Comme annoncé la semaine dernière, huit syndicats du secteur de la santé regroupés en une coalition sont allés hier jusqu’au bout de leur menace. Ils ont organisé une action de contestation nationale caractérisée par un arrêt de travail au niveau des différentes structures de santé du pays, et des rassemblements notamment au niveau de l’hôpital N’fissa Hamoud (ex-Parnet) à Alger. Les engagements pris par le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, de résoudre les problèmes du secteur peinent, semble-t-il, à convaincre les professionnels des différents corps. Bien que des rencontres de concertation aient été tenues tout au long des mois d’octobre et de novembre passés, ceux-ci n’ont en effet pas eu l’effet escompté. Pour preuve, une dizaine de syndicats n’ont eu que le recours à la contestation comme ultime démarche pouvant aboutir à la prise en charge de leurs revendications. Outre le SNPSP, le SNECHU et le SAP qui se sont constitués en une intersyndicale avec des revendications communes, huit autres syndicats du secteur de la santé ont créé récemment une coalition sous le nom de la CNSS avec également une plateforme de revendications communes. Il s’agit du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le Syndicat national des médecins généralistes de santé publique (SNMGSP), le Syndicat national des professeurs de l’enseignement paramédical (SNPEP), le Syndicat autonome des biologistes de la santé publique (SABSP), le Syndicat des infirmiers algériens (SIA), le Syndicat autonome des auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation de santé publique (SNAAMARSP), le Syndicat autonome des sagefemmes algériennes de santé publique (SNASFASP), et le Syndicat national algérien des psychologues (SNAPSY). Ces derniers réclament une augmentation substantielle des salaires pour faire face à l’importante érosion du pouvoir d’achat et à une inflation non maîtrisée, et ceci par l’application des mesures annoncées par le président de la République en faveur des travailleurs, avec revalorisation substantielle du point indiciaire et l’accélération de la révision des statuts particuliers des différents corps de la santé des régimes indemnitaires y afférent. La CNSS demande également dans le cadre de la concrétisation des mesures annoncées par le président de la République, l’accélération de la mise en place de l’assurance globale (100%) accordée aux travailleurs de la santé, de l’application de la bonification de l’âge de départ à la retraite en fonction des années travaillées dans la Covid-19 et du capital décès au profit des familles des travailleurs décédés dans l’exercice de leur fonction. Il s’agit, également, de l’accélération du versement de la 4e tranche de la prime Covid pour les travailleurs qui ne l’ont pas encore reçu, et des 5e, 6e, 7e et 8e tranches dans les plus brefs délais et de mettre les mécanismes nécessaires pour le versement régulier de cette prime. La CNSS demande aussi l’amélioration des conditions de travail ainsi que les conditions de sécurité des travailleurs de la santé. D’autre part, la même coalition a appelé à la levée de toutes les entraves à l’activité syndicale et l’application des instructions relatives au dialogue social du président de la République. Un appel est également lancé afin de mettre fin à la politique des «deux poids deux mesures» par la tutelle qui refuse de recevoir les représentants de la CNSS, alors qu’une audience a été accordée à l’intersyndicale. Il est essentiel de relever que du côté du ministère, les engagements quant à la résolution des problèmes du secteur ne cessent d’être pris notamment par le ministre Benbouzid. C’est sur les prochaines assises nationales de la santé qu’il compte d’ailleurs afin de mettre sur la table des discussions toutes les questions qui attendent une solution. Le ministre avait expliqué dans de récentes déclarations que huit ateliers, animés par des experts, évoluant en dehors du secteur de la santé, seront mis sur pied à l’occasion de ces assises, et devront permettre d’apporter un regard extérieur, neutre et impartial, capable d’aider à diagnostiquer les problèmes réels du système de santé et les changements à introduire. Il faut noter toutefois que le travail de ces experts ne peut se faire sans la concertation et la participation des différents acteurs du secteur de la santé notamment les sydnicats et représentants des travailleurs.
Ania Nch.