Le processus d’encadrement du commerce extérieur se poursuit confirmant la volonté de l’État de mettre fin au désordre préjudiciable à l’intérêt national qui a longtemps caractérisé les échanges commerciaux, hors hydrocarbures, de l’Algérie avec ses partenaires étrangers.
Sous-facturation à l’exportation et surfacturation à l’importation, certains opérateurs avaient recours à ces pratiques frauduleuses pour dégager des profits faramineux en devises placées dans leurs comptes en banque à l’étranger, dépensées dans l’acquisition de biens immobiliers et autres, partout sauf en Algérie. Tout cela au détriment de l’intérêt national à travers les pertes occasionnées au Trésor public. Ces opérateurs, pour le moins indélicats, n’étaient pas guidés par le souci d’importer ce dont ont besoin l’Algérien, pour sa consommation, ou l’économie nationale, pour son fonctionnement. Ils étaient encore moins motivés par la nécessité de protéger la production nationale ni de la promouvoir. Le critère de cette catégorie d’importateurs a été exclusivement le profit à réaliser et à placer à l’étranger grâce à la surfacturation. Le président Abdelmadjid Tebboune a eu à dénoncer à maintes reprises cette situation en parfait connaisseur du commerce extérieur. Il en avait déjà parlé en mars 2017, il y a huit ans, alors qu’il était ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville et ministre du Commerce par intérim. Il estimait « insensé de continuer à importer de la mayonnaise, de la moutarde et le Ketchup pour une facture annuelle de prés de 200 millions de dollars ainsi que des « voitures ferrailles » qui ne répondent à aucune spécification », indiquant que de « tels montants devraient être consacrés aux priorités du développement, notamment la construction de logements, d’écoles ou de centres de santé ». À ceux qui déformaient ses propos, il précisait qu’il ne s’agit pas d’« interdire l’importation, ni de produits essentiels ni de luxe, il faut juste définir les besoins pour mettre un terme au gaspillage». Il mettait l’accent sur l’importance de la transparence et sur le respect de la loi par l’ensemble des opérateurs et intervenants dans le domaine du commerce extérieur. C’est visiblement cette démarche que le président Tebboune maintient avec détermination. Il a annoncé, lors du Conseil des ministres, ce dimanche, qu’il assurera personnellement l’accompagnement de la création des deux instances d’organisation et de gestion de l’exportation et de l’importation, à travers la tenue d’une réunion ministérielle restreinte, dans les prochains jours. Le but est de rompre définitivement avec les dérives ayant entaché, par le passé, des organismes qui étaient directement chargés des opérations d’importation. Le président de la République a souligné « la nécessité d’une coordination totale entre le ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, les banques, la Banque centrale et les Douanes, en vue de garantir un contrôle intelligent, ciblé et efficace à même de protéger la production nationale et d’orienter les importations selon les besoins nationaux essentiels ». Il a, en outre, ordonné de « définir des spécifications précises pour les importateurs et les exportateurs dans les textes régissant ces deux instances, en veillant à organiser et à réglementer l’importation » et de « créer de nouveaux mécanismes de régulation des importations, dont des centrales d’achat, permettant d’avoir une vision plus claire des opérations d’importation ». Le président de la République a également ordonné de « tenir compte pleinement de la spécificité et du volume de la production nationale, comme indicateur économique fondamental, en identifiant minutieusement les ressources à importer pour nécessité économique vitale ». Le président de la République a chargé le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations d’« établir des normes purement algériennes que tous les opérateurs économiques importateurs doivent respecter, quels que soient les produits à importer ». Cette bataille, qui a sa dimension technique, exige la mobilisation politique d’acteurs « administratifs » convaincus des défis affrontés par l’Algérie.
M’hamed Rebah