Au moment où le Makhzen se fourvoie dans son délire en faisant croire désespérément qu’il détient une souveraineté sur le Sahara occidental occupé, le mouvement du Rif revient sur le devant de la scène et réclame la restauration de sa République confisquée par le Maroc.
Lors d’une conférence de presse tenue hier à Alger sur « La République du Rif et la restauration de l’indépendance », la représentation du Parti national rifain en Algérie a appelé de son vœu à la renaissance de la République fondée par le leader Abdelkrim al-Khattabi (1921 – 1926) avant qu’elle ne soit confisquée par les puissances coloniales espagnole et française sous le règne de Moulay Youssef alors sultan du Maroc. Cette conférence s’est déroulée en présence de beaucoup de personnalités politiques nationales et étrangères. Ont ainsi participé, des leaders de partis politiques algériens, des représentants d’organisations des droits de l’Homme et de la société civile, ainsi que des figures politiques et diplomatiques venues du Sahara occidental, de l’Afrique du sud et du Mozambique. Tous ce beau monde acquis à la cause du Rif qui, par sa présence, se veut un garde de soutien au mouvement rifain qui se bat pour la restauration de sa République et pour sa libération du joug colonial marocain. Intervenant à cette occasion, le militant et leader du PNR, Yuba El-Ghaddioui, résidant en Allemagne où il trouve refuge après avoir fui la répression du Makhzen, a d’emblée remercié l’Algérie pour avoir ouvert ses portes aux militants rifains et abrité depuis mars 2024 une représentation du parti rifain. Il a tenu à rendre hommage à la Mecque des Révolutionnaires qui avait, par le passé, abrité une représentation du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), de l’Africain National Congress (ANC) de Nelson Mandela, de l’IRA, des Black Panthers, des factions palestiniennes, du Front Polisario et de bien d’autres mouvements de libération. Fidèle à sa tradition, l’Algérie aujourd’hui ouvre grand ses portes à un mouvement rifain interdit au Maroc depuis une dizaine d’années. « Nous luttons pour la restauration de la République du Rif, car la République fondée par Abdelkrim al-Khattabi n’a jamais fait partie du Maroc et elle n’a jamais reconnu la souveraineté du Maroc », a affirmé El-Ghaddioui, précisant que le Rif a été le premier Etat indépendant fondé en Afrique du Nord. Hélas, a-t-il déploré, le régime marocain de l’époque a brisé le rêve du peuple rifain en lui confisquant son indépendance par la force des puissances coloniales, espagnole et française.
« Le Maroc nous a trahis »
Le militant rifain a rappelé ainsi la trahison du sultan marocain, Youssef al-Alaoui, qui a pris le parti de l’Espagne et de la France. Ces deux puissances coloniales ont alors mobilisé 400.000 mercenaires qui ont réprimé dans le sang la révolte des Rifains menée par al-Khattabi. Un fait historique et une preuve de plus pour dire que « nous ne sommes pas Marocains », martèle El-Ghaddioui. En réponse à la propagande du Makhzen selon laquelle, les militants rifains seraient des sécessionnistes manipulés, le leadeur du PNR a assuré que les enfants de son peuple « ne cherchent pas à diviser le Maroc, puisqu’ils n’ont jamais été Marocains ». Autrement dit, «le Rif n’a jamais fait partie du Maroc, cette entité occupante au service des puissances coloniales », a-t-il dénoncé. En conséquence de quoi, précise El-Ghaddioui, « le peuple du Rif cherche à restaurer son indépendance qui était une réalité. Le Rif ne reconnait pas la souveraineté du Maroc ».
« Le Rif, l’autre colonie en Afrique »
Tout comme le Sahara occidental qui lutte pour son autodétermination, le peuple rifain part pour rétablir la vérité historique de l’existence de sa République avant même que le Maroc actuel ne soit libéré du Protectorat français. À ce propos, El-Ghaddioui a rendu hommage au Front Polisario dans sa lutte pour l’indépendance en qualifiant les Sahraouis de « frères qui étaient toujours solidaires avec nous contre le génocide marocain. » D’ailleurs, et en ce sens, ce cadre du PNR a plaidé pour l’adoption du vocable selon lequel le Rif, aux côtés du Sahara occidental, sont les deux dernières colonies en Afrique.
Farid Guellil