L’appareil sécuritaire israélien continue de digérer le choc infligé par la riposte iranienne à l’opération militaire sioniste. Une riposte qui, selon les révélations successives des médias israéliens, a provoqué des pertes humaines et matérielles considérables, révélant une résilience inattendue du côté iranien.
Dans une interview accordée à la chaîne israélienne Channel 12, le général de réserve Tamer Heiman, ancien chef du renseignement militaire israélien, a livré une analyse pour le moins inhabituelle : « L’Iran n’est pas au bord du précipice nucléaire, comme certains le prétendent. Même si ses installations d’enrichissement connues ont été mises hors service, elles sont entièrement récupérables. » Mais au-delà des données techniques, c’est surtout la fermeté du peuple iranien qui semble avoir surpris l’establishment israélien. Heiman reconnaît avec un ton mêlé de respect et d’inquiétude « C’est un peuple qui se bat jusqu’au bout. Je n’ai vu chez eux aucun signe de concession. » Il souligne également la capacité des Iraniens à assurer une transition rapide après la perte de plusieurs dirigeants, saluant une certaine « immunité structurelle » du système iranien.
Des frappes d’une précision redoutable
Sur le terrain, les médias israéliens commencent à briser le silence imposé sur les pertes subies. Selon la chaîne Channel 13, les attaques iraniennes ont infligé des dommages significatifs à plusieurs bases militaires et infrastructures stratégiques, causant un « choc » dans les cercles décisionnels. La chaîne reconnaît qu’une partie de l’opinion publique israélienne ne mesure toujours pas l’ampleur de la précision iranienne, ni les dégâts réels infligés sur l’ensemble du territoire.
Des milliers de déplacés
Dans un rapport publié ce lundi, le quotidien Maariv cite les chiffres du ministère israélien de la Santé, dévoilant un bilan humain alarmant après douze jours de confrontation directe avec l’Iran. Selon le journal, 3 345 Israéliens ont été blessés, dont 23 dans un état grave. Trois personnes ont succombé à leurs blessures pendant leur hospitalisation. Le secteur de la santé mentale, lui aussi, est en crise : la guerre a provoqué une flambée des consultations pour traumatismes psychologiques, touchant aussi bien des anciens soldats que de nouveaux civils. Par ailleurs, la vague d’évacuation a concerné 11 070 colons israéliens, relogés dans 97 centres d’accueil à travers le pays. Une partie significative de ces déplacés vit encore dans des hôtels, sans perspective de retour à court terme.
Une facture économique très lourde
L’impact financier de cette guerre éclair est tout aussi spectaculaire. D’après une estimation relayée par l’agence américaine Bloomberg, les dégâts subis par Tel-Aviv s’élèvent à 10 milliards de shekels, soit environ 3 milliards de dollars. Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, n’exclut pas que le coût total dépasse les 12 milliards de dollars, incluant les pertes d’infrastructures, les compensations aux civils, et les dégâts subis par les secteurs sensibles de l’économie.
Une guerre qui laisse des stigmates profondes
Alors que l’armée israélienne peine encore à restaurer une image de supériorité stratégique, les aveux inhabituels de ses anciens responsables montrent une fissure dans l’armure d’un État habitué à dominer militairement ses adversaires. Les déclarations du général Heiman marquent un tournant dans la perception israélienne du rapport de force avec Téhéran : un adversaire perçu jusqu’ici comme un régime à la limite de l’effondrement, mais qui se révèle être un peuple « tenace, structuré et insubmersible », selon les termes mêmes de l’expert. Dans cette guerre des nerfs et des missiles, l’Iran semble avoir réussi à imposer une vérité difficile à admettre : les frappes ont porté, et la dissuasion a changé de camp – du moins partiellement. Reste à savoir comment l’entité sioniste, frappée dans son cœur, répondra à cette réalité nouvelle.
M. S.