Le document tant attendu dans les relations algéro-russes, la Déclaration de partenariat stratégique approfondi entre l’Algérie et la Russie, qui définit les priorités de la coopération à long terme, a été signée, jeudi, au Palais du Kremlin, par les deux présidents, Abdelmadjid Tebboune et Vladimir Poutine, qui ont co-présidé ensuite la cérémonie de signature de plusieurs accords, mémorandums d’entente et programmes d’action entre les Gouvernements algérien et russe.
Ce sont les résultats concrets et perceptibles de la visite d’État du président Tebboune à Moscou à l’invitation du président Poutine. Cela suffit pour considérer cette visite comme une réussite pleine et entière. Pour confirmer sa position dans la perspective du monde multipolaire qui se construit actuellement, l’Algérie avait besoin de marquer des points sur divers plans. Cela a été rendu possible par cette visite en Russie.
Au plan diplomatique
L’Algérie s’est projetée au-delà des limites régionales qui définissent son espace géopolitique, en offrant, par la voix du président Tebboune, sa médiation dans le conflit opposant la Russie à l’Ukraine. Le président Poutine a remercié l’Algérie et son Président, pour cette disposition à fournir des efforts de médiation dans le conflit opposant son pays à l’Ukraine. L’Algérie « sera à la hauteur de cette confiance », s’est engagé le président de la République. Dans son allocution, en tant qu’invité d’honneur du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, lors de la séance plénière qu’il a coprésidée avec son homologue russe, le président Tebboune a développé les éléments de la vision de l’Algérie du système de relations internationales. Il a plaidé pour « une approche participative solidaire » face aux défis qui se posent au monde, une approche qui prend en ligne de compte les intérêts de toutes les parties, notamment des pays pauvres en proie à des perturbations et à des guerres. Les défis et les crises actuelles exigent « une coordination des efforts de la communauté internationale en quête de solutions efficaces et durables », a fait valoir le président Tebboune, qui a rappelé l’attachement de l’Algérie à la paix, souhaitant « prospérité et bien-être à l’humanité, notamment aux peuples pauvres ». Cette responsabilité internationale de l’Algérie est confortée par sa présence au sein du Conseil de sécurité de l’ONU en sa qualité de membre non permanent.
Au plan bilatéral algéro-russe
C’est une nouvelle ère dans les relations avec la Russie, sur fond de reconfiguration des rapports internationaux. Pour le président Poutine, la visite d’État du président Tebboune en Russie, était « fructueuse » sur tous les plans, « ce qui contribuera, indéniablement, au développement multidimensionnel de la coopération entre la Russie et l’Algérie, au mieux des intérêts des deux peuples et de leurs pays », a-t-il expliqué. Il a, également, mis l’accent sur la coopération bilatérale en matière d’énergie nucléaire, notamment en médecine et en agriculture, parallèlement à l’existence de « perspectives de coopération prometteuses, à plusieurs niveaux, dans le domaine des affaires, y compris le montage automobile et la construction mécanique pour l’agriculture, les transports, l’exploration de l’espace extra-atmosphérique, les télécommunications et la communication ». Il a également cité la coopération en matière d’enseignement supérieur, la Russie accueillant nombre d’étudiants algériens. Le Président Poutine a fait remarquer que l’Algérie est le premier pays partenaire de la Russie dans le continent africain. Il a qualifié le Président Tebboune de « partenaire clé dans le monde arabe et en Afrique ».
Au plan multilatéral
Le président de la République a réaffirmé la détermination de l’Algérie à rejoindre les BRICS, « dans les plus brefs délais », pour pouvoir « libérer son économie de certaines pressions ». « Les Algériens, nés libres, resteront souverains dans leurs décisions et leurs positions », a-t-il souligné. À propos, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov considère que l’adhésion de l’Algérie, qu’il classe parmi les leaders dans les mondes arabe et islamique, renforcera les rangs des BRICS. On sait que la Russie et l’Algérie coordonnent leurs positions dans le cadre des organisations multilatérales, notamment dans le cadre de l’Opep+ et du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG).
L’éloge du président Poutine
« Tous les présents saisissent bien le sens de venir à Moscou pour nous rejoindre à ce forum. Je cite son excellence le président algérien, un leader qui respecte les intérêts de son pays, l’Algérie, avec laquelle nous entretenons des relations amicales de longue date », a déclaré le président Poutine lors de la séance plénière du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (14-17 juin). « Nous voulons du respect au peuple algérien qui, de 1954 à 1962, a combattu pour recouvrer son indépendance au prix de laquelle 1,5 million de martyrs sont tombés au champ d’honneur. Au lendemain de l’Indépendance, l’armée française a mené des essais nucléaires au Sahara dont les conséquences sont désastreuses », a-t-il ajouté.
M’hamed Rebah