La mort s’est banalisée ces derniers temps et des vies humaines, parfois à la fleur de l’âge sont happées par la faucheuse. Les accidents de la circulation, les noyades aussi bien en mer que dans les retenues d’eau, les accidents domestiques, les intoxications alimentaires et même les asphyxies mortelles dues au monoxyde de carbone sont autant de causes citées dans les bilans de la Protection civile que dans la rubrique faits divers des médias nationaux.
Nos routes par manque de respect du Code de la route, par inconscience et même par la faute d’équipements défectueux sont devenus rouge sang. La mort guette à chaque virage, à chaque intersection. S’aventurer sur nos routes est devenu un exercice à hauts risques tant les comportements de certains chauffards sont intolérables. Une famille composée de près d’une trentaine de personnes, qui revenait d’une sortie en mer dans la wilaya de Jijel a sombré dans le drame quand le bus qu’elle occupait a été percuté par un camion dans la wilaya de Constantine. On déplore dans ce drame de la route 18 morts et 11 blessés à des degrés divers de gravité. Sur la route du Tanezrouft dans la wilaya d’Adrar, 9 personnes ont péri carbonisées après la
collision de leur bus avec un véhicule poids lourd. C’est un
véritable massacre qui se déroule sur nos routes transformées en mouroirs. Les pouvoirs publics doivent aller au-delà de la sensibilisation car ce qui s’y passe est un homicide avec préméditation. Quand on charge un bus de passagers pour parcourir des centaines de kilomètres avec un frein défectueux c’est plus que de la négligence. Quand on crapahute sur les pistes du sud dans un bus, acheté d’occasion d’un pays étranger où il avait été retiré de la circulation et reformé, et qu’on confie le voyage à un seul chauffeur sans penser qu’après des heures de volant sa concentration et ses réflexes vont s‘émousser, c’est un meurtre avec préméditation. Depuis la privatisation du transport public des voyageurs, les drames de la route ont connu une nette augmentation. Les pouvoirs publics doivent reprendre les choses en main par une stricte application des dispositions du cahier de charges qui codifie l’activité de transporteur.
Le monoxyde de carbone tue même en été
Il y’a quelques jours, deux familles ont été décimées à Alger et Constantine. Le monoxyde de carbone qui se dégageait de chauffe-bains défectueux est à l’origine de ces drames. Généralement, ce genre d’accidents est courant en hiver quand les appareils de chauffage sont utilisés. Mais aujourd’hui, avec ces dernières tragédies, le débat sur la conformité des équipements, des installations et des travaux de maintenance est relancé. Des appareils électroménagers sont importés de l’étranger et introduits sur le marché national sans prendre la peine d’un contrôle aux frontières. Les services des douanes et de contrôle de l’activité commerciale sont tenus de veiller au respect des normes de sécurité pour tout équipement devant être introduit sur le territoire national. Il y’a quelques années, les rayons des
commerces étaient pleins d’appareils de chauffage chinois, censés recycler les gaz d’échappement. Ces derniers ont été à l’origine de dizaines de drames et sans une réaction, certes tardive des services de contrôle du commerce, ils auraient pu faire un génocide dans le pays.
Les noyades, des chiffres alarmants
Aujourd’hui on se noie aussi bien en mer que dans les retenues d’eau, des barrages ou de simples bassins de rétention.
Le dernier bilan de la Protection civile faite état de 24 cas de décès par noyade en mer à travers les wilayas d’Oran (5 personnes), Skikda (4 personnes), Jijel (4 personnes), Annaba (2 personnes), Ain Témouchent (2 personnes) Tizi Ouzou (2 personnes), Boumerdes (1 personne), Bejaia (1 personne), Tipaza (1 personne), El Tarf (1personne) et Mostaganem (1 personne). Le bilan fait également état du décès de quatre enfants noyés dans des réserves d’eaux à travers les wilayas d’Adrar (2 enfants) dans une mare d’eau, la wilaya d’El Tarf (2 autres enfants). C’est un véritable problème qui engage aussi bien la responsabilité des pouvoirs publics que celle des parents qui doivent interdire à leurs enfants de se baigner dans des endroits à risque. Et ce bilan dramatique ne mentionne pas les nombreux autres décès de harraga morts en tentant la traversée vers l’Europe. Récemment quatre jeunes de la wilaya de Chlef ont péri noyés ainsi que trois autres de la wilaya de Tiaret. C’est dire que les chiffres font froid au dos. Et si on ajoute à ce décompte macabre, les décès par intoxication alimentaire, ou ceux encore dus à des incendies, ou à cause de la Covid-19, on se retrouve devant un triste constat. La vie humaine semble ne plus valoir cher. L’été est synonyme de fête et de farniente, mais il est aussi synonyme de drame qui se déroule sur nos plages, nos routes et nos campagnes. Il est temps de prendre conscience que les vies fauchées à la fleur de l’âge, sont une richesse et des projets de citoyens qui auraient pu apporter beaucoup à la collectivité n’était la mort qui les guettait.
Slimane B.
13 PERSONNES NOYÉES ET 11 DISPARUES EN UNE JOURNÉE
Quand les vacances tournent au drame
À peine la saison estivale entamée que le nombre de décès par noyade va crescendo. Sensé pourtant être la destination idéale pour les vacanciers, en ces périodes de fortes chaleurs, les journées en mer peuvent toutefois tourner au drame suite à un manque de vigilance et à la nage dans des zones interdites à la baignade.
En effet, rien que pour la journée de vendredi 9 juillet, 13 personnes ont trouvé la mort par noyade dans différentes plages du pays, alors que 11 autres personnes sont portées disparues. À Jijel, et durant la même journée, trois victimes âgées de 15, 17 et 19 ans toutes originaires de la wilaya de Batna ont été repêchées dans une zone rocheuse interdite à la nage située dans la commune d’El-Aouana. À Boumerdès, un autre cas de noyade a été enregistré à corso. Il s’agit d’une personne âgée de 54 ans repêchée morte, alors que les recherches de deux personnes disparues se poursuivent toujours à Zemmouri. À noter que c’est la wilaya de Skikda qui a enregistré le plus grand lot de noyades avec six cas, dont deux personnes décédées âgées de 16 et 17 ans. Un autre cas de noyade a été enregistré à Béjaïa, un cas à Oran, et 4 autres cas à El-Tarf. Il faut dire que ce record en nombre de victimes par noyade devrait être un motif pour l’intensification des campagnes de sensibilisation sur les risques des baignades dans les zones interdites. Il y a lieu aussi de prolonger les horaires de surveillance au niveau des plages, et de former plus de maîtres nageurs, car la plupart des noyades ont eu lieu en dehors des horaires de surveillance. Il est essentiel de noter, par ailleurs, que les noyades n’ont pas lieu uniquement en mer. Dans beaucoup de villes et encore plus en milieu rural, là où les piscines publiques sont inexistantes et les bassins insuffisants pour accueillir tous ceux qui ne peuvent se permettre d’aller en bord de mer, les gens se rabattent vers les barrages et les oueds et ce au détriment de leur sécurité.
Durant la période de mai à juin 2021 plus de cinquante personnes, en majorité des enfants, se sont noyées dans ces plans d’eau, et ce en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisations menées notamment par les éléments de la Protection civile chaque année.
Ania Nch