Au lieu de tenter de trouver des solutions à la foule de problèmes qui empoisonnent le quotidien des sujets du royaume, le Makhzen a préféré la fuite en avant en annonçant une officialisation de ses relations avec l’Entité sioniste. C’est avec la bénédiction de Donald Trump que Mohamed VI a franchi le pas de la normalisation de ses relations avec Israël.
Il faut rappeler dans ce cadre que le président américain partant dans quelques jours, a légué un cadeau empoisonné à son successeur qui peut se « délier» du parrainage des relations entre le Maroc et Israël à tout moment, puisque des accords qui engagent les États Unis sur le plan extérieur sont soumis à l’appréciation du Sénat. Or, le makhzen a voulu créer un épais écran de fumée pour cacher les nombreux problèmes que vivent les Marocains qui sont hostiles à toute normalisation avec l’État sioniste, et qui sont confrontés à une crise socioéconomique des plus difficiles aggravée par la pandémie de Covid-19. Le Makhzen qui compose avec une classe politique docile, pourrait toutefois provoquer la rupture du faible consensus qui a permis de composer avec le courant islamiste pour mettre en place un gouvernement considéré comme une formation d’union nationale. Il faut rappeler, dans ce cadre, que l’annonce par le palais de la normalisation de ses relations avec Israël pourrait, dans les prochains jours, susciter de grands remous dans la société marocaine, dont le soutien exprimé à la cause palestinienne est connu depuis des décennies. De plus, des ONG et des associations qui avaient observé un silence depuis l’agression d’El-guerguerat, à l’instar du parti progressiste Ennahdj el-Democratie, qui soutient l’application du droit international au Sahara Occidental, consacrant le droit au référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, seraient tentés par des réactions qui pourraient mettre à mal le Makhzen et sa stratégie de lutte contre la crise que traverse le palais. Rabat qui estime qu’elle est en position de force dans la gestion du problème du Sahara occidental, grâce au soutien de la France au Conseil de sécurité, au soutien de certaines pétromonarchies à son effort de guerre, et du soutien des lobbies pro-sionistes, pourrait provoquer le chaos dans la région.
Au lieu de tenter de trouver comment améliorer le quotidien des sujets de sa majesté, le Makhzen est en train de mettre en péril toute la région du Maghreb. À ce jeu-là, le grand perdant ne sera que le peuple marocain qui est voué à vivre des moments douloureux à cause de la guerre qui vient de reprendre au Sahara occidental, suite à la violation par l’armée marocaine du cessez-le- feu signé en 1991 sous l’égide de l’ONU, avec le Front Polisario, à la guerre de succession de Mohamed VI, accompagnée d’ intrigues de palais et de pouvoirs de pressions locaux et étrangers, qui opposent ses potentiels successeurs et une situation socioéconomique des plus explosives.
Slimane Ben