Comme annoncé au début de ce mois par Toufik Hakkar, PDG du Groupe, la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach a signé à Alger avec le groupe énergétique français ENGIE, un accord pour la révision des prix du gaz naturel exporté par l’Algérie vers la France. L’accord qui concerne le contrat d’achat et de vente de gaz naturel, à travers le Medgaz, liant les deux groupes depuis 2011 a permis de « définir le prix de vente contractuel applicable sur une période de trois ans, allant jusqu’à 2024, pour prendre en compte les conditions de marché », a fait savoir la compagnie nationale. À cette occasion, Sonatrach et ENGIE ont confirmé leur « intention d’étendre leur partenariat sur le gaz naturel liquéfié (GNL) et le gaz naturel ». Sonatrach va ainsi renforcer sa part dans le portefeuille d’approvisionnement d’ENGIE, permettant aux deux groupes de poursuivre leur diversification et de contribuer à la sécurité énergétique des clients européens. « Fort de leur partenariat historique autour du gaz, les deux parties se sont également engagées à travailler ensemble en vue de réduire leur empreinte carbone et d’évaluer de nouvelles opportunités, en particulier sur le développement de l’hydrogène », a-t-on souligné de même source. Aucune indication n’a été donnée par le communiqué de Sonatrach sur le sens de la révision du prix de vente du gaz convenu avec son partenaire ENGIE, mais, il y a quelques jours, lors d’une conférence de presse, organisée à l’issue de la présentation du bilan de Sonatrach de l’année 2021 et les cinq premiers mois de 2022, Toufik Hakkar a évoqué l’augmentation des prix mondiaux du gaz. Il a cité l’accord récemment acté avec le Groupe italien ENI, « d’autres accords sont en cours de négociation avec deux partenaires, d’autant que lors du dernier trimestre, les prix du gaz ont augmenté sur le marché Spot », a expliqué le PDG de Sonatrach. « La révision des prix se fait avec l’ensemble des partenaires de Sonatrach sans tenir compte de la nature du partenaire. Les négociations sont très avancées », a-t-il précisé. La crise ukrainienne et les sanctions contre la Russie ont créé un risque de rupture de l’approvisionnement des pays européens en gaz russe, d’où une recherche de nouveaux fournisseurs pour faire face à cette situation. Ainsi, Sonatrach a reçu des demandes émanant de pays d’Europe de l’Est qui « sont à l’étude actuellement ». Les spécialistes ont fait remarquer que ENGIE, qui avait supprimé les achats de gaz américain de ses programmes pour satisfaire les écologistes, a dû signer avec des pays européens comme la Pologne et la Bulgarie un accord de livraison de ce même gaz. Cela ne suffira pas à remplacer le gaz russe. Les dirigeants des pays européens en sont convaincus, d’où leur penchant pour la sobriété énergétique. TotalEnergies, EDF et ENGIE ont appelé les Français à un effort collectif, immédiat et massif pour «réduire «immédiatement» leur consommation de carburant, pétrole, électricité et gaz face au risque de pénurie et de flambée des prix qui menace «la cohésion sociale» l’hiver prochain. Sur RTL, la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, vient de demander aux entreprises privées « de réduire leur consommation d’énergie ». Comment? « En contrôlant le chauffage, en pilotant la climatisation. Elle ne doit pas être déclenchée en dessous de 26 degrés. C’est simple à appliquer et c’est des économies d’énergie immédiates ». Mais est-ce que cela règlera le problème du risque de pénurie face aux besoins croissants en gaz ? Elle a assuré que l’Etat préparait «tous les scénarios de risque de pénurie» d’énergie pour cet hiver que ce soit en électricité, en gaz ou en carburant. Un des scénarios de riposte pourrait être le recours au charbon. Tous, parmi les dirigeants européens, ferment les yeux sur le retour à cette énergie polluante pourtant bannie dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. Mais pour préserver l’économie de la récession et les citoyens de l’inconfort, il ne semble pas y avoir d’autre voie, pour l’Europe, que celle qui va dans le sens contraire aux engagements pris pour lutter contre les changements climatiques.
M’hamed Rebah