Dans une tribune collective publiée, jeudi, sur Mediapart, les chercheurs dénoncent la position du « président de la République française (qui) officialise donc désormais sa position… de soutien au colonialisme ».
Selon ces chercheurs, l’alignement officiel de Paris sur les positions marocaines « se fait au mépris des droits légitimes du peuple du Sahara occidental ». Il intervient de surcroît alors que « le président est défait par les urnes (élections européennes et législatives) » et que le gouvernement démissionnaire est « censé gérer seulement les affaires courantes et au moment de la dite « trêve olympique ». Pour ces chercheurs, le soutien de Paris au prétendu « plan d’autonomie » marocain pour le Sahara occidental sera « préjudiciable pour un partenariat renouvelé avec l’Afrique », accusant le président Emmanuel Macron de « s’asseoir sur le droit international ». « Il n’est nul besoin d’être un « Mozart de la finance » ou même la « Castafiore » pour comprendre que la prise de position d’Emmanuel Macron sera donc également préjudiciable pour un partenariat renouvelé avec l’Afrique », ont-ils soutenu. « Le Méprisant de la République se mue ainsi en délinquant international et, ce faisant, engage la France dans un pari plus qu’anachronique », ajoutent-ils, se demandant si le président Macron a pensé « un seul instant, que cette décision soit de nature à rassurer les pays africains ». « Ni la Mauritanie, ni l’Afrique du Sud, ni le Nigeria, ni plein d’autres pays africains resteront insensibles au devenir de la dernière colonie d’Afrique et au rôle joué par la France dans la non-décolonisation du Sahara occidental », ont-ils averti. Les chercheurs rappellent qu’en 2018 déjà, ils ont alerté de la lourde responsabilité de la France dans la non-décolonisation du Sahara occidental. Dans cette tribune signée par Yazid Ben Hounet, Said Bouamama, Claude Calame, Michele Leclerc-Olive et Alessandro Stella, ces chercheurs estiment que l’engagement officiel de la France dans « cette aventure coloniale » est un pari plus que risqué pour elle.
Claude Mangin : « La position de la France motivée par des intérêts économiques »
De son côté, la militante française des droits de l’Homme, Claude Mangin, a affirmé jeudi que le soutien de Paris au prétendu plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, était motivé par les intérêts économiques de la France. « On voit bien que la lettre d’Emmanuel Macron (président français) au roi du Maroc ne fait que poursuivre les raisons de l’Etat (…) qui veut que la France cherche d’abord son intérêt et l’intérêt de ses entreprises, du moins de celles que ça ne gêne pas d’investir illégalement dans un territoire non autonome où toute exploitation doit être avec l’accord du peuple sahraoui et de son représentant légitime, le Front Polisario », a réagi Mangin. En septembre 2021, le Tribunal de l’Union européenne (UE) avait statué en faveur du Front Polisario, soulignant que l’accord de pêche entre l’UE et le Maroc a été conclu sans le consentement du peuple du Sahara occidental. Les Conseil et Commission européens avaient introduit un recours en appel en décembre de la même année. Cet accord, d’une validité de 4 ans et arrivé à terme en juillet 2023, fait actuellement l’objet d’une procédure judiciaire devant la Cour de justice de l’UE (CJUE) pour éviter sa reconduction. Le verdict de la plus haute juridiction de l’UE est attendu pour le courant de cette année. Dans ce contexte, Mangin regrette le fait que « tout est balayé pour poursuivre l’exploitation illégale du Sahara occidental sans tenir compte du peuple sahraoui, une réalité qui dure depuis la colonisation espagnole ». La militante des droits de l’Homme qui est également l’épouse du prisonnier politique sahraoui, Naama Asfari, a notamment déploré le fait que la lettre de Macron fait fi de la réalité de la situation désastreuse qui prévaut actuellement au Sahara occidental où le Maroc continue de violer les droits de l’Homme et les différentes résolutions pertinentes des Nations Unies. « Le peuple sahraoui n’est, comme d’habitude, même pas mentionné en tant que tel dans la lettre de Macron, et encore moins les prisonniers politiques et d’opinion que le Maroc maintient en détention arbitraire contre l’avis même du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève », a-t-elle regretté.
Ania N.
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