Le nombre de contamination à la Covid-19 en Algérie a franchi la barre symbolique des 300 cas par jour. Un bilan épidémique marqué par l’apparition du nouveau variant Omicron, dont un cas a été enregistré en Algérie.
Ce mutant est plus contagieux, mais, toutefois, moins dangereux que les autres souches, selon les assurances des professionnels de la santé, qui n’ont pas manqué d’avertir qu’on fait face actuellement à un début de la quatrième vague.
En effet, malgré la stabilité ressentie ces jours-ci, l’Algérie fait face depuis plusieurs jours à la quatrième vague de coronavirus, et les semaines à venir connaitront, selon les spécialistes, une forte recrudescence des cas de contamination à cause du relâchement dans les gestes barrières contre la propagation du virus et le manque de responsabilité chez l’individu et les autorités. Dans ce cadre, le président du Conseil national de l’Ordre des médecins, Dr Mohamed Bekkat Berkani, estime que la situation sanitaire s’aggravera davantage durant les jours à venir. Il prévoit, en effet, une « forte augmentation des contaminations d’ici une semaine », et ce, à cause de l’absence des mesures préventives. Du coup il dira dans une déclaration de presse que« contrairement à la 3ème vague qui avait atteint rapidement son pic, la courbe des contaminations durant la 4e vague augmente progressivement », actuellement, ajoute le même médecin, « nous constatons, certes une augmentation des cas, mais sans pour autant atteindre le pic. Cela est probablement lié à la contamination d’un bon nombre d’algériens durant la précédente vague à hauteur d’environ 40%, ce qui a engendré une éventuelle immunité naturelle ». Cette accalmie est également due, poursuit-il, à la vaccination de plus de 27% de la population contre la covid-19 et le fait qu’un nombre important des contaminés durant la 3ème vague n’étaient pas diagnostiqués. Pour ce qui est de la situation épidémiologique actuelle, le président de l’Ordre des médecins prévoit « le pic de la 4ème vague dans une semaine ou au plus tard dans 10 jours ». À ce propos, il estime que cela interviendra à cause des rassemblements de personnes à travers le pays ces derniers jours. Ainsi, il ajoute que tous les indicateurs augurent que nous serons incessamment au rendez-vous avec le pic des contaminations. « La courbe actuelle ne tardera pas à être ascendante vu le non-respect des mesures préventives dans les lieux bondés… » Concernant l’éventualité d’une propagation de nouveau variant Omicron, Bekkat Berkani estime que « le fait que ce nouveau variant ait déjà fait son entrée en Algérie, nous sommes menacés par sa forte propagation durant les jours à venir ». Or, il précise que sa dangerosité n’est pas encore confirmée, d’autant que les données et les études disponibles jusqu’à présent affirment qu’il est moins dangereux et moins virulent que les précédents.
Pr Sanhadji : « Omicron est moins virulent » …
De son côté le président de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS), Pr. Kamel Sanhadji a indiqué que la lutte doit être concentrée « en priorité » sur le variant Delta, dont l’évolution et les dégâts sont connus, et qui risque d’avoir une « forte » propagation, appelant à plus de « vigilance » d’autant que la vaccination en Algérie demeure « très faible ». Quant au nouveau variant Omicron, le professeur Kamel Sanhadji a tenu à relever que ce variant, détecté pour la première fois en Afrique du Sud, « est visiblement moins virulent », et ce «en dépit de sa propagation rapide, son impact reste limité », précisant que depuis son apparition, ce variant n’a fait aucun mort en Afrique. Il a déclaré, à ce titre, que l’on s’installe dans la 4e vague et que tous les éléments indiquent qu’on aura une « forte, voire une grave propagation du variant Delta », relevant par ailleurs que les contaminations seront « graduellement ascendantes » pour atteindre leur pic, « probablement vers la fin janvier début février » de l’année prochaine. Pour sa part, le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie, Fawzi Derrar, a affirmé que depuis l’enregistrement du 1er cas de variant omicron la semaine dernière, l’IPA n’a enregistré aucun autre cas. « Nous n’avons enregistré aucun autre cas de variant omicron et l’institut est toujours dans la recherche de nouveaux cas via les tests et autres recherches », a précisé le premier responsable de l’institut en charge de suivi des variants en Algérie.
… et « pas plus dangereux que le Delta », selon Pr Derrar
Pour ce qui est de la férocité du variant, l’intervenant a indiqué que les données disponibles confirment qu’Omicron se transmet rapidement et pénètre facilement dans les cellules respiratoires, mais atteint à peine les cellules pulmonaires. « On peut dire qu’il n’est pas plus dangereux que « Delta », selon lui. Dans ce sens, il explique que cela reste lié à la nature de la transmission d’une personne à une autre. Ce qui requiert le retour aux mesures restrictives limitant sa propagation, à savoir les protocoles sanitaires et la vaccination.
Expiration imminente d’une importante quantité de vaccins
Dans ce même registre et face à cette situation, le Dr Lyes Akhamoukh, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de Coronavirus a indiqué que «la vaccination n’aura aucune utilité si l’épidémie se propage et s’aggrave, car l’efficacité du vaccin n’apparaît sur la personne qu’après une certaine période, un mois environ. La propagation du variant Omicron en Algérie n’est qu’une question de temps, d’où la nécessité d’imposer le pass sanitaire pour atteindre l’immunité collective et rompre la chaîne de transmission du virus.» Par ailleurs le même médecin a abordé le sujet de la réticence à se faire vacciner, précisant que devant cet état de fait des quantités importantes de vaccin verront leurs délais expirer à la fin de l’année, soit dans quelques jours seulement, confie-t-il, non sans regretter, le gel d’un accord conclu par le ministère de la Santé pour l’acquisition de 15 millions de doses de vaccin Sinovac. «Cette réticence accompagnée du relâchement des gestes barrières, malgré les mises en garde des spécialistes, constitue une véritable préoccupation pour les pouvoirs publics. Une situation de plus en plus inquiétante surtout avec les indicateurs prouvés annonçant le début de la quatrième vague et l’apparition du variant Omicron connu pour sa transmission rapide.»
Sarah Oubraham