont réunies », prévoit le texte.
Pour la loi promulguée, elle vient appliquer les recommandations faites à l’issue d’une concertation nationale organisée par la junte au pouvoir fin avril. Cette concertation nationale – marquée par la présence des soutiens du régime, mais boycottée par la plupart des formations politiques – avait également demandé la dissolution des partis et des restrictions à leur possibilité d’en créer.
Il convient de rappeler que lors d’une manifestation publique à Bamako, des partis politiques avaient accusé la junte de chercher leur dissolution. Ce rassemblement de partis, qui s’est tenu en mai dernier, sous une haute surveillance policière, avait réuni plusieurs centaines de personnes et revêtu un caractère exceptionnel, dans un contexte de répression de toute voix discordante. Depuis, la junte a annoncé la dissolution des formations et des organisations politiques maliennes. Leurs membres ont été interdits de réunion par les militaires.
R. I.