La 12e édition du festival international du théâtre de Bejaia s’est ouverte samedi soir en faisant la part belle à la compagnie Cubaine « TeatroTuyo » pour dérouler sa nouvelle pièce, intitulée « Gris », présentée comme un réquisitoire contre la pollution environnementale d’une part et d’autre part comme une supplique pour une prise de conscience collective. Subtilement mise en scène, dans un style empruntant essentiellement au cinéma muet, la chronique fait place à trois clowns, emmitouflés en permanence dans des costumes gris, qui passent leurs temps, tantôt à s’extasier des merveilles de la nature, appréciant tout particulièrement les voltiges des papillons et le gazouillis des oiseaux, tantôt à se morfondre dans la détresse, au croisement d’effet polluants qui, au-delà des souillures qu’ils génèrent, assombrissent l’éclat de celle-ci (la nature) et lui font perdre ses couleurs au profit d’une ambiance grise, monochrome. L’alerte sur le respect de la planète y est évidente, mais présentée sans discours moralisateur, de façon ludique et exquise, servie de surcroit par un jeu d’acteurs fascinant, performant et magnifié par une charge d’humour absolument désopilante. A la fin de la représentation, le public, égaré parfois dans certaines séquences du spectacle, faute de dialogue et de supports explicatifs, s’est levé, néanmoins, dans un bel élan pour applaudir les comédiens, auteurs d’une performance inouïe. Le spectacle a été un succès évident, augurant de la suite de cette manifestation conçue dans sa « programmation éclectique, colorée, populaire, accessible mais exigeante », expliquera le commissaire du festival, Slimane Benaissa, qui promet d’autres surprises, dans les prochains spectacles, en provenance d’Italie, Egypte, Syrie, Tunisie, Sénégal et Congo. La cérémonie d’ouverture a été entamée par un hommage et une solidarité des festivaliers au peuple palestinien dans sa lutte pour la liberté et le recouvrement de ses territoires spoliés.