Éviter les erreurs du passé, pas très lointain, qui ont fait défiler devant les tribunaux nombre de ses plus hauts dirigeants, et leurs comparses tout aussi haut placés: c’est sans doute ce qui a incité la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach à lancer , hier, sa nouvelle plateforme numérique dénommée « SPEAKUP » de signalement et de détection des actes de corruption au sein du groupe à l’échelle nationale.
Ce que Sonatrach qualifie, dans un communiqué, d’«étape décisive dans sa lutte contre la corruption», a été franchie hier, 10 septembre 2023, avec la plateforme « Sonatrach conformité anticorruption : SPEAKUP » (voir https: //conformite-smac.sonatrach.dz/), la première du genre au niveau national, souligne-t-on. Il s’agit, explique Sonatrach, d’«un mécanisme d’alerte et de dénonciation qui s’inscrit dans une approche proactive adoptée par la compagnie nationale des hydrocarbures, basée sur la norme ISO 37001 relative au Système de management anti-corruption (SMAC)». Cela signifie que les employés de Sonatrach, ses partenaires et clients et autres parties prenantes peuvent « signaler, en toute sécurité, des actes illégaux ou illicites graves conformément à la loi et à la réglementation en vigueur, ainsi que toute violation de la politique et code de conduite anti-corruption de Sonatrach ». La plateforme est développée avec des normes et des outils sécurisés. Ainsi, Sonatrach a fait son devoir : « faciliter la dénonciation sincère des actes de corruption et renforcer la lutte contre la corruption ». En même temps, elle réaffirme « son engagement à instaurer les principes de transparence, d’équité, d’intégrité et de préservation de l’intérêt économique et public ». La plateforme est « en parfaite adéquation avec les lignes directrices du Système de management des alertes de la norme ISO 37001 adoptée par Sonatrach et qui assure la protection de l’identité des personnes impliquées dans les signalements et garantit la sécurité des informations issues des dénonciations », précise le communiqué de Sonatrach. Le terrain n’est plus libre aux malversations et autres scandales de corruption qui ont secoué cette entreprise phare du pays et ont failli ternir son image prestigieuse dans l’opinion publique algérienne et à l’international. L’État est déterminé à poursuivre la lutte contre la corruption, avait réaffirmé le président Abdelmadjid Tebboune, lors de son entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux, à la fin de l’année écoulée. Le président de la République a également tenu à souligner que « la Justice est le seul et unique pouvoir habilité à se prononcer sur les affaires de corruption. Elle est la seule et unique source chargée de la mise en place des mécanismes judiciaires de prévention de la société contre ce fléau ». On sait que, dans un souci de protéger les cadres de la Nation, le président Tebboune a pris une batterie de décisions pour « dépénaliser » les erreurs de gestion. Mais, attention ! Il n’y aura aucune circonstance atténuante à un responsable qui s’en met plein les poches dans l’exercice de ses fonctions, a averti le chef de l’État. La Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption, créée par l’article 204 de la Constitution en remplacement de l’ancienne Autorité nationale, est opérationnelle depuis plusieurs mois. Elle est présidée par Salima Mousserati qui, dans son intervention lors d’un colloque sur « la politique de lutte contre la corruption en Algérie et la moralisation de la vie publique », a appelé les forces vives et toutes les parties impliquées à adhérer aux démarches de prévention et de lutte contre la corruption. Consacrée par la Constitution de 2020, explique sa présidente, cette instance est à même de jeter les fondements d’un système efficace susceptible d’éradiquer le fléau de la corruption, compte tenu des dispositions prévues à cet effet, notamment celles relatives à la protection de l’économie nationale et l’activation du rôle de la société civile pour contribuer à la gestion des affaires publiques.
M’hamed Rebah