Un observatoire des journalistes du Maghreb et d’Egypte de soutien à la lutte du peuple sahraoui a été créé, dimanche au camp des réfugiés Chahid El Hafidh, par les participants à un colloque sur la place de la question sahraouie dans les médias arabophones.
Il s’agit d’un observatoire qui regroupe des journalistes issus d’Algérie, de la Mauritanie, de l’Egypte et la Tunisie, qui travaillera en réseau pour vulgariser la question sahraouie à travers la presse arabophone éditée dans les pays de la région.
L’ambition des participants à ce colloque, organisé conjointement par le Bureau de Conseil chargé des Affaires arabes auprès de la Présidence de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et le Réseau des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui, est de mettre sur pied cet observatoire qui fera office d’une « veille informationnelle » sur les contenus journalistiques relatifs à la question sahraouie dans les médias nord-africains. Les participants ont également mis l’accent sur l’importance des nouveaux médias et les réseaux sociaux pour sensibiliser les citoyens de la région à la question sahraouie, relevant que la révolution numérique a permis de lever « le monopole » sur les médias et de produire des contenus « susceptibles de faire avancer la cause du peuple du Sahara occidental parmi l’opinion ».
Ils ont, en outre, souligné la nécessité d’organiser d’autres rencontres pour une adhésion plus large des journalistes nord-africains à cet observatoire, et d’œuvrer dans le sens de la sensibilisation des médias « neutres » à la question sahraouie.
La question sahraouie est quasi-inexistante dans les médias arabophones à travers le Monde, si elle n’est pas sanctionnée par un traitement favorable à la colonisation marocaine, ont relevé, dimanche à Chahid El Hafidh, des
participants à un colloque dédié à la place de la cause sahraouie dans la presse arabophone. Le ministre sahraoui de l’information, Hamada Salma Daf, a déploré dans son allocution d’ouverture de ce colloque, le « blackout »imposé à la question sahraouie dans les médias arabophones, tout en estimant que ces médias manquent « visiblement de crédibilité ».
Il a mis, par contre, l’accent sur l’expérience des médias algériens avec la question sahraouie depuis le début du conflit, suite à l’invasion marocaine des territoires sahraouis en 1975, notant que ces médias ont œuvré « à lever l’embargo imposé à la lutte sahraouie par certaines puissances qui protègent le colonialisme marocain ».
Le directeur de la chaîne internationale de la Radio algérienne, Abdelkader Boudjella, a expliqué à l’assistance que la presse algérienne a acquis une expérience dans le traitement de l’information liée à ce conflit, soulignant « la pertinence » de la réaction de cette presse à la
tournure prise par les événements au Sahara occidental suite à l’agression par les forces armées marocaines de la localité d’El Guergarat. Le président du réseau algérien solidaire avec le peuple sahraoui a pour sa part rappelé que les médias ayant fait campagne pour ce que l’on a appelé « printemps arabe » et qui ont conduit à la disparition de l’État, comme c’est le cas en Libye, « ont globalement ignoré la répression des citoyens sahraouis à Gdeim Izik, en dépit du fait que ces évènements ont eu lieu bien avant les révoltes arabes provoquées ». Pour ce qui est des médias arabophones (occidentaux), a-t-il ajouté, leur traitement de la question sahraouie « découle d’une ligne éditoriale complètement inféodée aux thèses marocaines, en se basant sur une prétendue neutralité qui met en veilleuse la légalité internationale et le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination ». Le journaliste algérien, Fawzi Aït Ali, a mis l’accent, quant à lui, sur les pratiques des médias marocains contraires à l’éthique et à la déontologie du journalisme, en recourant dans certains cas, a-t-il précisé, aux fake news.
Il a illustré son jugement, en rappelant la fausse information sur une prétendue reconnaissance de l’Afrique du Sud de « la marocanité du Sahara occidental, vite démentie par ce pays », et « les manœuvres militaires touchant à des localités sahraouies sous occupation, que le Pentagone a aussitôt démenti ».
Le journaliste du quotidien algérien arabophone Echourouk, Rachid Ould Boussiafa a indiqué, pour sa part, que le traitement par les médias algériens (publics ou privés) de la question sahraouie a connu un développement « remarquable » depuis le retour aux armes dans ce conflit le 13 novembre 2020, au point où, a-t-il expliqué, que les informations sur le Sahara occidental sont souvent diffusées dans la rubrique évènement au lieu de la rubrique internationale.
Intervenant par visioconférence, des journalistes arabes, à l’image de l’Egyptien Hamdi El Hosseini, des Mauritaniens Isamil Ould Cheikh Sidya, Cheik El Bakay, ainsi que le cinéaste et journaliste tunisien, Akram El Mansour, ont fait le même constat sur « l’absence d’intérêt des médias de leurs pays pour la question sahraouie », appelant à « davantage » de contacts pour changer cette situation.
C’est dans ce sens que la responsable des Affaires arabes auprès de la Présidence de la RASD, Nanna Rachid, a insisté, dans son intervention, sur la nécessité de « redoubler les efforts dans la production de contenus relatifs au Sahara occidental orienté vers le Monde arabe pour sensibiliser l’opinion publique ». « Nous ne cherchons pas à avoir une presse d’opinion qui soutient le peuple sahraoui dans ce conflit, mais, plutôt à pousser ces médias à œuvrer dans la neutralité pour rapporter objectivement les faits », a-t-elle souligné.
M. B.