Marquée par une instrumentalisation à volonté de la vidéo dans laquelle la victime a été forcée à témoigner à charge contre les services de sécurité qui l’ont arrêtés, l’affaire du mineur Saïd Chetouane continue à faire réagir les hommes de loi, parmi les plus en vue sur la scène. Ainsi, après la sortie publique du procureur général près la Cour d’Alger, qui a remis les pendules à l’heure en annonçant la poursuite de l’enquête loin de toute manipulation et surenchère politico-médiatique, le bâtonnier d’Alger, Abdelmadjid Sellini viendra dénoncer une manœuvre de parties qui cherchent à « semer le trouble dans la société algérienne », ou sinon carrément au sein du Hirak. Grave encore, sont ainsi les révélations qu’il a faites à propos du vécu du mineur, lequel, selon Me Sellini, se déplaçait de Blida, son lieu de résidence, jusqu’à Alger, pour passer la nuit, en compagnie de personnes plus âgées que lui, dans une villa sise à Aïn Benian. « Ce mineur est victime d’une manipulation », a-t-il assené, se demandant comment pouvoir imaginer que cet enfant, issus de parents divorcés, « puisse quitter son domicile familial pour passer la nuit dans une villa à Aïn Benian avec d’autres jeunes âgés de 22, 23 et 29 ans ». Et au bâtonnier de s’interroger dès lors pour savoir « qui finance cette villa et qui a mis à leur disposition (l’enfant et ses colocataires) tous les moyens pour offrir à un mineur de moins de 16 ans un logis pour passer la nuit hors de son domicile familial ? ». Réagissant hier à cette affaire, dont les auteurs de la vidéo filmée du mineur a été tournée en boucle sur les réseaux sociaux à des fins de propagande, maître Sellini ne pense pas moins que le procédé est digne d’une manipulation à travers laquelle on cherche « à provoquer une crise sociétale pour amener les Algériens à s’entretuer ». Rien que ça ! Même s’il se garde de citer nommément les parties ciblées, Me Sellili, en évoquant le propos « s’entretuer » fait allusion aux nostalgiques de la décennie noire qui, à travers la nébuleuse intégriste pro-terroriste, Rachad et ses filiales, veulent faire sortir les citoyens du cadre pacifique pour les entraîner dans le terrain de la violence. Enfin, le bâtonnier d’Alger appelle à la prise de conscience quant aux conséquences de ce plan diabolique qui ne dit pas son nom, sinon une affaire qui « est une réalité qui cache d’autres réalités plus importantes qui nous interpellent tous ».
Farid Guellil