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ILS DÉNONCENT LA PASSIVITÉ DU CINÉMA : 380 artistes brisent l’omerta sur le génocide à Ghaza

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Dans une tribune poignante publiée par Libération le 13 mai, 380 artistes de renom dénoncent l’inaction du monde du cinéma face à ce qu’ils qualifient sans détour de « génocide en cours à Ghaza ».
Ils rendent notamment hommage à la photojournaliste palestinienne Fatma Hassouna, tuée le 16 avril dernier par un bombardement de l’occupant sioniste. Ce sont des silences qui deviennent insupportables. Des complicités passives qui font honte. Dans une tribune retentissante, 380 artistes issus du monde du cinéma, du théâtre, de la musique et des arts visuels appellent à rompre le mutisme ambiant face à la tragédie en cours à Ghaza. Le texte, publié par Libération le 13 mai, intervient alors que les bombardements israéliens ne cessent de faire des victimes civiles, dans l’indifférence, parfois même l’assentiment, de nombreuses institutions culturelles occidentales. La tribune débute par un hommage bouleversant à Fatma Hassouna, une jeune photojournaliste palestinienne de 25 ans, tuée le 16 avril avec dix membres de sa famille, dont sa sœur enceinte, par une frappe israélienne. Une mort survenue à peine un jour après l’annonce de la sélection du film PUT YOUR SOUL ON YOUR HAND AND WALK de la réalisatrice Sepideh Farsi, dans lequel Fatma tenait un rôle central, à la section ACID du Festival de Cannes. Une sélection que la jeune femme n’aura pas eu le temps de célébrer. Une voix réduite au silence, comme tant d’autres à Ghaza, alors que le cinéma mondial reste trop souvent muet. Ce texte coup-de-poing dénonce également le kidnapping du réalisateur palestinien Hamdan Ballal, primé pour son film No Other Land, agressé par des colons israéliens avant d’être arrêté par l’armée. Là encore, aucune réaction de l’Académie des Oscars, qui avait pourtant honoré son œuvre. « Une telle passivité nous fait honte », écrivent les signataires, qui s’interrogent sur le rôle du monde artistique face à la montée des violences coloniales. Parmi les personnalités signataires de la tribune, on retrouve des figures majeures : le cinéaste espagnol Pedro Almodóvar, l’acteur américain Richard Gere, l’ancien footballeur devenu acteur Éric Cantona, ou encore le Suédois Ruben Östlund, lauréat de la Palme d’or. Tous affirment d’une seule voix qu’il est impensable de continuer à détourner le regard.

Une prise de conscience tardive, mais importante
« Nous ne pouvons rester silencieux tandis qu’un génocide est en cours à Ghaza », martèle la tribune, tout en appelant à une introspection collective : « À quoi servent nos métiers, si ce n’est à tirer des leçons de l’Histoire, des films engagés, si nous ne sommes pas présents pour protéger les voix opprimées ? ». Cette prise de position, bien que tardive selon certains militants de la cause palestinienne, reste néanmoins un signal fort, porteur d’un espoir fragile : celui que la culture reprenne enfin son rôle de résistance. Car, comme le rappelle l’adage, « mieux vaut tard que jamais ». En brisant le mur du silence, ces artistes rappellent que l’art n’est pas seulement fait pour distraire, mais aussi pour éveiller les consciences. La tribune ne se limite pas à la situation à Ghaza. Elle dénonce aussi un climat global d’attaques contre le monde de la culture : montée de l’extrême droite, fascisme rampant, résurgence du colonialisme, attaques sexistes, racistes, islamophobes et antisémites. Une offensive généralisée contre la liberté d’expression et les valeurs progressistes. À l’approche du Festival de Cannes, les signataires envoient un message sans ambiguïté aux institutions culturelles : il ne peut y avoir de neutralité en période de barbarie. Le cinéma, en tant qu’art engagé, doit retrouver son souffle humaniste et solidaire. Cet appel, lancé depuis les pages de Libération, n’est pas une fin en soi. Il constitue une invitation à l’action, à la solidarité et à la mémoire. Il rappelle que les voix du Sud global, souvent marginalisées, méritent d’être entendues et protégées. Que les histoires racontées sur les écrans doivent aussi témoigner des luttes contemporaines contre l’oppression. À l’heure où Ghaza continue de s’effondrer sous les bombes, cette tribune sonne comme un réveil douloureux mais nécessaire. Pour que l’art ne soit pas complice. Pour que la mémoire de Fatma Hassouna ne soit pas vaine. Pour que le silence ne soit plus une option. Car mieux vaut tard que jamais.
M. Seghilani

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