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L’ASSASSINAT DE NAHEL A MIS À NU UNE FRANCE EN CONTRADICTION AVEC SES PROPRES VALEURS ET SYMBOLES : Paris, une démocratie à deux vitesses 

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Qualifiées de poudrière, les émeutes ayant éclaté au lendemain  de l’assassinat de Nahel, tué le 27 juin à Nanterre, près de Paris, par un tir policier, ont provoqué une polémique sans précédent au sein de l’opinion internationale, en défaveur d’une France, pourtant bâtie sur la liberté, l’égalité et la fraternité.

Quoi de plus humiliant que de se faire donner des leçons de civisme, étant un pays où la démocratie et les droits fondamentaux ont été durant de longues années, le symbole même de la nation. Les notions de racisme et de discrimination, étant carrément à l’opposé de l’image d’un État qui se dit défenseur des droits de l’homme, la contestation citoyenne a plus que jamais mis à nu ce qu’ont pourrait qualifier de crise identitaire française. Des infrastructures saccagées et vandalisées, des citoyens désabusés, passant par les rappels à l’ordre des Nations unies et l’indignation de bon nombre de pays. Une vitrine grand-format, de l’échec d’une politique d’intégration et d’immigration, où la classe politique et l’élite françaises…n’ont carrément rien à redire.

BFM, quand la réalité des faits éclate
Preuve à l’appui, la chaîne de télévision BFM, a révélé vendredi sur ses plateaux, que les prénoms les plus fréquents parmi les individus interpellés par les services de police, sont des noms européens. Une « gifle » pour l’extrême droite, qui ne manque jamais l’occasion d’attribuer le moindre incident à la communauté issue de l’immigration, notamment maghrébine et africaine. En outre, BFM a recueilli hier matin les témoignages de la femme qui a publié la vidéo qui montre le policier tirer sur Nahel, laquelle a expliqué son choix et sa décision de ne pas être allée au commissariat. « Quand je vois la vidéo, je trouve ça très choquant et grave », a-t-elle raconté. Et de poursuivre : « « Je pense juste avoir fait mon devoir. Je ne pouvais pas faire comme si rien ne s’était passé ».

Des contrôles policiers systématiques
Tantôt qualifiée de « racaille », tantôt menacée par le  « karcher », allusion faite à la politique de Sarkozy, qui durant son règne, avait réussi à mettre à mal une partie de la France, cette population marginalisée demande aujourd’hui justice. Et dans une analyse faite par le sociologue français Michel Kokoreff, sur les révoltes consécutives à la mort de Nahel, tout en pointant du doigt les contrôles et interpellations à outrance et exagérées menés par les services de police, le Professeur et spécialiste des quartiers populaires et de leurs relations avec la police, estime qu’entre les émeutes de 2005 et aujourd’hui, « rien ne s’est vraiment amélioré ». Rappelons que des émeutes s’étaient déclenchées à la suite de la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, le 27 octobre 2005, électrocutés dans l’enceinte d’un poste électrique alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police. Et selon certains médias français, des mères  de famille des quartiers populaires, nourrissant une hantise de perdre leurs enfants dans de telles circonstances, préparent par la force des choses leurs enfants à faire face aux contrôles policiers, dès le plus jeune âge.

La France recadrée par les instances internationales
Une colère qui s’est amplifiée, outre les manifestants et les Etats, s’étendant aux organisations internationales, qui ont à leur tour condamné cette bavure de trop, en appelant Paris à rendre des comptes. C’est le cas du Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale, qui a appelé la France, à ouvrir une enquête approfondie et impartiale sur les circonstances de la mort tragique du jeune Nahel. Les experts de l’ONU recommandent également aux autorités françaises de prendre des mesures pour éliminer les causes structurelles et systémiques de la discrimination raciale, y compris au sein des forces de l’ordre. Même discours chez la porte-parole du Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Ravina Shamdasani, qui a exhorté la France à veiller à ce que le recours à la force par la police pour lutter contre les éléments violents lors de manifestations, respecte toujours les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité. Toute allégation d’usage disproportionné de la force doit faire l’objet d’une enquête rapide. Vendredi dernier, des observateurs des pratiques policières à Rennes et à Toulouse ont été agressés par des forces de l’ordre. Des atteintes révélatrices d’un refus de rendre des comptes de la part de la police envers les citoyens. Des mises en garde qui ne semblent guère intimider les autorités françaises, qui par la voie de leur ministère de l’Intérieur, ont affirmé via un communiqué, que les rapports des experts de l’ONU, sont exagérés et sans aucun fondement.
Hamid Si Ahmed 

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