Le gouvernement libyen d’unité nationale a appelé la Turquie à œuvrer et coopérer pour le départ des mercenaires et forces étrangères présentes en Libye, condition incontournable pour conforter et consolider le cessez-le-feu, en vigueur, et partant la tenue des élections générales, en Libye, prévues le 24 décembre prochain. La cheffe de la diplomatie libyenne, Najla al-Mangoush a déclaré , en effet, « nous appelons la Turquie à coopérer avec nous pour mettre fin à la présence de toutes les forces étrangères et des mercenaires afin de préserver la souveraineté de la Libye », lors d’une conférence de presse avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, en visite à Tripoli.
Ne manquant pas de souligner « l’importance » de la contribution de la Turquie, à la cessation des combats et « à la stabilisation du cessez-le-feu dans tout le pays », la ministre libyenne des Affaires étrangères a lancé l’appel à Ankara de procéder au retrait « des mercenaires et forces étrangères présentes en Libye », lundi dernier, à partir de la capitale libyenne, lequel appel va sans nul doute être réitéré à d’autres acteurs étrangers. Des acteurs ayant eu recours, comme la Turquie, à l’envoi de soldats et de mercenaires, en Libye, pays piégé durant près de dix ans, par des conflits et des violences armées, jusqu’à l’éclatement de la guerre entre des rivaux libyens, sur fond d’intérêts de pays étrangers, se disputant la primauté du contrôle de la Libye, pour ne citer que la Turquie, la France, les Émirats arabes unis, le Qatar, l’Arabie saoudite et la Russie. Lors d’une conférence de presse avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, en visite à Tripoli, Mme Mangoush a souligné, lundi, « l’importance de la contribution de la Turquie à la cessation des combats et à la stabilisation du cessez-le-feu dans tout le pays ». De son côté le ministre turc a pour sa part critiqué, « ces voix qui se font entendre et qui mettent sur un pied d’égalité la présence turque en Libye et celle de groupes illégitimes ». Rappelant encore une fois, que la coopération entre Ankara et Tripoli dans le cadre d’un accord militaire signé fin 2019, du temps du gouvernement de Fayez Esseradj, a « évité à la Libye de sombrer dans une guerre civile » le Mae turc dira que « notre soutien a ouvert la voie au cessez-le-feu et à l’installation d’un nouvel exécutif politique unifié », a-t-il ajouté, rappelant que son pays avait été « aux côté des Libyens dans les moments difficiles », alors que le pays était disputé par deux camps d’acteurs libyens, l’un et l’autre soutenu , respectivement par des acteurs étrangers, selon leurs intérêts respectifs, en opposition de ceux du peuple libyen et de leur pays. Dans ses efforts, depuis la Conférence de Berlin, aboutissant à l’accord d’un cessez-le-feu et du dialogue politique inter-libyen, sanctionné par une feuille de route, les libyens craignent de voir, encore une fois, les interférences et les ingérences étrangères, via des acteurs locaux et la non mise en œuvre effective du départ de Libye, des mercenaires et des soldats étrangers, estimé par les Nations unies à 20 000 personnes. L’appel précité de la ministre étrangère libyenne intervient, faut-il le noter, au lendemain de la réunion du Conseil de sécurité, jeudi dernier, la première qu’il a consacré au risque qu’encours la Libye, de la présence de mercenaires et de soldats étrangers en Libye, insistant sur l’urgence de leur départ du territoire libyen.
L’ambassadeur américain pour la Libye, Richard Norland «Sous l’administration Biden: les États-Unis vont accroître leur engagement diplomatique et réaffirmer leur intérêt à trouver une solution politique en Libye »
Si, avant le processus politique et l’accord du cessez-le-feu, en Libye, le conflit armé et la guerre dans ce pays était visiblement menée par des acteurs libyens représenté par deux camps, sur fond du rythme des divergences et des luttes entre acteurs étrangers, tous deux membres de l’Otan, la Turquie soutenant, le gouvernement de Fayez Esseradj et la France appuyant le maréchal Khalifa Haftar, ces dernières semaines, les tensions entre Washington et Moscou, risquent de se manifester sur le terrain libyen, si on se réfère aux déclarations de l’ambassadeur américain pour la Libye, Richard Norland. Entamant, fin avril dernier, une tournée européenne pour des consultations avec les alliés des États-Unis, soit les membres de l’Otan, le diplomate américain rapportent des médias occidentaux, a rencontré des diplomates britanniques à Londres avant de consulter des responsables français, de l’Elysée, du Quai d’Orsay et du ministère des Armées. L’ambassadeur Richard Norland a eu aussi, selon la même source, à rencontrer l’ex-envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, qui, avant sa démission de ce poste, a joué un rôle dans la mise en place des conditions du dialogue interlibyen. Le diplomate américain devra aussi rencontrer, rapportent des médias étrangers, les responsables italiens dans le cadre de sa mission, qu’il poursuivra en se rendant au Moyen-Orient. Ces déclarations sur la Libye, rapportent les mêmes médias, portent essentiellement sur le risque du maintien des mercenaires en Libye, citant souvent, dans ses propos, la société militaire russe Wagner. , « Sous l’administration Biden, les États-Unis vont accroître leur engagement diplomatique et réaffirmer leur intérêt à trouver une solution politique en Libye » a confié, Richard Norland au journal français l’Opinion. Le retour de Washington au-devant, sur le dossier libyen, après des années durant, d’une gestion indirecte, par ses alliées , membres et non membres de l’Otan a été motivé, selon des experts, par la présence de la société militaire russe, qui a prêté son concours au maréchal Haftar, lequel bénéficiait déjà, faut-il le rappeler, du soutien de la France. Dans la course de rivalité entre les États-Unis et la Russie, qui se joue, déjà, depuis plus de dix ans, sur le terrain syrien, il est à craindre de voir cette rivalité se manifester d’une manière plus affichée et plus visible, sur le terrain libyen, ce qui ne sera pas sans impact et risques sur le processus en cours en Libye, sur fond des luttes stratégiques et d’influence, en Méditerranée, en Afrique en général et la région nord-africaine et sahélo-sahélienne en particulier. Et toute présence étrangère, de mercenaires et de soldats étrangers, en Libye et même ailleurs, continuera d’alimenter et de susciter des tensions et des situations de violences, conditions favorisant le chaos, principale obstacle à tout retour de la vie politico-institutionnelle, en Libye.
Karima Bennour