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RESPECTER L’ACCORD OU PROLONGER LA CRISE DES PRISONNIERS PALESTINIENS ? : Le sombre dilemme de Netanyahu

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La pression monte sur le gouvernement d’occupation dirigé par Benyamin Netanyahu, alors que l’échéance approche pour l’exécution de l’accord concernant la libération de 602 prisonniers palestiniens.
Cette libération, prévue avant jeudi prochain, précède la huitième et dernière phase de l’échange, qui inclut la remise par la résistance palestinienne des dépouilles de quatre soldats israéliens. Toutefois, malgré cette avancée attendue, le gouvernement de l’occupant sioniste s’apprête à violer à deux reprises les termes de l’accord-cadre. L’ingérence américaine dans cette crise fabriquée complique encore la situation. Alors que la Maison-Blanche a publiquement soutenu la suspension de la libération des prisonniers par le gouvernement d’occupation, qualifiant cette décision de « justifiée » en réponse aux prétendues « violations de Hamas », un nouvel acteur entre en scène. L’émissaire du président américain, Steve Witkoff, est attendu dans la région mercredi pour suivre l’évolution de cette crise et examiner la possibilité d’un prolongement de la première phase de l’accord. Une option qui coïncide avec le refus israélien d’engager des négociations pour la seconde phase, laquelle implique des obligations politiques essentielles, notamment un cessez-le-feu et le retrait de Ghaza. Face à l’absence d’arguments convaincants justifiant la suspension de l’accord, Netanyahu subit une pression croissante de la part des médiateurs et d’une partie de la société israélienne, qui souhaite maintenir le processus d’échange. Il n’est donc pas exclu qu’il se conforme à la recommandation des services de sécurité et accélère la libération des prisonniers palestiniens, peut-être même avant l’arrivée de Witkoff ou avant l’échéance de jeudi. Cette décision permettrait d’éviter des répercussions sur les otages israéliens encore détenus à Ghaza et sur l’ensemble de l’accord. Par ailleurs, Netanyahu a déjà exploité cette crise pour des gains populistes auprès de son électorat, notamment en manipulant l’opinion publique avec des images perçues comme humiliantes, telles que la force affichée par la résistance palestinienne ou encore l’épisode de la dépouille erronée attribuée à l’otage Shiri Bibas. Mais cette éventuelle libération ne signifie pas pour autant que le gouvernement d’occupation respectera intégralement l’accord. Depuis le 16e jour de la trêve, Netanyahu refuse d’entamer la deuxième phase des pourparlers, violant ainsi explicitement l’accord pour des raisons politiques internes. Ce refus repose sur deux considérations majeures.

Dans l’inquiétude totale
D’une part, en tant que chef d’un gouvernement ultranationaliste, Netanyahou craint que la deuxième phase, qui impose l’arrêt de la guerre et le retrait de Ghaza, ne soit perçue comme une reconnaissance formelle de l’échec militaire. Un aveu qui compromettrait son avenir politique et historique. D’autre part, la fin des hostilités signifierait la fin du soutien des partis extrémistes comme celui de Ben Gvir et la coalition de Bezalel Smotrich, menaçant ainsi la survie de son gouvernement. Pour Netanyahu, il est plus sûr de maintenir la guerre plutôt que de risquer un effondrement politique. Dans cette optique, il multiplie les exigences irréalistes, réclamant notamment le désarmement complet de la résistance palestinienne sous peine de reprendre les combats. Il s’appuie également sur le soutien inconditionnel de Washington, qui lui laisse les mains libres pour poursuivre son agenda militaire et politique. Dans ce climat tendu, Netanyahu cherche à prolonger la première phase de l’accord ou à imposer une solution intermédiaire qui lui offrirait du temps et éviterait les obligations de la deuxième phase. Parmi les options évoquées figure une proposition récente : libérer tous les otages en échange d’un nombre prédéfini de prisonniers palestiniens, sans engagement sur l’arrêt des hostilités, mais avec des garanties internationales. Cependant, la résistance palestinienne reste vigilante face aux tactiques de Netanyahu et ne compte pas accepter un compromis qui n’inclut pas la fin de l’agression contre Ghaza. Certains analystes israéliens redoutent que Netanyahu exploite un éventuel refus de la résistance à ce « deal » déséquilibré pour justifier une nouvelle offensive contre Ghaza. Un scénario qui correspondrait aux plans militaires évoqués récemment par les généraux israéliens et relayés dans la presse. Dans un contexte où Netanyahu cherche à ouvrir de nouveaux fronts, notamment en Syrie, les analystes s’interrogent sur la durabilité de cette stratégie d’évitement. Selon Amos Harel, analyste militaire du journal Haaretz, Netanyahu est déterminé à enflammer un maximum de fronts pour prolonger son règne, quitte à orchestrer des crises artificielles comme celle des prisonniers palestiniens. Il estime que cette crise découle directement des manœuvres de Netanyahu, qui tente de transformer chaque incident en une justification pour repousser les négociations. De son côté, Nahum Barnea, éditorialiste du journal Yediot Aharonot, souligne que si Netanyahu voit dans la résistance palestinienne une menace similaire à Daech, il commet une grave erreur en cherchant à imposer un statu quo militaire plutôt que de négocier sérieusement pour récupérer les otages restants. Tant que Netanyahu continuera à fuir la deuxième phase des pourparlers, la situation restera bloquée, menaçant à la fois la stabilité de son gouvernement et l’ensemble du processus de négociation.
M. Seghilani

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