Face aux atermoiements, pour le moins injustifiés, de la part de l’ONU quant à la nomination urgente d’un envoyé personnel de son SG au Sahara occidental, l’Algérie, par le biais de sa diplomatie, remet les pendules à l’heure, au moment où le Maroc fait des pieds et des mains pour maintenir le statuquo, lui qui a fait de la violation du cessez-le-feu en novembre 2020 un moyen pour gagner du temps. En effet, alors que le Conseil de sécurité et de paix de l’UA s’est récemment réapproprié le dossier au grand dam du régime marocain avec en prime une résolution condamnant sa colonisation au Sahara occidental, Rabat continue à bloquer, avec l’intermède de ses alliés de l’Occident, le processus de nomination d’un envoyé personnel onusien dans les territoires occupés. En effet, rebondissant hier sur la question sahraouie, le MAE Sabri Boukadoum, n’a pas été avec des propos tendres à l’égard des parties derrière le blocage du processus de règlement du conflit sur la base du droit international. À commencer par le Maroc, responsable direct de la reprise des hostilités, depuis qu’il lâche son armée contre les civils sahraouis à El-Guerguerat, le 13 novembre 2020. Devant cet état de fait, le chef de la diplomatie nationale a coupé court avec toutes les tergiversations et appelle la RASD et le Maroc à aller vers « des négociations directes et sérieuses ». Pour Boukadoum, d’ailleurs, la question de l’envoyé personnel « ne suffit pas », et qu’il faut plutôt qu’ « il y ait un processus (…) » « Nous continuons à dire qu’il faut des négociations directes et sérieuses, entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario », indique le MAE, cité par l’APS, dans une déclaration à la presse, en marge du Forum de l’économie de la culture. Boukadoum en veut pour preuve à ce qu’il est entendu être une mission limitée de l’envnoyé personnel, surtout que le Maroc tient à sa politique expansionniste, l’Algérie n’a cessé de réclamer, depuis le départ de Horst Köhler de la tête de la mission onusienne en mai 2019, de l’urgence de nomination d’un successeur. « Nous demandons depuis presque deux ans la désignation d’un nouvel émissaire pour le Sahara occidental », rappelle Boukadoum, notant qu’une dizaine de candidats proposés pour occuper ce poste vacant depuis 2019, ont « tous été rejetés par une partie au conflit ». « Il y a un plus grand intérêt de la part des membres du Conseil de sécurité, évidemment de la part de l’Algérie nous sommes très présents », dira-t-il à ce propos. En réponse à une question sur le prochain briefing au Conseil de sécurité, prévu le 21 avril, et consacré aux développements au Sahara occidental, le MAE explique, d’emblée, que la réunion de cette année intervient dans un « contexte nouveau, celui de la rupture du cessez-le-feu ». Et puis, poursuit-il, l’Algérie discute de cette question avec les 15 membres du Conseil de sécurité, qualifiant ces consultations de « bonnes ». Selon Boukadoum, il s’agit d’une question importante aussi bien pour la sécurité de l’Algérie que pour la paix dans la région. Invité à commenter le rapport accablant du département d’État sur la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, le ministre précise que l’Algérie continue de plaider pour l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme, regrettant que « certains équilibres » au sein du Conseil de sécurité aient empêché la mission onusienne, d’être dotée d’une composante droits de l’homme.
F. Guellil