L’ambassade de France à Alger qui s’étend sur 14 hectares et louée au prix symbolique est un exemple des privilèges dont profite la France en Algérie depuis 1962. Mais, l’heure des comptes a sonné !
L’Agence nationale de presse a signé hier une tribune-brûlot contre les allégations de membres du gouvernement français qui alimentent le narratif anti-algérien de l’extrême droite. Notamment, les responsables et politiques qui accusent l’Algérie de profiter de prétendues aides et avantages en France. Des allégations en porte-à-faux avec la réalité.
A vrai dire, ce sont les Français qui profitent de la « générosité » des Algériens pour accéder à des privilèges qui sont, jusqu’à une date récente, passés sous silence depuis 1962. L’article de l’APS vise de but en blanc : « L’extrême droite française, toujours en quête de boucs émissaires, a trouvé un nouveau cheval de bataille : accuser l’Algérie de profiter de prétendues aides françaises et de ne pas respecter les accords signés entre les deux pays. Bruno Retailleau, figure emblématique de cette frange politique, n’a pas hésité à relayer cette rhétorique aussi fausse qu’invraisemblable, omettant d’évoquer un fait essentiel : si un pays tire un véritable profit des relations bilatérales, c’est bien la France. »
Preuve à l’appui, le canal officiel nous révèle que l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, a été convoqué, la semaine dernière, par le ministère des Affaires étrangères. A quel sujet ? Alger a ainsi décidé de crever l’abcès sur un dossier fâcheux que Paris fait mine d’ignorer. Sur la table, « un dossier trop longtemps ignoré par Paris : celui des biens immobiliers mis à la disposition de la France par l’Algérie. Un dossier qui révèle un traitement pour le moins asymétrique entre les deux pays ». Il s’agit en fait d’un domaine comprenant « 61 biens immobiliers occupés sur le sol algérien, moyennant des loyers ridiculement bas. » Parmi ces biens, le siège de l’ambassade de France à Alger qui s’étend sur une vaste superficie de 14 hectares, soit 140.000 mètres carrés, sur les hauteurs d’Alger. Ces biens sont occupés contre un loyer « si insignifiant qu’il ne couvrirait même pas le prix d’une modeste chambre de bonne à Paris », commente l’APS.
Plus précisément, il y a la résidence « les Oliviers » qui accueille l’ambassadeur de France qui s’étale sur 4 hectares, correspondant à 40.000 mètres carrés. Cette résidence est, également, « louée au franc symbolique », et ce « sur la base d’un prix de bail inchangé depuis 1962 jusqu’en août 2023. »
L’heure des comptes a sonné !
Mais la France n’a pas rendu la pareille à l’Algérie ! Autrement dit, « une largesse que la France n’a jamais daigné accorder à l’Algérie sur son propre territoire ! Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. De nombreux accords bilatéraux permettent à la France de bénéficier d’avantages considérables en Algérie », souligne cette source officielle qui donne l’exemple « le plus criant » qui est l’accord sur l’immigration signé en 1968. Un texte qui régit notamment le statut de nos compatriotes en France et qui leur accorde un régime migratoire dérogatoire par rapport aux autres nationalités. « Paris ne cesse de dénoncer cet accord, mais oublie de mentionner les bénéfices qu’il en tire, notamment la main-d’œuvre algérienne qui a largement contribué à la reconstruction et à l’essor économique de la France », ajoute l’article de l’APS. « De son côté, l’Algérie ne bénéficie d’aucun privilège comparable en France », dénonce-t-on, rappelant l’autre exemple « frappant » qui est l’accord de 1994, qui régule divers aspects de la coopération entre les deux pays, notamment en matière de commerce et d’investissements. »
Dans les faits, souligne la même source, « ces accords ont surtout permis aux entreprises françaises d’obtenir des conditions très favorables pour opérer en Algérie, tout en limitant les opportunités inverses pour les entreprises algériennes en France. Encore une fois, l’avantage est unilatéral et profite avant tout à l’économie française. Mais si Paris souhaite ouvrir le débat sur la réciprocité et le respect des engagements signés, alors parlons-en ! Nous verrons bien qui, de l’Algérie ou de la France, a le plus profité de ces traités et lequel des deux pays ne respecte pas les accords passés. L’heure n’est plus à l’hypocrisie. Il est temps que la vérité soit mise en lumière et que cessent les discours fallacieux destinés à manipuler l’opinion publique. L’Algérie n’a jamais été le profiteur de cette relation, c’est bien la France qui, depuis des décennies, a su tirer parti de chaque accord à son avantage. Et si elle veut aujourd’hui réclamer des comptes, elle devra d’abord rendre des comptes elle-même. »
Farid Guellil