Depuis le retour du président de la République d’Allemagne, les choses commencent à bouger sur le plan politique. La mesure de grâce qui profite aux détenus du Hirak est un signe fort adressé au mouvement populaire qui a fait barrage au 5e mandat et défini les contours de l’Algérie nouvelle que le président Tebboune s’est engagé à construire.
Cette grâce, qui intervient à la veille du 2e anniversaire du Hirak béni, est prononcée en faveur d’une trentaine de détenus dont le jugement a été déjà rendu par la justice, en plus d’une soixantaine d’autres dont le jugement n’a pas été encore prononcé. Ces derniers ont été interpellés lors des manifestations du Hirak, a précisé le Président, dans un discours adressé à la Nation. Cette mesure de grâce répond au préalable de personnalités politiques, à l’instar d’Abdelaziz Rahabi ou encore Soufiane Djillali et le FFS, pour installer un climat de confiance.
Elle traduit la volonté du chef de l’État de tendre sa main au peuple, dans sa large majorité, pour engager des réformes et ainsi concrétiser ses engagements annoncés comme programme pour son mandat présidentiel. Dans son discours diffusé jeudi soir, le président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée populaire nationale et l’organisation de législatives anticipées.
C’est une mesure politique forte sur tous les plans.
En effet, si sur le plan politique, elle traduit la volonté de Tebboune de permettre l’émergence d’une nouvelle scène politique et de nouvelles compétences juvéniles; pour le Hirak et le peuple, elle est un véritable clap de fin pour la « Issaba » puisque, en majorité les élus des deux chambres du Parlement sont le fruit d’un « triturage » des urnes et l’intrusion de l’argent sale dans le choix des candidats et les opérations électorales.
Le Chef de l’État et sans arrêter de dates précises pour la mise en branle du processus de renouvellement du Parlement avec ses deux chambres, a toutefois esquissé l’ébauche d’un agenda qui sera suivi dans les prochains jours. C’est ainsi qu’en annonçant que la nouvelle loi électorale sera adoptée dans environ deux semaines, cela ouvrira la voie à la mise en branle du processus électoral qui prévoit des délais constitutionnels à respecter comme la convocation du corps électoral qui doit intervenir quelques semaines avant l’opération de vote. Cela nous laisse supposer que les législatives anticipées pourraient intervenir dans le courant du mois de juin prochain.
Le président de la République a affirmé dans son discours que le changement radical ne pourrait être conçu sans un changement des institutions des textes de loi pour jeter les bases de l’Algérie nouvelle, conformément aux vœux du Hirak. « Nous avons mené la bataille du changement des textes et des institutions, comme l’a revendiqué le Hirak béni et authentique du 22 février 2019 », a indiqué le président Tebboune, précisant que le changement radical « ne peut être concrétisé qu’à travers des nouvelles lois et institutions. « Lorsque les comportements et les mentalités changent, nous parviendrons à des institutions, indiscutablement reconnues et admises, et c’est là l’un des objectifs du Hirak béni », a-t-il précisé.
Le Président a par ailleurs indiqué que la dissolution de l’APN permettra l’arrivée de sang neuf. « J’ai décidé de dissoudre l’APN dans sa composante actuelle. Nous allons passer, de suite, à des élections où l’argent, sale ou pas, n’aura point de place, des élections qui ouvriront leurs portes aux jeunes, pour que cette frange de la société ait son poids politique à même de lui permettre d’accéder aux institutions élues », a-t-il déclaré, tout en soulignant que « l’État œuvrera à aider ces jeunes, notamment pour mener leurs campagnes électorales dont nous prendrons en charge une grande partie ».
C’est un véritable coup de starter pour le chantier des réformes politiques pour lequel s’est engagé le président Tebboune qui avait reçu il y a tout juste quelques jours le président de la commission de révision de la loi électorale, le Dr Chorfa, devra « avaliser » le nouveau texte de loi avant de convoquer le corps électoral, conformément aux délais prévus par la Constitution adoptée le 1e novembre dernier. Cela coupe l’herbe sous les pieds des va-t-en-guerre de tous bords qui continuent de refuser le principe premier de l’action politique, à savoir l’art de la négociation et du compromis pour avancer et faire barrage à l’impasse. Ces derniers doivent se rendre à l’évidence, l’Algérie nouvelle se construira par petites touches et par des compromis qui permettraient à toutes les couleurs politiques de se retrouver dans la mosaïque qui a fait la force de la nation depuis des millénaires.
Remaniement imminent du gouvernement
Le Président a annoncé dans son discours qu’un remaniement ministériel interviendra probablement aujourd’hui. Cela permettra à la nouvelle équipe gouvernementale d’être en phase avec les attentes citoyennes. Tebboune a affirmé avoir pris connaissance des critiques dûment faites par les citoyens concernant les performances de certains secteurs ministériels, affirmant « qu’un remaniement ministériel sera opéré et annoncé dans les prochaines 48 heures. Ce dernier touchera les secteurs ayant enregistré des lacunes en termes de règlement des problèmes », a indiqué le Chef de l’État.
Cela laisse supposer que les détenteurs de certains portefeuilles pourraient être reconduits dans leurs fonctions. Des ministres qui ont failli dans leurs missions ou qui n’ont pas su mettre en œuvre des solutions pour améliorer le quotidien des citoyens, quant à eux, seront remerciés. Il est utile de rappeler que le président de la République, en accordant un grand intérêt à l’amélioration des conditions de vie des citoyens dans les zones d’ombre, a défini les priorités de l’équipe d’Abdelaziz Djerad. Malheureusement, certains ministres n’ont pas su comment répondre aux attentes citoyennes. Certes, à leur décharge, les ministres ont évolué dans une atmosphère impactée par la pandémie, mais cela n’explique par les défaillances relevées ou encore l’inertie qui a marqué leur passage dans certains secteurs clés et qui ont une incidence directe sur la vie du citoyen. Il est fort probable que le prochain gouvernement puisse connaitre l’arrivée de certaines personnalités issues de partis politiques qui avaient été reçus par le président de la République durant la semaine passée.
Slimane Ben