Le Maroc, qui est arrivé au bout de son argumentaire pour justifier son rapprochement avec Israël, est en train de faire la promotion de la dynamique de normalisation de ses relations avec l’État hébreu. Récemment, le makhzen a organisé une tournée au profit de tours operators israélien, à travers le pays pour leur faire découvrir les charmes du pays et leur permettre de tenter une campagne de sensibilisation auprès des démunis marocains, notamment ceux du Rif, qu’il veut désolidariser du mouvement d’émancipation de cette région dont les animateurs croupissent en prison. Dans ce cadre, des blogueurs marocains ont relayé une vidéo montrant des membres de l’ambassade israélienne au Maroc distribuant le couffin du Ramadhan aux démunis. Les opposants à la politique du Makhzen n’ont pas manqué de railler cette initiative en affirmant que le chef du gouvernement marocain Saadeddine Otmani, en panne d’inspiration pour faire face à la grogne qui enfle dans son pays, a battu le rappel des fonds israéliens pour gagner la paix sociale et différer, en attendant les prochaines législatives, une explosion, devenue inéluctable selon plusieurs analystes.
Pire encore, le makhzen ne s’est pas empêché de verser dans la provocation de l’Algérie, en organisant une visite d’une délégation de tours operators israéliens dans la région du nord à Saïdia et ses environs en leur faisant une halte, tout juste en face des frontières avec l’Algérie, (Bine Lajraf, ndlr), pour se livrer à une séance photos et en entonnant haut et fort vive le roi Mohamed VI. Et cet acte ridicule n’a pas échappé aux opposants marocains qui ont réagi promptement en le dénonçant avec véhémence.
L’opposant Ali Lamrabet, qui a posté sur sa page une vidéo de la visite n’a pas manqué de commenter en affirmant que le Makhzen a usé du Khawa-khawa (frères) entre marocains et israéliens pour faire la promotion de la dynamique de normalisation des relations avec l’entité sioniste. Cette délégation a fait même une halte dans la ville marocaine, frontalière de Oujda pour rencontrer des investisseurs marocains, endettés par des crédits contractés il y a des années et dont les projets n’ont pas vu le jour en raison de la fermeture, en 1994, des frontières terrestres avec l’Algérie. On parle d’un plan de rachat des dettes de ces investisseurs pour relancer ces projets abandonnés grâce à des capitaux israéliens. Cet activisme du Makhzen n’a pas échappé à des opposants marocainsqui se sont déplacés dans la région frontalière de Bine Lajraf pour poser avec les emblèmes palestinien et marocain, et crier haut et fort leur rejet de la normalisation des relations avec l’État hébreu et leur soutien indéfectible à la cause palestinienne. Cette offensive du makhzen est justifiée, selon plusieurs analystes, par la volonté de Rabat d’influer sur la position de Joe Biden concernant la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. La prochaine visite du ministre marocain des affaires étrangères, Nacer Bourita à Washington sera l’occasion, pour lui, de rencontrer des membres influents du Congrès américain. Il emportera dans ses bagages des membres de l’association naissante d’amitié isarélo-marocaine, la MIFA.
Il compte sur l’appui de cette association pour faire aboutir le lobbying qu’il compte mettre en œuvre à l’occasion de cette visite pour influer sur la décision du président Biden et le pousser à ne pas reconsidérer la position des USA concernant sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental. Et en attendant, le gouvernement islamiste de Othmani se retrouve aujourd’hui prisonnier de sa logique de compromission avec le Makhzen et certains cercles du palais qui sont en guerre avec d’autres clans pour la succession de Mohamed VI. Il tente, en prévision des prochaines législatives, de se dédouaner et regagner l’opinion publique, locale et étrangère pour ne pas se voir supplanté par les partis du courant nationaliste qui sont en train de gagner du terrain.
Slimane B.