La Russie et la Norvège ont exprimé leur inquiétude quant à la situation qui prévaut au Sahara occidental, évoquant « une escalade » et « une situation tendue » dans ce territoire occupé par le Maroc.
«Malheureusement, la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord reste compliquée, notamment en raison du manque de régulation des crises graves souvent provoquées par des interférences extérieures », a indiqué le représentant permanent de la Russie à l’ONU, Vassily Nebenzia, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la coopération entre l’ONU et la Ligue arabe, estimant que « les conflits en Syrie, en Libye et au Yémen sont dans la phase aigüe », et que « des efforts sont nécessaires pour promouvoir la stabilité en Irak ». Evoquant la situation au Sahara occidental, le diplomate russe a déclaré que, « nous assistons à une escalade », réaffirmant ainsi la position de la Russie qui rejette la décision unilatérale du président américain sortant,Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Mikhail Bogdanov avait déclaré que la décision « unilatérale » de Trump sort complètement du cadre du droit international. « La décision ne respecte pas non plus les décisions de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies avec lesquelles les Américains eux-mêmes étaient d’accord », avait ajouté le responsable russe.
De son côté, la représentante permanente de la Norvège à l’ONU, Mona Yol, estime que « la situation au Sahara occidental est plus tendue maintenant qu’elle ne l’a été depuis longtemps », assurant que « la situation politique et sécuritaire dans la région MENA (Afrique du nord et Moyen-Orient) reste profondément complexe et instable, dans plusieurs pays ». Les déclarations de la Russie membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et de la Norvège, un pays connu pour le respect des droits de l’Homme constituent un désaveu pour le Maroc qui continue de nier l’existence d’un conflit armé l’opposant au Front Polisario.
Le 13 novembre dernier, le Maroc a lancé une attaque militaire dans la zone tampon d’El-Guerguerat contre des civils sahraouis qui manifestaient pacifiquement pour exiger le fermeture définitive de cette brèche illégale, mettant fin au cessez-le-feu signé en 1991 entre le Maroc et le Front Polisario. Depuis, l’armée sahraouie qui se retrouve en état de légitime défense, mène des opérations militaires quotidiennes contre des positions militaires marocaines en plusieurs points de la ceinture de défense marocaine.
M. Bendib
POUR LE FRONT POLISARIO
La négociation dépend de la situation militaire
Le représentant du Front Polisario aux Nations unies, Sidi Mohamed Amar, a affirmé que la cause sahraouie avait pris un nouveau tournant depuis le 13 novembre avec la reprise de la lutte armée. Il a indiqué que l’adhésion des sahraouis et du Front Polisario à toute négociation était tributaire des développements sur le terrain militaire et du sérieux du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale onusienne. Lors d’une conférence de presse, organisée sous la présidence de la RASD, sur l’actualité de la cause sahraouie suite à la reprise de la lutte armée, M. Sidi Amar a indiqué, mardi, que « le peuple sahraoui mise sur sa résistance armée et sa volonté politique pour arracher ses droits à part entière », ajoutant que la « cause sahraouie a entamé une nouvelle phase après le 13 novembre suite à la violation par le Maroc, de l’accord du cessez-le-feu et la poursuite de la lutte armée ». « Toute adhésion à n’importe quelle opération de négociation reste tributaire des développements sur le terrain et du sérieux du Conseil de sécurité et de l’AG de l’ONU », souligne-t-il. « La seule solution du conflit sahraoui consiste en la garantie, à notre peuple à son droit intangible à la liberté et à l’indépendance », insiste le diplomate sahraoui, affirmant qu’il « n’y a actuellement aucune opération de négociation ».
Par ailleurs, il a imputé le retard accusé dans la nomination d’un nouvel envoyé du SG de l’ONU au Sahara occidental, à la position de l’occupant marocain. M. Sidi Omar a réitéré, par cette occasion, le droit du Front Polisario à se défendre par tous les moyens légitimes dont la lutte armée, ajoutant que le Front reste ouvert à toute éventuelle solution pacifique assurant le respect ferme du droit du peuple sahraoui à l’indépendance ». Au sujet de la situation des droits de l’Homme induite par la violation constante de ces droits par le Maroc dans les villes occupées, le même responsable sahraoui a déclaré « c’est la France qui entrave la mise en place d’un mécanisme onusien pour les surveiller ».
M. B.