Au moment où les observateurs croient savoir que le président français, Emmanuel Macron, a, dans ses propos tenus au Portugal, envoyé des signaux d’apaisement envers l’Algérie, son ministre de l’Intérieur, lui, fait la sourde oreille, alimente l’escalade et exacerbe les hostilités.
Alors que la crise entre l’Algérie et la France arrivait parfois à un cheveu de basculer vers un point de non-retour, le président français Emmanuel Macron est sorti de nulle part dans une tentative d’apaiser les tensions. Des tensions qui ont atteint le paroxysme mercredi dernier, après que le Premier ministre, François Bayrou, a proféré des menaces et adressé un ultimatum à l’Algérie concernant une possible dénonciation de l’accord sur l’immigration de 1968. A partir du Portugal, vendredi dernier, où il était en visite, Macron a, dans un propos interprété comme un signal d’apaisement, corrigé son Premier ministre en excluant la remise en cause des accords sur l’immigration conclus avec l’Algérie. « On ne va pas les dénoncer de manière unilatérale, ça n’a aucun sens », a-t-il martelé. Ceci dit, l’Algérie est censée comprendre quoi ou s’en tenir à qui ? Bien entendu, on ne peut pas avoir mieux interlocuteur que le président français lui-même. Autrement dit, aucun membre du gouvernement ne peut remettre en cause l’arbitrage de Macron. Mais à force de suivre l’actualité, les responsables français se fourvoient dans les contradictions et les incohérences dans la communication officielle. Ce qui nous amène à l’interrogation suivante : Bayrou aurait-il agit de la sorte à l’instigation de Retailleau et à l’insu de Macron ?
Ainsi, le ministre de l’Intérieur continue, contrairement à son Président, de gesticuler dans tous les sens, de déverser sa haine sur l’Algérie et d’agiter le spectre des expulsions des détenteurs de passeports diplomatiques algériens. Dans une dépêche diffusée hier, l’Agence de presse nationale nous en apprend un peu plus sur ce qui fait courir Retailleau.
La haine de l’Algérie comme marque de fabrique pour ses calculs politiques
« Au-lendemain même où son Premier Ministre proférait des menaces et adressait des ultimatums à l’Algérie, le Président Emmanuel Macron a tenté une désescalade et un apaisement des tensions qui marquent la relation algéro-française. Cette tentative n’a pas survécu à l’acharnement de son Ministre de l’Intérieur qui a fait de la haine de l’Algérie sa marque de fabrique et le ressort de ce qu’il croît être son ascension politique irrésistible. En effet, Retailleau n’a aucun projet politique, tout comme il n’a aucune idée de la France et aucune vision pour elle, sauf celle du reniement et du rabaissement. Ses calculs sont ceux d’un boutiquier dont l’horizon indépassable est celui des sondages dont il scrute avidement les mouvements et les promesses politiques d’avenir auxquelles il est le seul à croire. Ainsi, quand le Président Macron veut apaiser, M. Retailleau alimente l’escalade. Cela était le cas hier lorsque l’épouse d’un Ambassadeur d’Algérie en fonction a fait l’objet d’un empêchement d’accès au territoire français, alors même qu’elle satisfaisait à toutes les conditions d’assurance, d’hébergement et de ressources financières. Bien entendu, cette provocation ne restera pas sans réponse de la part de l’Algérie. Dans le même temps, celle-ci renseigne surtout sur les extrémités de la hargne, de la haine et du rejet que son auteur peut encore atteindre. Le plan de carrière de M. Retailleau semble bien valoir toutes ces indignités. Grand bien lui fasse. L’Algérie, quant à elle, saura relever ce qu’il croît être des défis qu’il lui lance, alors qu’ils ne sont que des marques d’une déchéance qu’il inflige, consciemment ou inconsciemment, à la France elle-même. »
Farid Guellil/APS
