C’est aujourd’hui, dimanche, que devrait arriver, à Alger, la présidente du Conseil des ministres d’Italie, Giorgia Meloni, pour une visite officielle de deux jours au cours de laquelle elle aura à s’entretenir avec le Premier ministre, Aïmène Benabderrahmane et sera reçue par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
À se fier aux déclarations de l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Abdelkrim Touahria, qui a été reçu dernièrement par le secrétaire général du ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, les discussions entre les deux parties seront axées sur l’énergie, certes, mais aussi sur d’autres dossiers importants comme ceux de l’automobile, du tourisme, de l’agriculture, ou de l’industrie navale et autres.
Cette visite de Giorgia Meloni, qui vise à renforcer le partenariat bilatéral avec l’Algérie, notamment en ce qui concerne le secteur de l’Énergie, intervient après celle effectuée par le président du Conseil des ministres italien, Mario Draghi, le 18 juillet dernier, à l’occasion de l’organisation des travaux du 4e Sommet intergouvernemental algéro-italien. Au terme de ce sommet, quinze mémorandums d’entente et accords de coopération dans de nombreux domaines ont été signés. La venue de Mme Meloni en Algérie fait suite également à la visite du chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, en Italie effectuée le mois de mai 2022, marquée par une convergence de vues autour des questions d’intérêt commun. Comme elle intervient à trois jours seulement de la tenue, à Naples, en Italie, d’un forum d’affaires et l’investissement, organisé par d’Ambassade d’Algérie en Italie, en collaboration avec l’Union industrielle de Naples (UIN) et en partenariat avec le Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja (CEIMI), dans le cadre du renforcement des relations de coopération et de partenariat économique entre l’Algérie et l’Italie hors secteur des hydrocarbures. Ce Forum aura lieu le 25 du mois en cours en Italie. Selon le média italien, Agenzia Nova, ayant rapporté la venue de la Première ministre italienne en Algérie, en plus des accords bilatéraux à signer, il est également question du lancement d’un Plan Matteï. Ce projet a été abordé en octobre dernier par Meloni, lors du 8e Forum du dialogue méditerranéen MED, organisé à Rome. Les deux pays cherchent à présent à donner une nouvelle impulsion à la coopération économique pour diversifier le champ de partenariat en dehors de l’énergie. Le défi a été déjà relevé avec notamment l’accord de quatre milliards de dollars pour l’approvisionnement de l’Italie en gaz naturel signé avec ENIE Occidental et Total, et l’accord signé entre l’Algérie et l’usine italienne de l’automobile « Fiat » qui va opérer en Algérie et dont le premier véhicule, fabriqué localement, est attendu pour fin 2023. Sur le plan commercial, l’Italie reste le premier client de l’Algérie avec l’achat de plus du tiers du gaz algérien exporté. Ce pays est également 2e fournisseur européen de l’Algérie. À la conférence MED, la Première ministre italienne avait déjà annoncé ses intentions partenariales avec les pays africains, en déclarant vouloir adopter une «attitude non prédatrice mais coopérative » à l’égard du marché du continent noir, de manière à imiter l’approche de Enrico Mattei, fondateur de l’entreprise italienne des hydrocarbures Eni et « Ami » de l’Algérie lors de la Révolution de 1954.
Selon l’Agence Middle East Monitor, l’Italie cherche à fortifier sa présence pour devenir le 1e partenaire de l’Algérie et remplacer ainsi l’Espagne et la France dans divers secteurs.
Dans une interview accordée la semaine dernière à des médias étrangers, le PDG d’Eni Claudio Descalzi a déclaré que l’approvisionnement en gaz algérien serait plus sûr l’hiver prochain, ajoutant que l’Italie aurait suffisamment de gaz en 2023 et 2024 sans interruption si elle pouvait augmenter les importations en provenance d’Algérie. Une approche déjà affichée par la Première ministre italienne qui avait assuré que l’Italie par sa situation géographique, ses infrastructures, son esprit de coopération et le soutien de ses entreprises, peut servir de conduit d’énergie entre la Méditerranée et l’Europe. Il convient de souligner, par ailleurs, que depuis l’échec de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, les pays de la rive nord préfèrent désormais agir en solo en s’appuyant sur des relations bilatérales avec l’Algérie. À rappeler que le président Tebboune s’est entretenu, le 7 novembre dernier, avec Giorgia Meloni en Égypte en marge du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la 27e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques-COP27, qui s’est tenu dans ce pays.
Brahim Oubellil
