Usines à oxygène envoyées par Paris, respirateurs par Londres… L’aide internationale continue d’affluer en Inde, aux hôpitaux submergés tandis que la France et la Grèce assouplissent prudemment leurs mesures sanitaires.
En première ligne face à la pandémie avec le Brésil, l’Inde a enregistré 370.000 nouvelles contaminations en 24 heures. Le pays a été endeuillé par 3.400 décès supplémentaires en 24 heures, ce qui porte le bilan total à plus de 219.000 morts pour près de 20 millions de contaminations. De l’aide internationale, sous forme d’équipements médicaux et de générateurs d’oxygène, est arrivée ce week-end de France et d’Allemagne, après une première livraison vendredi des Etats-Unis. «Les gens meurent parfois devant les hôpitaux. Ils n’ont plus d’oxygène. Parfois ils meurent dans leurs voitures» a expliqué l’ambassadeur allemand en Inde, Walter J. Lindner. Le Royaume-Uni a promis d’envoyer 1.000 respirateurs supplémentaires dans ce vaste pays de 1,3 milliard d’habitants. L’Inde a étendu samedi la vaccination contre le Covid-19 à tous les adultes, soit quelque 600 millions de personnes. Mais plusieurs Etats sont à court de vaccins, malgré un gel des exportations des doses produites localement.
Confinement prolongé à Delhi
Pour alléger la pression sur les hôpitaux de la ville, qui manquent de lits, de médicaments et d’oxygène, les autorités de New Delhi ont prolongé de nouveau d’une semaine le confinement, qui devait s’achever lundi, dans la mégapole de 20 millions d’habitants. Comme de nombreux autres pays, le Nigeria a annoncé dimanche restreindre l’accès à son territoire aux voyageurs venant d’Inde, mais aussi du Brésil et de la Turquie, également très touchés par une flambée épidémique. Voisin de l’Inde, le Pakistan a fermé ses frontières terrestres avec l’Iran et l’Afghanistan et va suspendre mercredi pour deux semaines 80% de ses liaisons internationales, avant la fête musulmane de l’Aïd el-Fitr le 13 mai, occasion habituellement de grands déplacements de population et de retour des Pakistanais travaillant à l’étranger. Le pays, qui a déjà enregistré 18.000 morts et 800.000 cas, fait face à une troisième vague de l’épidémie.
Retour des lycéens dans les classes
Au total, la pandémie de Covid-19 a fait plus de 3,19 millions de morts dans le monde depuis son apparition, sur plus de 152 millions de contaminations confirmées, selon un bilan de l’AFP dimanche. L’Amérique latine est également frappée de plein fouet, à commencer par le Brésil, où la vaccination n’a toujours pas décollé, qui a enregistré dimanche 1.202 nouveaux décès. Le pays de 212 millions d’habitants déplore au moins 407.639 morts, ce qui en fait le deuxième plus endeuillé au monde derrière les Etats-Unis (plus de 576.000 morts). Alors que le pape François a lancé samedi un «marathon de prières» – qui sera relayé par 30 sanctuaires à travers le monde – pour la fin de la pandémie, l’Europe et les Etats-Unis espèrent reprendre une vie normale d’ici l’été, grâce à l’accélération de la vaccination. La France commence à desserrer prudemment ses mesures lundi, avec la fin des restrictions de déplacement et le retour partiel des collégiens et lycéens en classe, sur fond de lente décrue des hospitalisations. Les lycéens font leur rentrée en demi-jauge, avec une alternance de classes en présentiel et distanciel. «Le présentiel c’est beaucoup mieux que le distanciel, j’arrive à suivre, j’ai les profs, j’ai les exos à faire. Je me sens plus motivé qu’en distanciel où j’ai le lit, je suis dans ma chambre, ça donne beaucoup envie de dormir, on a beaucoup de distractions», explique Edval Muniz Neto, élève en terminale de 19 ans à Paris. Ce retour dans les classes et la levée des restrictions de déplacement actent le début du déconfinement en quatre étapes voulu par Emmanuel Macron. La prochaine étape est prévue le 19 mai, avec la réouverture limitée des commerces, cinémas, musées, théâtres et terrasses des bars et restaurants. Mais le corps médical appelle les Français à ne pas relâcher leur comportement, avec près de 5.600 patients du Covid restant en réanimation dimanche. Après six mois de fermeture, les cafés et les restaurants partout en Grèce ont rouvert lundi leurs terrasses, un assouplissement décidé en vue du début de la saison touristique. Pour Yannis Karagiannakis, serveur, c’est un soulagement de reprendre le travail. «J’étais à l’arrêt depuis six mois, je tournais en rond, je déprimais…». Le gouvernement grec a accéléré sa campagne de vaccination ces derniers jours, en permettant notamment aux trentenaires de se faire vacciner. Plus de 3 millions de vaccinations ont été réalisés dans ce pays de 11 millions d’habitants. En Russie, en revanche, 10 jours fériés ont été décrétés pour lutter contre un regain épidémique, du 1er au 10 mai. Aux Etats-Unis, un concert de stars à Los Angeles a collecté 53 millions de dollars pour acheter des vaccins à destination des pays pauvres. Le prince Harry, Jennifer Lopez, Sean Penn et Ben Affleck sont apparus sur scène devant des spectateurs vaccinés dans un stade californien, pour ce concert caritatif qui sera transmis à la télévision et sur Youtube le 8 mai. «Nous sommes solidaires des millions de familles à travers l’Inde, qui luttent contre une deuxième vague dévastatrice», a déclaré le prince Harry, accueilli par une standing ovation. «Le virus ne respecte pas les frontières et l’accès au vaccin ne peut être déterminé par la géographie».