Accueil À LA UNE LE TRACÉ NIGÉRIA-NIGER-ALGÉRIE PLUS FAISABLE ET RENTABLE : Gazoduc « Nigeria-Maroc », un projet...

LE TRACÉ NIGÉRIA-NIGER-ALGÉRIE PLUS FAISABLE ET RENTABLE : Gazoduc « Nigeria-Maroc », un projet mort-né

0

Le Maroc tente de rentrer « par effraction » dans le marché du gaz, lui qui n’en est pas producteur en la matière et qui ne dispose même pas de réserves suffisantes lui permettant au moins de satisfaire sa demande interne.

Dans cette quête, il a proposé au Nigeria d’accueillir, dans un port de sa façade atlantique,  un hub énergétique alimenté par le gaz naturel produit par ce pays et acheminé par gazoduc. Le projet qui avait séduit Abuja au départ, peine à voir le jour pour différentes raisons objectives selon des spécialistes. Dans un entretien accordé à la plateforme Taqqa (énergie) », l’expert de l’Opep en gaz et hydrogène Wail Hamad Abdelmouti que le projet n’est nullement rentable pour le Nigeria qui ne dispose pas de capacités de production pouvant rentabiliser cette future infrastructure. « Pour réaliser ce type d’installation qui mobilise de gros moyens financiers il faut décrocher plusieurs contrats de vente s’étalant sur une période d’au moins vingt ans et avec les délais de réalisation de ce Gazoduc qui pourront atteindre les dix ans, ce serait un investissement à perte. Le Nigeria a plus intérêt à exporter du GPL plutôt que de livrer son gaz via le Maroc. De plus, le pays ne dispose pas de capacités de production en mesure de lui permettre de rentabiliser cette infrastructure », a-t-il indiqué.
Pour sa part le directeur de la rédaction de la plateforme « Taqqa » estime que le Maroc qui fait un forcing pour décrocher le marché et accueillir le Gazoduc, n’est pas en mesure ni de faire face à son coût financier, ni de mobiliser des crédits pour le financement du tronçon qui traverse son territoire. Ce sont pas moins de six défis que le Maroc doit relever pour espérer tirer profit d’un tel projet. Parmi les autres défis que Rabat doit relever le statut des territoires colonisés du Sahara occidental par lesquels passerait le Gazoduc, les garanties environnementales qu’il doit fournir conformément à ses engagements dans le cadre du dernier sommet sur l’environnement tenu aux Emirats, et la disponibilité de marchés pour vendre sa quote-part de gaz, entre autres.
Ces contraintes font que le projet semble déjà mort-né puisqu’il est supplanté par le projet du Gazoduc transsaharien (TSGP) reliant le Nigeria et l’Algérie, en passant par le Niger, pour atteindre l’Europe. Récemment, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar avait affirmé à Oran, que le projet  réalise des « progrès significatifs et notables, ont été réalisés dans le cadre du projet de ce gazoduc dans les régions algérienne et nigériane ». En outre, il avait  rappelé que l’Algérie et le Nigeria sont considérés parmi les plus importants pays producteurs de gaz, ajoutant que l’Europe a besoin de cette énergie, ce qui constituait une « opportunité » pour l’Algérie, le Nigeria et le Niger. Il est à rappeler que le projet du TSGP relie les trois pays sur une longueur de 4.128 km, dont 1.037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2.310 km en Algérie, en raccordant les champs gaziers du Nigeria (à partir de Wari sur le fleuve du Niger, au réseau algérien pour écouler la production gazière nigériane notamment sur les marchés européens. Ce projet bénéficiera des opportunités offertes par l’Algérie en matière d’infrastructures, notamment le réseau de transports, les complexes de gaz naturel liquéfié (GNL) et les infrastructures de pétrochimie ainsi que la position géographique proche des marchés de gaz. En février 2022, l’Algérie, le Niger et le Nigeria avaient affirmé leur engagement à concrétiser ce projet stratégique, lors d’une réunion à Niamey regroupant les ministres chargés du secteur de l’énergie dans les trois pays, à l’issue de laquelle une feuille de route a été mise en place.
Un mémorandum d’entente a été signé à Alger en juillet 2022 portant sur la concrétisation du projet TSGP). C’est pourquoi, le Gazoduc Nigeria-Maroc est, selon plusieurs spécialistes un projet mort-né qui ne verra jamais le jour en raison de son coût élevé et de sa faible rentabilité.
Slimane B.

Article précédentCAN-2023 : Bouaké se met à l’heure du tournoi continental
Article suivantLE MSP PRÔNE L’UNION POUR DÉFENDRE LE PAYS : « L’Algérie n’a pas de leçon à recevoir des États-Unis »