Quand il est question de drogues, de quoi parle-t-on ? De plusieurs substances qui désagrègent le corps social. Les unes chimiques qui sont produites dans les laboratoires, les autres de culture, issues de plantes ou de champignons. Les plus anciennes sont les secondes évidemment. Quant aux premières, elles sont les plus dévastatrices. Les deux réunies forment une arme de guerre non conventionnelle, utilisée de plus en plus dans les conflits à travers le monde. Comme ressources financières et comme butin pour les trafiquants.
Comme moyen d’annihiler les défenses de l’adversaire, pour les belligérants. Chaque pays à travers le monde adopte sa propre lutte contre ce fléau de plus en plus envahissant à la faveur du recul de l’alcool et du tabac. Par les temps qui courent, notre pays l’Algérie connait une recrudescence inédite du trafic de drogue. « L’Algérie est visée par une guerre silencieuse » a résumé, lundi dernier au micro de la Radio nationale, Tarek Kour, directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT). En effet, il suffit de suivre les quantités saisies effectuées par notre armée, en première ligne dans cette lutte, pour s’en convaincre. Pour la seule année 2024, l’ANP a procédé à « l’arrestation de 2621 narcotrafiquants et la mise en échec de l’introduction de 36.8 tonnes de kif traité provenant des frontières avec le Maroc, alors que 631 kilogrammes de cocaïne et 25 millions de comprimés psychotropes ont été saisis » selon le communiqué du ministère de la Défense nationale publié le 4 janvier dernier.
Le constat de l’OMS est tout aussi alarmant : « En Algérie, la dépendance aux produits psychotiques, surtout au sein de la population jeune et des adolescents, est préoccupante et constitue un réel problème de santé publique, selon les données de prise en charge disponibles. En 2023 en Algérie, plus de 34 000 personnes ont été prises en charge au niveau des structures de soins en addictologie, avec une prédominance des personnes âgées de 16 à 35 ans » peut-on lire sur le dernier rapport du 12 décembre 2024. L’OMS poursuit « Face à cette réalité, l’Algérie intensifie ses efforts pour assurer la santé et le bien-être de sa population. Le ministère de la Santé, en étroite collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a lancé une série d’initiatives et de sensibilisation pour intégrer ces objectifs dans les programmes locaux de santé… (le tout) avec un suivi rigoureux des progrès vers les cibles de l’ODD 3 (Objectifs de développement durable) pour 2025 et 2030 ». Sortons de la diplomatie pour retourner sur le terrain. Le Parlement algérien vient d’adopter le 19 juin dernier, une nouvelle loi durcissant les dispositions de la précédente loi relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. La nouvelle loi introduit dans les critères de recrutements de certaines structures « des analyses de dépistage de consommation de drogues (ainsi que des) examens médicaux périodiques des élèves des établissements éducatifs, d’enseignement et de formation ». L’autre aspect important de la loi est « l’établissement de la peine capitale… » bien que le moratoire sur les exécutions soit toujours appliqué depuis 1993. Ce qui ne manque pas d’impacter nos moyens de défense contre ce fléau alimenté par nos ennemis les plus haineux.
La grande question qui se pose est celle de savoir si nous avons encore le droit de maintenir ce moratoire maintenant que les trafiquants de drogues ciblent nos enfants aux abords des établissements scolaires ? Ils visent, ni plus ni moins, à hypothéquer l’avenir de nos générations à venir. Ce qui équivaut à viser la destruction du pays à moyen et long terme. En réalité, dans leur lutte pour préserver leur population contre les dégâts irréversibles, ou presque, des drogues sur la santé humaine, plusieurs pays doivent faire face sur deux fronts. Celui des criminels trafiquants et celui des ONG comme Amnesty International qui considère que la peine de mort contre les drogues constitue une « violation des droits humains ». Cette absurdité prend la défense des trafiquants semeurs de mort et ignore, dans le même temps, le sort des addicts à ces poisons qui transforment l’homme en loque quand il survit. La drogue est devenue une arme de destruction massive que la communauté internationale ne veut pas voir. Pourquoi et jusqu’à quand ?
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com