Le parti social-démocrate d’Olaf Scholz a tendu la main à l’opposition conservatrice allemande pour réformer le « frein à l’endettement », esquissant un possible rapprochement sur ce sujet controversé en vue des élections législatives anticipées.
Des responsables sociaux-démocrates (SPD) se sont saisis de la déclaration du chef des conservateurs (CDU) – et prétendant à la chancellerie – Friedrich Merz, en faveur d’une modification de cette règle d’or allemande. Inscrite dans la constitution depuis 2009, indissociable des années Merkel et de la CDU, le frein à l’endettement interdit au gouvernement d’emprunter plus de 0,35% du PIB chaque année. Or Friedrich Merz a jugé cette semaine que « naturellement » une réforme de cette règle est possible. « La question est de savoir dans quel but », a-t-il ajouté. L’objectif d’un assouplissement devrait être de « soutenir l’investissement et le progrès », pas de « dépenser encore plus d’argent pour la consommation et la politique sociale ».
Prenant son adversaire au mot, le co-président du SPD Lars Klingbeil lui a proposé vendredi de s’entendre sur une réforme avant les élections législatives anticipées prévues le 23 février 2025. »On peut le faire maintenant si on dit que nous voulons garder ce pays fort », a déclaré M. Klingbeil au quotidien Handelsblatt. « Nous ne devons pas attendre qu’il y ait un nouveau gouvernement en avril, en mai, en juin », a ajouté le chef du SPD. Dans une interview vendredi au quotidien Suddeutsche Zeitung, Olaf Scholz a lui aussi plaidé pour « une réforme modérée » de la limite d’endettement afin de relancer l’économie allemande en crise. Le chancelier va dans le sens du récent rapport annuel des « Sages économiques » allemands, pour qui assouplir le frein à l’endettement stimulerait les dépenses publiques « tournées vers l’avenir ».
Il faut pour cela réunir une majorité des deux-tiers des députés au Bundestag et le SPD a absolument besoin pour cela du soutien des conservateurs.
Le dogme du « frein à l’endettement » était au coeur de presque toutes les disputes de l’ancienne coalition entre la gauche et le parti libéral. Cette alliance a finalement volé en éclat la semaine dernière, quand le chancelier Scholz a limogé son ministre des Finances Christian Lindner, ardent défenseur de cette mesure. Avec 33% des intentions de votes, les conservateurs sont bien placés pour conquérir la chancellerie aux prochaines élections mais ils seraient dans l’obligation de trouver un ou plusieurs partenaires pour gouverner. Le scénario d’une « grande coalition » avec le SPD est l’un des plus probables.
R. I.