La situation au Niger devient de plus en plus préoccupante pour le peuple nigérien et tous les pays de la région après le coup d’Etat militaire contre le président élu, Mohamed Bazoum et la menace d’une intervention militaire brandie par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) appuyée notamment par la France pour rétablir l’ordre constitutionnel. Pour voir plus clair sur ce qui se passe dans ce pays voisin de l’Algérie, et surtout connaître les conséquences d’une telle intervention militaire, nous avons contacté, Ahmed Kateb, chercheur en relations internationales.
L’intervention militaire au Niger, estime notre interlocuteur, serait encore plus dramatique pour les Nigériens qui vivent déjà dans une pauvreté extrême. Une situation intenable accentuée encore, ajoute M. Kateb, par la présence de plusieurs groupes terroristes très actifs dans la région ; notamment Boko Haram et l’Aqmi et autres encore qui sèment la terreur au sein de la population.
Le chercheur en relations internationales, assure qu’une intervention militaire dans ce pays favoriserait justement la présence de ces groupes qui pourraient profiter de la situation qu’induirait une offensive militaire pour se redéployer encore davantage dans ce pays et dans tout le sahel connu pour être la base arrière de ces mouvements terroristes. Elle menacerait également la stabilité de toute la région dont l’Algérie, pays frontalier du Niger d’où, ajoute Kateb, le refus d’Alger de toute intervention militaire ou une quelconque interférence étrangère dans ce pays car elle aura des répercussions négatives sur l’Algérie qui a toujours rejeté les ingérences étrangères dans les affaires internes de pays souverains favorisant le dialogue et la voie diplomatique seule issue qui permettrait d’éviter le pire pour le Niger, et pour les pays de la région. L’intervenant a rappelé, dans ce contexte, l’intervention militaire et les ingérences étrangères en Libye qui ont fait que la situation demeure jusqu’au jour d’aujourd’hui chaotique dans ce pays ou les institutions sont toujours instables et fragiles avec une armée qui ne regarde pas dans la même direction et non homogène.
S’agissant du Mali, du Burkina Faso, et de la Guinée qui ont clairement affiché leur soutien aux nouveaux maîtres de Niamey, considérant toute agression militaire contre le Niger comme étant une agression contre eux-même, et par conséquent la riposte sera commune, le chercheur, Ahmed Kateb, a expliqué que ces pays agissent par solidarité et fraternité entre pays de la région à travers des idées inspirées des anciens leaders qui ont marqué l’histoire de la région et qui ont lutté par solidarité agissante entre les pays africains. Même si ces pays redoutent, explique notre interlocuteur, un effet domino si jamais l’intervention militaire de la CEDEAO ait lieu avec notamment l’appui de certains pays occidentaux, ces régimes, ajoute-t-il, combien même, issus de coup d’État, comme c’est le cas du Niger aujourd’hui, sont à présent en train de se transformer en régimes démocratiques menés par des instances de transitions qui devraient déboucher sur des institutions élues et démocratiques.
Sur la menace de la CEDEAO d’intervenir militairement au Niger, Ahmed Kateb s’est posé, à juste titre, la question de savoir pourquoi les pays membres de ce bloc n’avaient pas agi, par le passé, contre les pays où se sont produits des coups de forces militaires pour se focaliser aujourd’hui sur cette option contre le Niger. C’est tout simplement une question d’intérêts pour les Occidentaux notamment la France qui veut une autre guerre par procuration au Niger pour sauvegarder ces mêmes intérêts, explique-t-il.
Il a tenu à rappeler, dans ce contexte, que la décision de la CEDEAO d’intervenir militairement au Niger ne fait pas l’unanimité y compris au sein de ses membres, citant l’exemple du Nigéria ou le Sénat s’est opposé à cette option, pourtant proposée par le Président Bola Tinubu et le Mali, le Burkina Faso et la Guinée qui sont suspendus de l’organisation après les coups d’État enregistrés dans ces pays. D’autres pays africains comme l’Algérie et le Bénin se sont également déclarés contre une intervention militaire au Niger. L’Italie et l’Allemagne, deux membres de l ’Union européenne se sont également opposés à une intervention militaire au Niger, a rappelé l’intervenant.
B. O.