L’Espagne a mis au jour un réseau criminel tentaculaire dirigé par des ressortissants marocains. Outre le trafic de drogue, les enquêteurs ont découvert, début mai, des ateliers clandestins de fabrication d’armes et de production de faux documents. Une affaire révélatrice des liens étroits entre émigration illégale, trafic d’armes et criminalité transnationale.
La Garde civile espagnole a mené une opération coup de poing début mai contre un réseau criminel établi sur son territoire, avec des ramifications à l’international. Le groupe, dirigé par des ressortissants marocains, opérait dans plusieurs domaines illicites : trafic de drogue, fabrication d’armes à feu, et falsification de documents officiels dont des passeports espagnols . L’opération a été lancée à la suite de la découverte d’un colis suspect destiné à la Turquie, contenant des passeports espagnols falsifiés. Cet élément a déclenché une vaste enquête qui a mis au jour l’étendue et la dangerosité des activités du réseau. Les investigations ont révélé que le réseau disposait de moyens techniques particulièrement avancés. Des imprimantes thermiques de haute performance permettaient la production en série de cartes d’identité, permis de séjour, certificats de contrôle technique, et permis de conduire falsifiés. Ce matériel était utilisé dans des ateliers clandestins soigneusement dissimulés, témoignant du professionnalisme de l’organisation. Cette production servait principalement à faciliter l’émigration clandestine à destination de plusieurs pays, notamment en Europe et au Moyen-Orient.
Armes et munitions saisies au sud du pays
Mais l’aspect le plus inquiétant de l’enquête concerne la fabrication et le trafic d’armes. Une opération parallèle, menée dans la région de Jaén (sud de l’Espagne), a conduit à l’arrestation de trois individus et à la saisie d’un important arsenal. Les autorités ont découvert des pièces d’armes, des silencieux, des gilets pare-balles ainsi que des munitions de différents calibres. Ces armes, selon les enquêteurs, étaient destinées à alimenter d’autres réseaux criminels impliqués dans l’émigration clandestine et le trafic de stupéfiants. Cette découverte confirme l’existence de connexions complexes entre les différentes activités illicites orchestrées par le réseau.
Des ramifications à Melilia frontalière au Maroc inquiètent Madrid
L’intervention de la Garde civile s’inscrit dans une dynamique de renforcement des efforts sécuritaires face à la montée de la criminalité organisée des réseaux maffieux marocains. Cette opération survient quelques semaines seulement après une autre intervention d’envergure à Melilia, où une organisation criminelle armée, également dirigée par des Marocains, rapportent les médias espagnoles et européens, avait été neutralisée. Les autorités espagnoles redoutent aujourd’hui une structuration davantage plus large de ces réseaux, s’appuyant sur une expertise technique et logistique de plus en plus inquiétante. La question reste ouverte : combien d’autres réseaux aux ramifications transnationales restent encore tapis dans l’ombre des routes migratoires ?
Mohamed Amine Toumiat
