De quoi affoler encore plus le régime marocain : l’Algérie œuvre d’arrache-pied à renforcer le projet TSGP (Trans-Saharan Gas-Pipeline, long de 4128 km), reliant le Nigeria à la rive nord de la Méditerranée, via l’Algérie et le Niger, à travers le raccordement au réseau gazier algérien.
La confirmation vient du ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, qui l’a affirmé, vendredi à Sorrente (Italie), dans une allocution prononcée lors des travaux de la 3e édition du Forum international « Vers le sud: la stratégie européenne pour une nouvelle saison géopolitique, économique et socioculturelle en Méditerranée ». Ce projet « apportera une grande contribution aux approvisionnements en gaz naturel de l’Europe, et renforcera ainsi la sécurité énergétique de la rive nord de la Méditerranée », et « soutiendra également le développement socioéconomique des pays de transit », a-t-il ajouté. On sait que le TSGP est cité par le Président Abdelmadjid Tebboune parmi les projets vitaux communs avec le continent africain. Il y a un an, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, qui participait aux travaux du Sommet Italie-Afrique à Rome en qualité de représentant du président Tebboune, avait plaidé pour le soutien aux efforts de réalisation de ce gazoduc qui permettra de transporter plus de 25 Mds m3 de gaz naturel par an vers l’Europe. Il avait expliqué que le gazoduc permettra de « renforcer la position de l’Italie en tant que pôle énergétique et plateforme de promotion de la sécurité énergétique européenne, outre le renforcement du développement économique et social dans la région sahelo-saharienne et euro-méditerranéenne. À la même période, la Banque africaine de développement (BAD) avait manifesté l’intention de financer le projet, selon l’information donnée par le ministre des Finances, Laaziz Faid, en marge de sa participation aux 58ème Assemblées annuelles de la BAD, tenues du 22 au 26 mai 2023 à Charm El-Cheïkh, en Égypte. Le ministre des Finances avait, lui aussi, expliqué l’importance du projet « viable économiquement, soutenable et rentable ». Il avait annoncé des études pour « examiner ce méga-projet dans toutes ses dimensions et choisir le mode de financement » adéquat.
Partie prenante du Corridor Sud H2
À Sorrente, Mohamed Arkab a également évoqué la création du Corridor Sud H2, pour transporter l’hydrogène renouvelable produit en Algérie vers l’Allemagne, via la Tunisie, l’Italie et l’Autriche ». Il a indiqué que l’Algérie prendra part au débat stratégique avec ses partenaires européens sur ce « mégaprojet » qui, a-t-il dit, requiert l’établissement de partenariats solides entre les secteurs public et privé, relevant que cette coopération permettra de « mobiliser les grands investissements de partenariat requis pour le développement des infrastructures de production, de stockage et de transport de l’hydrogène ». Mohamed Arkab a mis en avant la détermination de l’Algérie à devenir « le principal fournisseur dans le domaine de l’hydrogène », au regard des énormes capacités et avantages dont elle dispose lui permettant d’occuper une place pionnière dans ce domaine, soulignant l’importance du modèle énergétique national en cours de préparation. Pour rappel, le Plan national italien intégré pour l’énergie et le climat (PNIEC) a mentionné le Transmed comme l’infrastructure qui formera le Corridor sud H2, développé par la SNAM avec des partenaires autrichiens et allemands dans le cadre de la dorsale européenne de l’hydrogène. Au plan régional, Mohamed Arkab a cité l’un des projets phares de l’Algérie, en l’occurrence le développement de l’interconnexion électrique entre le Nord et le Sud de la Méditerranée, auquel une enveloppe de trois milliards de dollars a été allouée. Le projet ouvre de nouvelles perspectives pour l’exportation de l’électricité propre vers l’Europe. L’Algérie est disposée à « faciliter le passage de l’électricité à partir des pays de la rive Nord de la Méditerranée aux pays africains », a fait savoir Mohamed Arkab. Par ailleurs, le ministre a examiné, vendredi à Sorrente (Italie), avec le Directeur exécutif de la compagnie italienne Edison, Nicolas Monti, en présence du P-DG du groupe Sonatrach, Rachid Hachichi, et de cadres du ministère, les perspectives de coopération bilatérale.
M’hamed Rebah