Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) et l’ONG Médecins sans frontières (MSF) ont alerté l’ONU sur un « désastre humanitaire » auquel fait face la population du Soudan, en proie à un conflit armé depuis près de deux ans, dénonçant l' »inaction » de la communauté internationale face à la situation dans ce pays.
La directrice générale de l’Unicef, Catherine Russell, a déclaré, lors d’une réunion jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation au Soudan: « L’ampleur des violences donne lieu à un désastre humanitaire dont les enfants sont les premières victimes ». »Plus de la moitié des 30 millions de Soudanais ayant actuellement besoin d’une aide humanitaire sont des enfants et plus d’un million de ceux qui vivent dans les zones touchées par la famine ont moins de cinq ans », a-t-elle précisé avant de prévenir: « Les enfants subissent des souffrances inimaginables et une violence effroyable. Sans aide vitale, nombre d’entre eux vont mourir ».Et de poursuivre : « A la famine s’ajoute toute une série de maladies pour lesquelles il existe des vaccins, tels que le choléra, la rougeole et la diphtérie, dont la résurgence illustre l’effondrement total du système de santé ». Catherine Russell a ainsi exhorté les Etats membres à « agir avant qu’il ne soit trop tard ». Elle leur a notamment rappelé que « l’Unicef aura besoin d’un milliard de dollars en 2025 pour apporter une aide vitale à 8,7 millions d’enfants soudanais vulnérables ». Pour sa part, le Secrétaire général de MSF, Christopher Lockyear a affirmé que « plus de la moitié de la population, soit 30 millions de Soudanais, sont en situation de détresse humanitaire ». »Des millions de civils contraints de quitter leur foyer. Des milliers d’autres tués dans les combats ou par la famine, qui se répand comme une traînée de poudre (…) », a-t-il poursuivi. Le responsable de MSF en a fait lui-même le constat sur place, il y a six semaines, à l’hôpital al-Nao d’Omdurman, après le bombardement d’un marché local dans cette ville de l’Etat de Khartoum, l’une des plus peuplées du pays. « L’hôpital était le théâtre d’un carnage total », a-t-il décrit aux membres du Conseil de sécurité. Autre région soudanaise fortement touchée par le conflit, le Darfour, dans l’ouest du pays où sévit une famine sévère. Cette dernière, confirmée au mois de décembre 2024, touche notamment trois camps de déplacés de l’Etat du Darfour du Nord, dont celui de Zamzam, l’un des plus importants du pays.
Le haut responsable de MSF a également pointé du doigt l »‘inaction », voire l' »indifférence », de la communauté internationale et demandé, à cet effet, « l’engagement » total des donateurs et une approche « plus proactive » du Secrétariat de l’ONU, via le redéploiement complet des agences humanitaires de l’organisation au Darfour et dans tout le pays.
R. I.