Alors que les tensions sécuritaires s’intensifient dans la région, l’entité sioniste fait face à une crise économique multidimensionnelle.
Le retrait en cascade de compagnies aériennes internationales à la suite des attaques contre l’aéroport Ben Gourion vient aggraver une situation déjà fragile, avec des conséquences majeures sur le marché du travail, le tourisme et la réputation économique de l’entité.
Des médias sionistes tirent la sonnette d’alarme : l’aviation civile israélienne traverse l’une de ses périodes les plus sombres. Depuis que le Yémen a ciblé l’aéroport Ben Gourion avec un missile balistique hypersonique, plusieurs compagnies aériennes internationales ont suspendu ou annulé leurs vols vers Israël. Parmi elles figurent des poids lourds de l’aviation comme Air India, Lufthansa, British Airways, Delta Airlines et la compagnie low-cost hongroise Wizz Air. Cette vague de désistements affecte directement l’économie israélienne, notamment les secteurs vulnérables comme le tourisme, l’hôtellerie et l’emploi peu qualifié. Alors que la Bourse a brièvement salué la montée des parts de compagnies israéliennes comme El Al, cette hausse cache mal une tendance inquiétante. Le secteur touristique, historiquement fragile, est en chute libre. Selon les données de la Banque d’Israël, les pertes pour cette branche devraient atteindre 13,5 milliards de shekels en 2024, soit une baisse de plus de 25 % par rapport à l’année précédente. Le nombre moyen de touristes mensuels est passé de 278 000 en 2023 à seulement 74 000 en 2024, un effondrement de plus de 73 %. Par rapport à 2019, la baisse dépasse les 78 %. Le taux d’occupation des hôtels touristiques – à l’exclusion de ceux réquisitionnés pour héberger des déplacés – a chuté de 80 %. Ce déclin brutal met en péril un pan entier de l’économie, pourtant marginal dans le PIB (2,5 %), mais vital pour l’emploi : environ 5 % de la main-d’œuvre active israélienne, principalement composée de travailleurs peu qualifiés, y est engagée. Cette déroute du tourisme pèse lourdement sur le marché du travail israélien. Les suppressions de postes se multiplient, touchant en priorité les populations les plus précaires. Les experts redoutent une montée du chômage structurel dans les mois à venir si les tensions sécuritaires persistent. Parallèlement, l’État-major poursuit les appels massifs à la mobilisation des réservistes, en prévision d’une nouvelle escalade militaire, notamment dans la bande de Ghaza. Cette militarisation croissante, combinée à la paralysie du trafic aérien, renforce le sentiment d’isolement du pays. Un fait paradoxal malgré le contexte morose, le secteur israélien du transport aérien a connu une croissance de 12,2 % en 2024, atteignant un chiffre d’affaires de 10,9 milliards de shekels contre 9,7 milliards en 2023. Ce rebond s’explique par le vide laissé par les compagnies étrangères, ce qui a permis aux compagnies locales, notamment El Al, de récupérer une part importante de la demande. Mais cette croissance est artificielle, précaire, et ne compense ni la baisse globale du trafic ni l’instabilité économique croissante. Les conséquences du retrait des compagnies étrangères se ressentent aussi dans le secteur privé. Les déplacements des hommes d’affaires sont fortement entravés, freinant les échanges commerciaux, en particulier dans les services. À cela s’ajoute une baisse marquée du « sentiment de sécurité » et une dégradation de l’image de marque de l’État israélien sur la scène internationale. Cette détérioration de la réputation pourrait décourager aussi bien les investisseurs que les touristes potentiels, créant une spirale négative difficile à enrayer. Même si les compagnies locales enregistrent une hausse momentanée de leurs bénéfices (+1,2 milliard de shekels), le climat général demeure alarmant. À mesure que les tensions régionales se durcissent, l’État israélien s’enfonce dans une crise économique polymorphe. L’aviation, le tourisme, l’emploi et la confiance des marchés s’en trouvent ébranlés. Le gouvernement, confronté à un isolement grandissant et à des pertes croissantes, peine à rassurer une population de plus en plus inquiète, tandis que l’image d’une puissance résiliente vacille sérieusement.
M. Seghilani