L’Italie a officiellement classé le musée de l’Ami de la Révolution algérienne Enrico Mattei comme musée national. Le ministère italien de la Culture a inclus ce musée dans le patrimoine italien.
Ami de la Révolution algérienne contre l’occupation française, l’industriel italien Enrico Mattei (1906-1962) a défendu la cause du peuple algérien. La médaille des Amis de la Révolution algérienne a été décernée à Enrico Mattei, en septembre 2021, à titre posthume par le président Abdelmadjid Tebboune. Deux mois après, en novembre 2021, lors de sa sortie dans la capitale, au deuxième jour de sa visite en Algérie, le président italien, Sergio Mattarella, a inauguré à Hydra un jardin baptisé du nom Enrico Mattei (1906-1962). Par la suite, Rosangela Mattei, nièce de Enrico Mattei, a adressé au nom de sa famille un message de remerciements et de gratitude au président Tebboune, et à l’ensemble du peuple algérien, pour l’hommage qui a été rendu à son oncle à titre posthume lors de la visite d’Etat du président italien, Sergio Mattarella, en Algérie. Enrico Mattei, fondateur du groupe énergétique italien ENI, avait une attention particulière pour l’Algérie, à cause de la dimension économique de notre pays, mais aussi et surtout pour la perspective politique nouvelle qu’offraient les relations entre l’Italie et l’Algérie. Il a été le promoteur d’une coopération véritable entre le nord et le sud, excluant tout rapport de domination et de prétentions néo coloniales des pays développés vis-à-vis des pays en développement. Plus particulièrement, Enrico Mattei était un ami de la Révolution algérienne, conformément à ses positions en faveur des causes justes à travers le monde. Il avait connu personnellement plusieurs dirigeants de la Révolution et a contribué, à l’époque, à mobiliser la classe politique italienne pour soutenir la cause algérienne. En fait, Enrico Mattei était foncièrement anti colonialiste ; normal, dirait-on, quand on sait qu’il fut un résistant antifasciste en Italie du nord à partir de 1943. Mais, il fallait un courage exceptionnel pour prendre position en faveur de la lutte de notre pays pour son indépendance, contre la France et l’OTAN, dans le contexte international de l’époque. C’est par l’acte et la parole que Enrico Mattei a défendu la cause du peuple algérien. Selon des témoignages exprimés à son égard lors de différents colloques, Enrico Mattei a eu un rôle important dans les négociations d’Evian en faisant profiter la partie algérienne de son expertise dans le domaine des hydrocarbures, et en l’aidant à définir les grands axes stratégiques de négociation pour défendre les intérêts de l’Algérie dans l’exploitation de ses ressources pétrolières et minières. En août 1961, les médias colonialistes algérois avaient rapporté qu’Enrico Mattei a été menacé de mort par l’OAS (Organisation de l’armée secrète, créée pour maintenir l’Algérie sous domination coloniale française), parce qu’il a « déployé une activité anti-française en Orient et en Afrique du Nord». Enrico Mattei est décédé le 27 octobre 1962 dans un crash d’avion au sud de Milan, dû à l’explosion d’une bombe. Enrico Mattei est décédé le 27 octobre 1962, quelques mois après l’indépendance de l’Algérie dans un crash d’avion au sud de Milan dans des circonstances mystérieuses qui n’ont pas été élucidées jusqu’à ce jour. En 1997, trente cinq ans après les faits, la justice italienne avait conclu que la cause de ce crash était « une bombe placée dans l’avion ». A l’époque, Umberto Mattei, son frère, avait déclaré: « Je n’ai jamais eu de preuves, mais j’ai toujours été persuadé que mon frère avait été tué, et je l’ai dit dès le début au juge ». L’engagement de Enrico Mattei a continué, après sa mort, à inspirer les amis de l’Algérie en Italie. Les témoignages évoquent le rôle de l’ENI dans la formation des cadres algériens dans le domaine de l’industrie pétrolière au niveau de ses écoles après l’indépendance de l’Algérie. En 1999, en hommage à son courage, l’Algérie a donné le nom de Enrico Mattei au gazoduc « Trans-mediterranean pipeline », reliant les deux pays.
M. R.
