Le Yémen a revendiqué, dimanche et lundi, des attaques contre le porte-avions américain USS Harry S. Truman en mer Rouge et a annoncé son intention de cibler également les navires de commerce américains.
Cette escalade survient en réponse aux frappes menées par les États-Unis sur le territoire yéménite, ayant causé la mort de 53 personnes, selon le ministère de la Santé yéménite. Le dirigeant yéménite Abdel-Malik Al-Houthi a appelé, lors d’une allocution télévisée, à d’imposantes manifestations lundi à Sanâa et dans plusieurs villes du pays pour protester contre ces frappes, les premières sous la présidence de Donald Trump. Face à cette escalade, l’ONU a appelé les États-Unis et le Yémen à cesser leurs attaques afin d’éviter une aggravation des tensions régionales. Dans un communiqué publié sur Telegram, le Yémen a affirmé avoir attaqué pour la deuxième fois en 24 heures le porte-avions américain USS Harry S. Truman au nord de la mer Rouge, utilisant des missiles balistiques, de croisière et des drones, au cours d’un affrontement qui a duré plusieurs heures. Parallèlement, la chaîne Al-Massirah a rapporté que des frappes américaines avaient touché la province côtière de Hodeïda, sous contrôle yéménite, ainsi que la capitale Sanâa et d’autres régions du pays. Deux raids ont notamment ciblé une usine de coton dans le district de Zabid, une zone qui avait déjà été visée par des frappes israéliennes l’année dernière. Ces attaques interviennent alors que le Yémen avait annoncé, il y a quelques jours, son intention de reprendre les frappes contre les navires israéliens en mer Rouge et dans la mer d’Arabie, tant que les points de passage vers Ghaza resteront fermés et que l’aide humanitaire ne sera pas acheminée. Depuis le début de la guerre contre Ghaza en octobre 2023, le Yémen, membre de l’axe de la résistance soutenu par l’Iran, a mené des centaines d’attaques contre des navires qu’il considère comme liés à Israël en mer Rouge et dans le golfe d’Aden. Ces opérations avaient temporairement cessé après l’entrée en vigueur d’une trêve le 19 janvier. Le conseiller à la sécurité nationale américaine, Michael Waltz, a déclaré que les frappes américaines menées la veille avaient tué « de nombreux chefs militaires » yéménites. Il a averti l’Iran de cesser de soutenir le Yémen et ses attaques contre les navires en mer Rouge. « Les États-Unis ne se contenteront pas de tenir le Yémen pour responsable, mais aussi l’Iran, qui le soutient », a-t-il prévenu sur la chaîne ABC. « Si cela signifie cibler les navires envoyés par l’Iran pour entraîner les combattants yéménites, alors ces cibles seront également prises en compte». Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a affirmé que Washington mènera une campagne militaire « implacable» jusqu’à l’arrêt des attaques contre les navires. « Cette campagne vise à garantir la liberté de navigation et à restaurer la dissuasion », a-t-il déclaré à Fox Business. « Les États-Unis ne cherchent pas à s’impliquer dans une guerre prolongée au Moyen-Orient, notre intérêt est de stopper les attaques contre les navires dans cette voie maritime vitale». De son côté, Donald Trump a annoncé les frappes via son réseau Truth Social, adressant un message direct au Yémen : « Votre temps est révolu. Vos attaques doivent cesser dès aujourd’hui. Si vous continuez, l’enfer s’abattra sur vous comme jamais auparavant ! » Il a également appelé l’Iran à cesser immédiatement son soutien au Yémen, avertissant que toute menace contre les États-Unis ou la navigation maritime mondiale serait lourdement sanctionnée. L’Iran a réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui a déclaré que les États-Unis « n’ont aucun droit d’imposer leur politique » à Téhéran. Le commandant des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, a averti que l’Iran répondrait fermement à toute attaque. Par ailleurs, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a informé son homologue russe, Sergueï Lavrov, de la décision de Washington de frapper le Yémen. Moscou a exhorté les États-Unis à renoncer à l’usage de la force et à favoriser le dialogue politique. Depuis 2023, selon le Pentagone, le Yémen a attaqué 174 fois des navires militaires américains et 145 fois des navires commerciaux. La guerre civile yéménite, qui a commencé en 2014, a causé des centaines de milliers de morts et provoqué l’une des pires crises humanitaires mondiales. Les combats se sont largement apaisés depuis une trêve en 2022.
M. Seghilani