La plateforme Netflix a obtenu dimanche la consécration qui lui échappait depuis tant d’années: sa production «The Crown», qui retrace de manière romancée la vie de la famille royale britannique, a décroché l’Emmy Award de la «meilleure série dramatique» et raflé tous les prix d’acteurs dans sa catégorie.
Côté comédie, c’est «Ted Lasso» qui remporte le titre, avec également des Emmy Awards, équivalent des Oscars de la télévision américaine, pour trois de ses acteurs. Netflix réussit même un doublé pour cette 73e édition grâce au «Jeu de la Dame» qui a mis échec et mat ses concurrentes en remportant le trophée de la meilleure mini-série avec ce succès planétaire. La plateforme de vidéo à la demande récolte un total de 44 Emmy Awards cette saison, égalant le record établi par la chaîne CBS en 1974, quand les séries étaient exclusivement diffusées sur les ondes hertziennes et leur fréquence hebdomadaire. Depuis son lancement en 2007, Netflix avait collectionné les nominations sans remporter jusqu’à présent d’Emmy Award dans les catégories les plus prestigieuses. Les stars du petit écran s’étaient réunies dimanche à Los Angeles pour la première fois depuis le début de la pandémie sur le plateau des Emmy Awards, avec une jauge réduite à 500 invités triés sur le volet et des mesures sanitaires très strictes. Une grande partie de l’équipe de «The Crown» n’avait pu faire le déplacement et suivait la remise des prix depuis Londres via une liaison satellite. «Je n’ai pas de mots, je suis très, très reconnaissant», a lancé le créateur de la série, Peter Morgan. La quatrième saison de cette série très populaire dépeint le mariage houleux entre la princesse Diana et le prince Charles, incarné par le Britannique Josh O’Connor. «Tourner +The Crown+ a représenté les deux années de ma vie les plus gratifiantes», a lancé l’acteur, sacré dans la catégorie série dramatique. Sa compatriote Olivia Colman, qui joue la reine Elizabeth, s’est quant à elle royalement imposée en tant que meilleure actrice, face notamment à sa camarade Emma Corrin, qui tenait le rôle de la princesse Diana. La série a également été primée pour ses seconds rôles, dont Gillian Anderson (l’agent Scully de «X-Files») pour son interprétation de Margaret Thatcher, ainsi que pour le scénario et la réalisation. Si l’on ajoute des récompenses dans des catégories techniques déjà décernées, la production Netflix a reçu au total onze Emmy Awards, à égalité avec «Le Jeu de la Dame» et à un trophée seulement du record établi par «Game of Thrones».
Portion congrue pour la diversité
Après un hommage en musique au rappeur Biz Markie, mort cet été, les premières récompenses de la soirée étaient allées à la comédie «Ted Lasso» d’Apple TV+, avec des Emmys pour des seconds rôles à Hannah Waddingham et Brett Goldstein. Jason Sudeikis, qui incarne le personnage principal, avait obtenu un coup du chapeau un peu plus tard en devenant «meilleur acteur dans une comédie» pour cette série qui met en scène un entraîneur de football américain totalement perdu lorsqu’il passe aux commandes d’une équipe de ballon rond anglaise. «Ted Lasso» s’est finalement imposé dans cette catégorie où la série faisait office de grand favori cette année. La production Apple TV+ a toutefois concédé les Emmy Awards du scénario et de la réalisation, arrachés par la série HBO «Hacks», avec Jean Smart en diva de Las Vegas sur le retour, élue meilleure actrice dans cette catégorie. Côté mini-séries, la victoire a échappé à Anya Taylor-Joy pour «Le Jeu de la dame», battue par la star Kate Winslet en policière désabusée pour «Mare of Easttown» (HBO). «Je tiens à saluer mes collègues nominées car cette décennie doit être celle des femmes qui se serrent les coudes», a lancé Kate Winslet, remerciant les auteurs du show pour avoir créé «une mère d’âge mur, imparfaite et pleine de défauts… Très honnêtement, on se sent toutes reconnues», a-t-elle ajouté. Julianne Nicholson et Evan Peters ont eux aussi été primés pour cette série HBO dans la catégorie des seconds rôles. Si les femmes ont été à l’honneur, la diversité a laissé à désirer: les douze Emmys pour les meilleures acteurs et actrices, ou second rôles dans les catégories les plus en vue sont allés exclusivement à des protagonistes blancs. De quoi alimenter une nouvelle fois les critiques récurrentes contre les grands rendez-vous hollywoodiens comme les Oscars et les Golden Globes. «Emmyssowhite» (Emmy si blancs), titrait ainsi le site spécialisé The Wrap, relevant que des artistes de couleur concouraient pourtant dans «quasiment toute les catégories».