La chambre basse du Parlement national aura-telle à connaître une déferlante des indépendants ? C’est du moins ce que laisse penser la déclaration du président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) qui a affirmé que les postulants indépendants qui ont retiré les dossiers de candidature, avec un total de 2 989 listes, ont supplanté les listes partisanes, avec seulement 1 755 listes. Quoi que tout ne soit pas encore joué tant les listes définitives ne sont pas validées, une lecture de ces chiffres laisse craindre l’élection d’une Assemblée nationale sans couleur politique. Ceci laisserait la porte ouverte devant une guerre des partis pour de possibles alliances, pour former une majorité qui pourrait briguer la Chefferie du gouvernement. L’autre crainte est celle de voir les élus indépendants basculer dans un parti, faisant ainsi basculer le rapport de force pour un parti ou un autre. Les candidatures indépendantes, lors des précédentes législatures, étaient une botte secrète pour le FLN ou encore le RND pour asseoir leur poids dans l’assemblée. Toutefois, il faut reconnaitre que ce raz-de-marée des listes indépendantes est une forme de désaveu, adressé aux partis, notamment ceux qui ont siégé à l’APN durant plusieurs années. Ces derniers, qui n’ont pas opéré de mue pour gagner la confiance du peuple. Les partis ont recouru aux mêmes pratiques et aux mêmes méthodes pour constituer leurs listes. Le FLN est le parfait exemple de l’archaïsme érigé comme méthode de travail. Balayé par un mouvement de redressement, cette formation politique a peiné pour constituer ses listes. S’appuyant sur des années d’expérience, elle n’a pas pu se départir de ses vieux réflexes et les informations recueillies à travers le pays, ont fait état de guerre ouverte entre les partisans de l’arrièregarde et ceux qui veulent arrondir les angles et débarrasser le parti de ses anciens réflexes pour satisfaire une des exigences du mouvement du 22 février. Les partis islamistes, eux, ont commencé pour leur part à pousser des cris d’orfraie en tentant, tantôt de désigner l’administration locale comme responsable de fraude annoncée. Sans fournir de preuves, Bengrina évoque des signatures achetées à coups de bidons d’huile et autres rétributions. Il porte un grave coup à l’honorabilité des Algériens en les accusant de n’être que des cupides prêts à marcher pour le plus offrant. Les partis politiques doivent savoir que coupés des réalités du pays et des aspirations des Algériens, notamment des jeunes, ils n’ont pas vu venir la vague de fond du 22 février. Aujourd’hui, il leur sera difficile de gagner en crédibilité tant leur action est un copier-coller, du FLN et du RND, qui se sont transformés, à cause des manipulations de la Issaba, en coquilles vides n’ayant aucun ancrage social. Donc, l’irruption des indépendants pourrait être annonciatrice d’un renouveau sur le plan de la pratique politique, tout comme elle pourrait servir de simple cheval de Troie qui ferait revenir le loup dans la bergerie. Les partis de l’exalliance présidentielle, rompus aux coups de Jarnac, pourraient profiter de cette situation à moins que des garde-fous ne soient mis en place dès maintenant. Slimane B.
