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DECLARATION DU MOUDAF * : À la mémoire des martyrs de Sétif, Guelma et Kherrata – du 8 mai au 22 juin 1945

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Le 8 mai 1945, alors que l’Europe célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale, une autre guerre se déclenche en Algérie, contre un peuple sans armes mais rempli d’espérance. Ce jour-là, à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes de l’Est algérien, des milliers d’Algériens sortent pacifiquement pour réclamer leurs droits les plus élémentaires : la liberté, la dignité, et la reconnaissance de leur existence en tant que peuple.

Ce qui s’ensuit est l’un des crimes les plus atroces du colonialisme français. Pendant plus d’un mois, jusqu’au 22 juin 1945, un massacre méthodique, froid, organisé par l’armée française, la gendarmerie, les milices coloniales et des colons armés, s’abat sur des civils innocents. Des villages entiers sont incendiés. Des femmes violées, des enfants fusillés, des corps jetés dans des fosses communes, dans les oueds, dans les ravins. Le sang coule pour avoir levé un drapeau, pour avoir crié “liberté”, pour avoir voulu vivre.

Ce n’est pas une bavure. Ce n’est pas un débordement. C’est une politique. Une politique de terreur, une politique de répression coloniale, une politique d’humiliation systématique. Ce fut un génocide par sa logique et son ampleur : plus de 45 000 morts selon les sources algériennes, peut-être davantage. Et pendant des décennies, ce crime fut étouffé, effacé des livres, effacé des mémoires officielles françaises, réduit à une “répression” de troubles.

Aujourd’hui, alors que nous commémorons le 80e anniversaire de ce massacre, le MOUDAF salue la décision du président Abdelmadjid Tebboune d’avoir institué le 8 mai comme Journée nationale de la Mémoire. Cet acte, hautement symbolique et profondément politique, inscrit dans la conscience nationale une date fondatrice de notre Histoire. Il rappelle que sans mémoire, il ne peut y avoir de souveraineté véritable.

Nous appelons la jeunesse algérienne à se saisir de cet héritage. À ne jamais oublier que leur liberté est née dans le feu, dans les larmes, dans les cris des martyrs de 1945. À faire de cette mémoire un socle de fierté, une force intérieure qui nourrit leur engagement, leur ambition, leur avenir. Une nation sans mémoire est une nation sans direction. Une jeunesse consciente de son passé est une jeunesse invincible.

Nous appelons notre peuple à rester debout, fidèle à la dignité de ceux qui sont tombés pour la liberté. Car entre le 8 mai et le 22 juin 1945, le peuple algérien a payé dans le sang le prix de son espérance. Ce massacre n’a pas tué la volonté de vivre libres — il l’a enflammée. C’est dans ces jours de feu et de deuil qu’a mûri la Révolution du 1er Novembre 1954.

« Gloire aux martyrs »et vive l’Algerie libre ».

(*) Mouvement dynamique des Algériens de France 

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