L es États-Unis d’Amérique ont inscrit l’Algérie aux côtés de plusieurs autres pays sur une liste de surveillance spéciale pour de supposées violations de la liberté de culte ou pour tolérance à l’égard des atteintes aux libertés religieuses. Pour faire un état des lieux sur cette question et avoir une lecture plus objective sur la position américaine, nous avons contacté l’expert-chercheur en relations internationales, Ahmed Kateb, pour nous donner son avis. « L’Algérie garantit le droit de culte qui est régi par des lois algériennes qui doivent être respectées de tous», a tenu à rappeler, sans détour, notre interlocuteur, et par conséquent, ajoute-t-il, « toutes violations de ces lois sont condamnables et ne peuvent être tolérées car les questions religieuses sont à la fois importantes et sensibles d’où l’importance de les soumettre à des règles et autres normes pour se conformer aux lois en vigueur dans le pays et vivre dans la bonne entente ». Dans ce cadre, Ahmed Kateb a cité à titre d’exemple la secte hindoue d’Al-Ahmadia qui s’adonne à certaines pratiques contraires à la loi algérienne et du fait elle n’est pas tolérée en Algérie tout comme d’ailleurs, ajoute-t-il, les évangélistes protestants contrairement aux catholiques. Pourquoi donc le rapport du secrétaire d’État ? L’expert estime que le rapport est sans fondement. L’objectif des Américains, assure-t-il, est surtout de discréditer le pays auprès du droit international, de l’opinion internationale et de ses partenaires. « La vraie question c’est de savoir est ce que le rapport a été établi sur la base d’une vision claire ou sur la base des rapports des Organisations non gouvernementales (ONG) connues pour être hostiles à l’Algérie », souligne le spécialiste pour qui le rapport américain est tout simplement biaisé cherchant à faire pression sur l’Algérie en raison de ses positions historiques notamment sur les questions palestinienne et sahraouie. Selon l’expert, l’Algérie et les ÉtatsUnis divergent sur pas mal de dossiers sur l’international et Washington tente à travers ce rapport de ramener la diplomatie algérienne à s’allier à ses positions, rappelant que la publication de cette liste intervient au moment où l’Algérie a entamé son mandat en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies où Alger a plaidé pour une organisation régionale formée des pays de la région pour sécuriser la mer Rouge et non pas d’une coalition internationale. En effet, lors de la première déclaration de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant permanent auprès de l’ONU, Amar Bendjama, a estimé que les États côtiers sont les premiers responsables de la sécurité maritime en mer Rouge et que «tout effort collectif qui ne compterait pas sur la participation active de ces États est voué à l’échec», tout en mettant en garde contre l’ «émergence d’un conflit régional aux conséquences incontrôlables» en mer Rouge. À noter, par ailleurs que le Vietnam, l’Azerbaïdjan, les Iles Comores et l’Afrique centrale ont été également placés sur la même liste. Au cours des travaux de la 2e édition de la conférence sur « la liberté de culte : protection et garanties » tenue en décembre dernier à Alger, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Youcef Belmehdi, a mis en avant les efforts de l’Algérie pour garantir la liberté d’exercice des cultes, soulignant la détermination de l’Algérie à poursuivre ses efforts dans la lutte contre le fanatisme, la discrimination, le discours haineux et les incitations à la haine, à travers une approche authentique de dialogue et de coopération constructive avec tous les acteurs religieux en Algérie. « Toutes les demandes et préoccupations qui parviennent au ministère, et en particulier à la Commission nationale des cultes, sont traitées avec sérieux et en temps opportun, pour permettre aux concernés de pratiquer sereinement leurs rites dans leurs églises et lieux de cultes », a-t-il indiqué à l’occasion. Pour le ministre, les opérations de restauration de plusieurs églises en Algérie traduisent l’intérêt porté par l’Algérie aux droits de l’Homme dans tous les aspects, y compris religieux, annonçant par là même la restauration prochaine de la Cathédrale du Sacré-Cœur à Alger aux frais de l’État.
Brahim O.
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