L’ONU a appelé mardi au compromis afin de permettre aux parties prenantes de parvenir à un accord sur le Grand barrage de la renaissance éthiopienne (GERD), après l’échec des récentes négociations entre l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan sous les auspices de l’Union africaine.
Les négociations entre les parties prenantes autour du GERD construit par Addis Abeba sur le Nil bleu, entamées samedi, à Kinshasa, ont pris fin mardi sans parvenir à un accord. Initialement prévues pour durer deux jours, dimanche et lundi, les discussions se sont clôturées mardi sans qu’un compromis soit trouvé entre les trois protagonistes, réunis sous la médiation du chef de l’Etat de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, président en exercice de l’UA.
L’Ethiopie « menace les peuples du bassin du Nil, et le Soudan directement », a déclaré Mariam Al Mansoura Elsadig Almahdi, ministre soudanaise des Affaires étrangères, à l’issue des négociations.
« Nous espérons que le jugement du président Tshisekedi puisse mettre fin à (…) ces négociations interminables et insuffisantes où la partie éthiopienne met tout le monde devant le fait accompli, d’une façon qui viole clairement le droit international et les principes de bon voisinage », a-t-elle ajouté.
« Nous parlons de prendre en compte tous ensemble les 250 millions d’âmes qui vivent dans les trois pays et leurs intérêts », a déclaré la ministre soudanaise des Affaires étrangères.
« Sans nouveau programme (pour les discussions), l’Ethiopie a un boulevard devant elle pour mettre les peuples de la région et tout le continent africain en danger imminent », a-t-elle estimé.
Dans un communiqué, Ahmed Hafez, porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué que « les derniers pourparlers parrainés par l’UA, qui visaient à sortir les négociations de l’impasse afin de parvenir à un accord sur le remplissage et l’exploitation du barrage, n’ont permis de réaliser aucun progrès en raison de divergences persistantes ».
L’Ethiopie a notamment refusé la proposition soudanaise – également approuvée par l’Egypte – de créer un comité international quadripartite dirigé par l’UA afin d’arbitrer les conflits entre le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie.
L’Ethiopie a également rejeté toutes les autres alternatives proposées par l’Egypte en vue de permettre au processus de négociation d’avancer, notamment en invitant des observateurs pour proposer de nouvelles solutions aux questions juridiques et techniques litigieuses.
« Le rejet des propositions égyptiennes, qui ont pourtant été bien accueillies par le Soudan, révèle de la part de l’Ethiopie une absence de volonté politique de reprendre des négociations de bonne foi », a-t-il affirmé.
La position inflexible de l’Ethiopie ne fera que compliquer la crise du GERD et renforcer les tensions dans la région, a ajouté M. Hafez.
Guterres souligne l' »importance du compromis et de la coopération »
« L’Egypte est prête à coopérer avec Félix Tshisekedi, président de la RDC et actuel président de l’UA, pour trouver une solution au problème du GERD qui préserve les intérêts des trois pays et renforce la stabilité régionale », a-t-il déclaré.
Dans ce contexte, l’ONU a appelé mardi au compromis et à la coopération afin de permettre aux parties prenantes de parvenir à un accord sur le GERD.
« Je pense qu’on ne saurait assez souligner l’importance du compromis et de la coopération », a estimé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
« Nous avons pris note de la conclusion des discussions à Kinshasa (en République démocratique du Congo, RDC). Nous continuons à exhorter les parties prenantes à poursuivre leurs efforts pour adopter des démarches concrètes vers la signature d’un accord à ce sujet », a-t-il dit.
Les initiatives du président de la RDC, Félix Tshisekedi, de rassembler les parties sont bienvenues. Les Nations Unies sont prêtes à appuyer ces efforts, a ajouté M. Dujarric. « Mais je pense que le message crucial, c’est la poursuite du compromis et de la coopération », a-t-il assuré.
L’Ethiopie a commencé à construire le GERD en 2011. L’Egypte craint cependant que ce barrage n’affecte les 55,5 milliards de mètres cube d’eau qu’elle reçoit chaque année du Nil. Le Soudan a récemment soulevé des préoccupations similaires à propos de ce barrage d’une valeur de 4 milliards de dollars américains, affirmant qu’il constituait une « menace directe » pour sa sécurité nationale.