Des experts africains, en médias et communication Intervenant à l’occasion d’un forum organisé, jeudi à Alger, ont mis l’accent sur, l’impératif de mutualiser les efforts entre Etats africains, en vue de mettre sur pied des groupes médiatiques panafricains, à même de porter la voix du continent et mettre en échec , « les promoteurs de la politique néocoloniale, partisans de la désinformations visant déstabilisation de l’Afrique » ont-il souligné.
Le directeur général de la maison de la presse de Dakar, Bara Ndiaye, a appelé, lors de son intervention du dit Forum, initiée par par Radio IfrikyaFM sous le thème « L’agenda informationnel africain : stratégies de repositionnement des médias du continent », à « l’urgence » de mutualiser les synergies entre Etats africains pour bâtir de véritables groupes médiatiques en Afrique, afin de se « réapproprier » la voix africaine, et ainsi la libérer de l’emprise des blocs médiatiques étrangers, notamment occidentaux. Selon M. Ndiaye, la mise en place de médias africains en mesure de porter la voix africaine « va de la souveraineté et de la stabilité du continent ».
« En l’absence de ces médias, l’opinion des Africains est façonnée par des médias étrangers, dont le contenu est soumis à des agendas et au bon vouloir de leurs dirigeants et de ceux qui les financent « , a-t-il indiqué, faisant observer que « l’essentiel des programmes et des émissions diffusés par ces médias ne véhiculent que des informations négatives et en totale contradiction avec les intérêts et l’image de l’Afrique ». Se référant à une étude réalisée par l’Institut français de l’audiovisuel (INA), le DG de la maison de la presse de Dakar a indiqué que « 70% des programmes diffusés par les médias français sur le continent africain, traitent des conflits ou de questions géopolitiques ». « Il est quasiment rare de trouver des programmes qui évoquent les investissements ou les réalisations dans ce continent », a-t-il relevé, affirmant que cette tendance est « périlleuse, en ce sens qu’elle favorise la déstabilisation et la culture néocoloniale ».
Pour M. Ndiaye, l’Algérie est en mesure de relever ce challenge, compte tenu de son leadership dans la région et de son expérience enla matière. « L’Algérie a à apprendre à l’Afrique. C’est un pays qui s’est forgé dans la douleur et la souffrance. Elle est capable de défendre la véritable personnalité africaine », a-t-il dit. Le professeur et chercheur algérien, Ahmed Bansaada, a abondé dans le même sens, affirmant que la création de groupes médiatiques puissants en Afrique contribuera à « immuniser le continent des dangers et des projets des promoteurs de l’instabilité dans l’Afrique ». Il a souligné que les contenus et les informations véhiculés et diffusés par des médias étrangers sont une partie intégrante de la guerre de 4e génération à laquelle recourent des puissances étrangères pour concrétiser leurs agendas. « Les médias sur lesquels est fondé +le soft power+ sont intimement liés aux guerres de 4e génération », a-t-il indiqué, faisant observer que les promoteurs du désordre dans le continent africain recourent, en sus des médias diffusés depuis chez eux , à financer des médias dans des pays africains pour mieux cibler les populations et promouvoir leurs idéologies et desseins.
Citant des exemples de médias africains financés par des Etats et ONG, M. Bensaada a appelé les dirigeants africains à « interdire le financement étranger, à améliorer le contenu des médias africains et à favoriser les partenariats ». Evoquant, pour sa part, sa propre expérience avec des médias étrangers, le correspondant de la Radio Ifrikya FM au Niger, Abdelkrim Amadou, a témoigné que « tous les médias pour lesquels il a travaillé lui exigeaient des thématiques à aborder, dont notamment la famine, les conflits, les maladies et les catastrophes naturelles ».
Appelant, lui aussi, à la mise en place de groupes africains puissants, M. Amadou a souligné que « l’expérience algérienne, à travers les médias AL 24 et Ifrikya FM, est à saluer », notant que « la fibre panafricaine de l’Algérie lui permet de chapeauter et d’être à l’avant-garde de cette expérience de groupes médiatiques africain ».
R. I.