C’est demain à Goa, en Inde, qu’aura lieu la réunion du Comité des chefs d’Etat de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), une alliance réunissant notamment la Chine et la Russie, et sur laquelle l’Algérie a des vues ô combien stratégiques.
Visant à renforcer la confiance mutuelle entre les membres, ainsi que les relations de bon voisinage, et à renforcer la coopération dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le trafic de drogue, l’OCS a pour objectif de promouvoir une coopération politique efficace dans les domaines de la politique, le commerce, l’économie, la science, la technologie et la culture et l’éducation, selon le site officiel de l’organisation. Considérée comme le plus grand rassemblement régional cette organitation qui comprend la moitié de la population mondiale et 4 États nucléaires, a été créée en 2001 afin d’assurer la sécurité et de maintenir la stabilité dans la vaste étendue de l’Europe et de l’Asie, ainsi qu’à unir les efforts pour relever les défis, promouvoir le commerce, ainsi que les échanges culturels et la coopération humanitaire. Ses pays membres sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Elle s’élargit à l’Inde et au Pakistan en 2016, puis à l’Iran récemment, dernier pays en date à avoir affiché son désir d’adhésion, qui selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, verra sa demande complète formalisée ce 4 juillet. Et à titre de rappel, il est indispensable de noter que lors du dernier Sommet de l’OCS, tenu les 15 et 16 septembre dernier en Ouzbékistan, les États membres avaient débattu de la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire, ainsi que le développement du commerce intracommunautaire, visant à supprimer les barrières commerciales, à normaliser les réglementations techniques et à numériser les procédures douanières.
Expansion de l’OCS, l’Algérie veut être de la partie
Une alliance stratégique et prometteuse qui n’a pas laissé l’Etat algérien indifférent, lequel désire emboîter le pas à l’Iran, dans un premier temps en tant qu’observateur. Une option qui offrira au pays de nouvelles relations avec les pays d’Asie et d’Europe, et de nouveaux horizons dans sa politique internationale avec ses alliés traditionnels en Europe. En juin dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, avait déclaré que l’Algérie avait demandé à devenir pays observateur dans le cadre de l’Organisation de Shanghai, avant d’évaluer la situation et de prendre une décision, soulignant que le président Tebboune lui-même avait annoncé l’intérêt porté par le pays sur l’Asie centrale, d’où les efforts diplomatique de l’Algérie sur l’Eurasie. Une prise de conscience de l’Algérie à l’égard d’un monde caractérisé par des transformations majeures et de grandes alliances. L’Algérie ne peut être isolée de ces alliances.
La Chine et la Russie, porte d’entrée aux BRICS
C’est n’est un secret pour personne, l’Algérie entretient des relations fortes au niveau de la coopération bilatérale avec la Chine et la Russie, les deux puissances influentes de l’organisation. Avec la Chine, l’Algérie a signé un accord de partenariat stratégique global, en 2014, qui est le premier du genre entre Pékin et un pays arabe, en plus d’être le plus important partenaire commercial de l’Algérie, avec un volume d’échanges estimé entre 7 et 10 milliards de dollars sur la dernière décennie. L’Algérie est également un partenaire clé de la Russie au Moyen-Orient et en Afrique, les deux pays entretenant des relations de haut niveau depuis l’ère soviétique, notamment dans les domaines de la formation militaire et de l’armement.
L’Algérie adhère ainsi au principe de l’établissement d’un ordre mondial multipolaire, qui est l’un des principes sur lesquels repose la politique étrangère de l’Organisation de Shanghai, un point commun entre les deux parties, en plus des principes de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme. Un intérêt algérien qui coïncide avec ses efforts pour rejoindre le groupe des BRICS, un souhait qui ne devrait pas tarder à s’exaucer, en prévision du prochain sommet des BRICS, qui se tiendra en Afrique du Sud, au mois d’août prochain, la Chine et la Russie étant amplement favorables. Engagée pleinement dans la restructuration, la modernisation et la numérisation de son économie, l’Algérie vise notamment à s’affranchir de sa dépendance à l’Occident, en l’occurrence, au dollar et à l’euro.
Ouverture diplomatique et diversification économique
La tournée européenne d’Ahmed Attaf, qui comprenait l’Italie et l’Allemagne, représente une affirmation d’ouverture pour lier des partenariats de coopération avec tous les pays, d’une manière qui garantit leurs intérêts stratégiques, loin de se ranger du côté d’une partie au détriment de l’autre. Par ailleurs, l’intérêt de l’Algérie à rejoindre l’Organisation de Shanghai s’inscrit dans les efforts du pays pour revenir au premier plan des événements régionaux et internationaux en tant qu’acteur important, ainsi que dans le cadre de son intérêt à diversifier ses partenariats en s’ouvrant à de nouveaux blocs , après l’isolement qu’a connu la diplomatie algérienne au cours de la dernière décennie, et l’approche unilatérale dans son partenariat avec la rive nord de la Méditerranée. À ce titre, l’Algérie estime qu’il est nécessaire de revoir les termes de l’accord de partenariat avec l’Union européenne, selon le principe « gagnant-gagnant », qui a été signé entre les deux parties en 2002, étant donné que l’Algérie n’a pas bénéficié de cet accord.
Une adhésion qui ouvrira la porte pour renforcer ses relations économiques avec les pays du groupe, en augmentant les échanges commerciaux et les investissements, et au final, booster les exportations hors hydrocarbures pour atteindre les 13 milliards de dollars souhaités.
Hamid Si Ahmed