Après le Qatar en 2022, l’Arabie saoudite s’apprête à organiser en 2034 une Coupe du monde qui se tiendra probablement en hiver. La FIFA fait face à un nouveau défi logistique pour intégrer cet événement dans un calendrier sportif déjà surchargé.
Le 11 décembre, la FIFA officialisera l’attribution de la Coupe du monde 2034 à l’Arabie saoudite. Ce sera une première pour le royaume, mais cet honneur s’accompagne de nombreux défis, à commencer par la question du calendrier. Comme pour l’édition qatarie en 2022, la chaleur étouffante de l’été saoudien exclut toute possibilité d’organiser le tournoi entre mai et septembre. Selon le rapport d’évaluation publié récemment par la FIFA, les températures estivales dans les principales villes proposées pour accueillir les matchs avoisinent les 35°C, rendant cette période impraticable, même avec des stades climatisés. La seule solution réaliste ? Programmer le tournoi entre décembre et février, lorsque le climat est plus clément, avec des températures comprises entre 15°C et 26°C.
La période privilégiée par les experts semble être le mois de janvier 2034. Le mois de décembre, bien qu’envisagé, présente des défis logistiques liés aux fêtes de fin d’année et à la célébration du Nouvel An. Novembre, période du Mondial 2022 au Qatar, pourrait également être écarté en raison du Ramadan, prévu cette année-là. « En raison de la chaleur intense, comme au Qatar, il faut éviter toute compétition entre mai et septembre », explique un proche du dossier. Un calendrier en janvier pourrait donc s’imposer comme la solution optimale, à condition de coordonner l’ensemble des parties prenantes, notamment les fédérations nationales et les ligues européennes.
Une saison sportive déjà encombrée
Le choix d’un Mondial d’hiver pose néanmoins des défis d’organisation majeurs. Tout comme en 2022, il faudra modifier les calendriers des principales compétitions de clubs. Pour rappel, la Coupe du monde au Qatar avait contraint à une pause inédite des championnats européens, un précédent qui pourrait se répéter en 2034. De plus, le Royaume accueillera cette même année les Jeux asiatiques, l’un des événements sportifs les plus importants du continent. Les autorités saoudiennes ont assuré leur collaboration avec la FIFA pour éviter tout chevauchement. Mais au-delà des considérations sportives, les experts de la FIFA insistent également sur l’importance de respecter les impératifs religieux, comme le Hadj, le pèlerinage annuel à La Mecque, qui mobilise chaque année des millions de fidèles.
Un défi culturel et logistique
Outre les contraintes climatiques et calendaires, l’organisation de la Coupe du monde en Arabie saoudite devra s’adapter à des traditions locales spécifiques. Les « Saudi Seasons », série d’événements culturels et sportifs qui se tiennent tout au long de l’année, attirent déjà des millions de spectateurs. Il faudra donc éviter toute concurrence directe avec ces festivités. Par ailleurs, le rapport de la FIFA souligne que le Royaume est prêt à collaborer étroitement pour concevoir un calendrier harmonieux. Toutefois, cette flexibilité ne résout pas la question de la surcharge pour les joueurs. Le syndicat international des footballeurs professionnels, la FIFPro, pourrait ainsi émettre des réserves, notamment sur les impacts d’un tel aménagement sur la santé des athlètes.
Malgré ces défis, l’Arabie saoudite voit dans ce Mondial une opportunité de consolider son influence sur la scène sportive internationale. En accueillant un événement d’une telle envergure, le Royaume poursuit sa stratégie de « soft power », déjà illustrée par l’organisation de compétitions comme la Supercoupe d’Espagne ou des tournois de golf prestigieux. Avec des investissements massifs dans le sport et des infrastructures modernes en développement, l’Arabie saoudite veut démontrer sa capacité à organiser des événements mondiaux tout en respectant les exigences culturelles et climatiques uniques de la région.
La FIFA face à ses choix
En attribuant la Coupe du monde 2034 à l’Arabie saoudite, la FIFA confirme sa volonté d’explorer de nouveaux territoires et marchés. Mais cette décision pourrait à nouveau susciter des débats sur les impacts du calendrier et les conditions de jeu. La question clé reste : comment concilier les impératifs sportifs, climatiques et culturels d’un tel événement ? La réponse pourrait bien redéfinir une fois de plus le visage du football mondial.
Mohamed Amine Toumiat