Comme c’est le cas dans tous les pays musulmans durant le mois de Ramadhan, le mode de consommation a un caractère sacré et un rituel économique particulier en Algérie. Et quelle que soit la condition du consommateur, qu’il soit riche ou pauvre, il achète autant qu’il peut, mais selon ses moyens, bien évidemment.
Durant ce mois sacré, l’État a alloué différents espaces dans toutes les villes d’Algérie, afin de lutter contre le phénomène d’accaparement des denrées alimentaires de grande consommation, et de permettre aux citoyens de les acquérir à des prix raisonnables. À l’instar des légumes secs, de la viande et de l’huile de table. Des produits qui ont connu une hausse sans précédent durant les mois précédents, sous l’effet du monopole et de la spéculation. Lors d’une virée dans la capitale, le Courrier d’Algérie a effectué une visite de terrain dans certains marchés de proximité, plus précisément celui du 1er Mai, situé à proximité de l’UGTA, et celui de la Place des Martyrs, histoire de savoir si oui ou non les prix affichés ne dépassaient pas la capacité des citoyens à faire leurs courses et acquérir les besoins du mois sacré. Certes, nous avons constaté une grande affluence des consommateurs, et une certaine bousculade devant les différents stands, mais selon les témoignages de certains d’entre eux, la différence de prix avec les marchés réguliers n’était pas si significative. En effet, bien que les Algériens aient salué la décision du gouvernement d’établir ces marchés de proximité, certains considèrent que cette démarche n’est pas suffisante. D’autres espèrent que cette stabilité des prix au cours de cette première semaine connaisse une baisse dans les prochains jours, à l’effet de ces points de vente sur les marchés habituels. Quoi qu’il en soit, il est important de préciser que dans ces espaces de vente aménagés, des industriels et producteurs vendent directement leurs produits aux consommateurs. Une large gamme de produits divers, outre les produits de base, entre friandises, eaux minérales, limonades, épices et produits laitiers en tous genres.
Les prix des fruits et légumes toujours galopants
Le prix d’un kilogramme de pomme de terre était fixé à 70 DA, celui de la tomate à 135 DA, alors que les petits pois se vendaient à 200 DA le kg. Quant à l’oignon, dans les deux marchés visités, il n’était pas disponible, sauf à Sahat Chouhada, où seul l’oignon vert était en vente, au prix de 70 DA le kg. Des prix légèrement en dessous des prix habituels dans les marchés et différents points de vente des fruits et légumes, mais qui ne semble pas avoir vraiment enchanté les passants que nous avons interrogés. En effet, bon nombre d’entre eux s’attendaient à une baisse tangible des prix, ce qui n’était pas vraiment le cas. Notamment pour ce qui est des fruits et légumes, avec des prix du Kg de la banane, affichés à 550 DA, alors que l’orange, vacille entre 190 et 300 DA le kg. De même pour le prix de la pomme, qui varie entre les 300 et 400 DA.
Disponibilité de l’huile, de la semoule, des légumes secs, des dattes et du poulet, à des prix raisonnables
Néanmoins, certains produits ont connu une nette baisse, à l’instar du poulet (340 DA), des œufs (15 DA), et des légumes secs. Concernant les légumes secs, les prix affichés au niveau des points de vente de l’OAIC semblaient quelque peu abordables, avec le prix des lentilles à 160 DA le Kg, celui du riz à 160 DA, les poix-chiches à 170 DA, alors que celui des haricots blancs était de 280 DA. Autre produit à avoir attiré les foules, les dattes, avec un assez large choix et à des prix allant de 300 DA à 500 DA, loin des 650 que l’on connaît habituellement. La semoule, quant à elle, a été vendue à 50 DA le Kg, habituellement vendue à plus de 100 DA. À préciser que la semoule a été distribuée par sac de 10 kg. Enfin, l’huile de table « SAFIA », disponible par bidon de 5 litres, s’est vendue à 650 DA.
La viande rouge à 1200 DA le kg, toujours pas distribuée ?
Parmi les denrées dont nous n’avons ni vu la couleur, ni senti l’odeur, la fameuse viande rouge à 1200 DA. Les citoyens que nous avons interrogés, ne savent pas eux-mêmes qu’en est-il de la localisation des bouchers qui vendent cette viande importée, d’autant plus que le pouvoir d’achat d’une grande partie d’entre eux ne leur a pas permis d’acquérir à un prix supérieur à celui-ci. En effet, les points de vente pour la commercialisation de la viande nouvellement importée sont encore inconnus, la liste de ces derniers n’ayant pas été mise à la disposition des citoyens pour leur permettre de s’y rendre. Cependant, il semble que ce n’est qu’une question de temps, étant donné que le Complexe des viandes rouges AGROLOG, a informé dans un communiqué, tous les points de vente et bouchers de la possibilité, de contracter directement avec l’entreprise pour la distribution de viande rouge, par l’intermédiaire de leurs bouchers, en s’adressant à l’un des quatre abattoirs régionaux, à savoir Annaba, Oum El Bouaghi, Djelfa et Bouktab, ou au niveau de la Direction Générale de Birtouta, afin de signer des accords de commercialisation avec la société algérienne de la viande rouge, par laquelle tous les bouchers et points de vente sous-traitants peuvent recevoir et commercialiser la viande, et ils sont tenus de recevoir la viande par l’intermédiaire d’abattoirs sous contrat avec la société dans tout le pays. « La même chose s’applique à la semoule », a ajouté Zitouni, notant que « les coutumes et traditions algériennes en matière d’épargne nécessitent le stockage de gros calibres ».
Abondance de l’huile de table, selon le ministre du Commerce
Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a déclaré hier, dimanche, que « l’huile de table est disponible en abondance et qu’il y a un excédent de production ». Zitouni a précisé dans des déclarations aux médias, en marge de sa visite sur le terrain à l’usine de production d’huiles « SAFIA », qu’en application des recommandations du Conseil des ministres, « la production d’huile a été portée à 4 600 tonnes ». Par ailleurs, le ministre a confirmé que « la suspension de la production d’huile en bidons de 5 litres, ainsi que la semoule de 25 kilogrammes, n’était pas justifiée et pas à discuter ». « Le citoyen est libre de demander le volume qu’il souhaite », a-t-il indiqué. Le successeur de Kamel Rezig à la tête du MC a expliqué, entre autres, que « les bidons de 5 litres sont les plus demandés par le citoyen algérien, et donc suspendre leur production est inconcevable ». Dans le même contexte, le même intervenant a déclaré que « l’abondance de ces produits est présente et forte », considérant que « le problème qui se posait était celui de la distribution ». Afin de faire face à ce problème, le ministre a révélé « l’élaboration d’une carte géographique de répartition selon la nature, la quantité et la culture de consommation dans chaque région pour éviter les fluctuations survenant dans certaines régions ». D’autre part, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations a confirmé que « l’Algérie dispose d’un important stock de produits de consommation en prévision de toute éventuelle urgence ».
Les walis pour intensifier le contrôle et réprimer les opérations de fraude
Selon les dernières orientations du gouvernement, il incombe aux walis d’assurer un suivi continu pour contrôler les prix des légumes et des denrées alimentaires, prévenir les pratiques monopolistiques et lutter contre la cupidité de certains commerçants, afin d’alléger le fardeau des citoyens pendant le mois sacré du Ramadhan. Le wali d’Alger, Mohamed Abdenour Rabhi, a ordonné, à ce titre, de conjuguer tous les efforts afin d’intensifier le contrôle et de réprimer les opérations de fraude menées par les services de la Direction du commerce, en coordination avec les services des circonscriptions administratives et les services de sécurité, en veillant à la stricte application des règles de pratiques commerciales. Cela, en plus de mobiliser toutes les capacités matérielles et humaines disponibles, et d’intensifier le travail domestique, les visites de terrain, les visites de travail et les inspections des différents projets et quartiers. En outre, les prix de tous les produits doivent être clairement annoncés aux citoyens par le biais de listes annoncées à chaque point de vente, et que des mesures légales doivent être prises contre les contrevenants.
Hamid Si Ahmed