Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, s’est placé dans une situation délicate par sa décision sur le Sahara occidental. Le parlement le désavoue alors qu’il doit en même temps assumer la responsabilité de voir le partenariat avec l’Algérie dans le domaine du gaz, sérieusement affecté.
Des experts espagnols n’excluent pas qu’à moyen terme, l’Algérie revoit son partenariat avec Madrid et réserve ses surplus de production à d’autres pays, ce qui obligerait, selon eux, l’Espagne à chercher d’autres fournisseurs, «plus lointains et donc plus onéreux». Pourtant, un membre du gouvernement espagnol continue de considérer que «l’Algérie est un allié très important pour l’Espagne, qui apporte de la stabilité dans sa fourniture en gaz et va continuer à le faire dans le futur», espère-t-il. La déclaration, au début de ce mois, du président-directeur général du Groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, à l’APS, qui n’a pas n’exclu «un «recalcul» des prix avec notre client espagnol», a fait réagir la presse espagnole qui a relayé les préoccupations de la population quant aux répercussions sur le marché intérieur d’une hausse du prix du gaz algérien vendu à l’Espagne.
Personne dans les milieux énergétiques espagnols ne doute que Sonatrach augmentera le prix du gaz exporté vers l’Espagne. La question qui les taraude est celle qui concerne le niveau de la hausse envisagée par Sonatrach. Les responsables espagnols concernés savent que cette question ne relève pas seulement de l’aspect commercial du partenariat entre Sonatrach et Naturgy. Ils sont convaincus que la décision du Premier ministre espagnol concernant le Sahara occidental, a introduit une dimension politique dans ce partenariat. Ils en ont pour preuve le fait que la révision des prix du gaz algérien ne concerne que le client espagnol. En effet, le P-DG de Sonatrach a tenu à faire savoir que «l’Algérie a décidé de maintenir, pour l’ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects», même si «depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent».
Les quantités de gaz livrées à l’Espagne seront-elles également impactées par le revirement de Pedro Sanchez sur le dossier du Sahara occidental ? D’ici quatre ans, a annoncé Toufik Hakkar, «avec la cadence de nos explorations, nos capacités vont doubler», laissant entrevoir, a-t-il ajouté, «des perspectives prometteuses avec nos clients européens». Dans la même déclaration, il a rappelé que le groupe Sonatrach compte investir 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026 dans l’exploration, la prospection et la production. Les quantités supplémentaires de gaz algérien n’iront certainement pas à l’Espagne. Dimanche dernier, le PDG de Sonatrach a rencontré à Alger, le PDG du groupe italien Eni, Claudio Descalzi, avec lequel il a échangé sur « la question de l’approvisionnement de l’Italie en gaz » et passé en revue « les initiatives à court et à moyen terme susceptibles d’augmenter l’approvisionnement » de l’Italie via le gazoduc TransMed / Enrico Mattei. Les ennuis de Pedro Sanchez ne s’arrêtent pas là. Jeudi, le Parlement espagnol a voté une proposition réaffirmant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément aux résolutions des Nations unies, dénonçant le changement de position « unilatéral et illégal » du Premier ministre Pedro Sanchez sur le Sahara occidental.
Au cours d’intenses débats, les groupes parlementaires ont vivement dénoncé la position défendue par le Premier ministre, Pedro Sanchez, la qualifiant de « trahison » du peuple sahraoui, et exigé qu’il transmette un message « clair » au roi du Maroc que « le seul cadre que l’Espagne puisse défendre est celui de la légalité internationale soutenant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination ». Des dirigeants de la classe politique et des animateurs de la société civile en Espagne avaient fait constater, au moment des faits, que la position de Pedro Sanchez a été prise sans consultation des autres membres de son gouvernement, ce qui est grave sachant qu’il s’agit d’un gouvernement de coalition, et sans consultation de la classe politique.
M’hamed Rebah