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Dans l’émoi et la passion : L’Argentine a dit adieu à sa légende Maradona

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La journée d’hommage à Diego Maradona jusqu’à sa mise en terre jeudi a été à la hauteur des sentiments exacerbés suscités par l’icône du football argentin: outrancière et emplie de passion, avec des milliers de fans éplorés désireux d’adresser leur dernier adieu.
Une longue file de milliers de supporters a commencé à serpenter dès l’aube autour de l’historique Place de Mai dans l’espoir d’entrer dans la «Casa Rosada», le siège de la présidence argentine où était organisée une chapelle ardente. Un énorme ruban noir ornait l’entrée du bâtiment de pierre rose, dont les drapeaux étaient en berne en signe de deuil national décrété pour trois jours. Mais tous n’ont pas pu s’incliner devant le cercueil fermé contenant la dépouille de la légende du football, recouvert du drapeau argentin et des divers maillots des équipes pour lesquelles Maradona a joué, notamment ceux de la sélection argentine et de Boca Juniors floqués du mythique numéro 10. Plusieurs incidents sont venus ternir ce moment de recueil. Le cercueil a dû notamment être déplacé, selon une source gouvernementale, des supporters déchaînés ayant envahi la cour de la présidence. Des échauffourées ont par ailleurs éclaté à plusieurs reprises dans les rues adjacentes avec la police qui a fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes en échange de projectiles en tout genre. Après ces moments de confusion, le cortège funéraire s’est élancé vers le cimetière Jardin Bella Vista, en périphérie de Buenos Aires, salué tout du long de milliers d’autres personnes sur le bord des routes. Un service religieux dans l’intimité familiale a été donné avant que Maradona ne soit mis en terre dans un caveau familial aux côtés de ses parents. «Je pensais que Diego était immortel, je pensais qu’il ne mourrait jamais. Je ressens une terrible tristesse, il nous a rendus si heureux», se lamentait aux abords du cimetière Antonio Avila, chauffeur de bus de 63 ans.

Emoi planétaire
Poing levé ou la main sur le cœur, de nombreux fans ont cependant pu se succéder devant la dépouille de leur idole, décédée mercredi à 60 ans d’un arrêt cardiaque. «C’est un génie, c’est le peuple, c’est nous, c’est la vie et l’amour», s’est enflammé Andrés Quintero, un restaurateur de 42 ans. Membres de la famille et joueurs en activité ou retraités, notamment des coéquipiers du capitaine argentin au Mondial-1986, s’étaient rendus dans l’intimité à la chapelle ardente avant son ouverture au public à 06H00 locales (09H00 GMT). Dans le quartier de Boca à Buenos Aires, mais aussi en Europe à Naples et Barcelone, hauts lieux de la carrière du «Pibe de Oro» («gamin en or»), l’émotion s’est emparée des anonymes et des grands noms du ballon rond, de Pelé à Lionel Messi, quelques heures après l’annonce du décès mercredi à 15H00 GMT. En Argentine, où la passion du ballon rond est dévorante, l’émotion est immense. Des milliers d’admirateurs se sont rassemblés dans la nuit auprès des stades des clubs où Maradona a officié: à Buenos Aires (Argentinos Juniors et Boca Juniors) et Rosario (Newell’s Old Boys), ainsi qu’à La Plata, où il entraînait la formation de Gimnasia jusqu’à son décès. «Diego, tu es ma vie, tu es la joie de mon cœur», scandait la foule à l’unisson, le visage de nombreux couvert de larmes. A Naples, où Maradona, ancienne icône du club, avait offert au Napoli les deux seuls titres de champion de son histoire (1987 et 1990), tous les joueurs sont entrés avec un maillot floqué du N.10 et du nom de Diego Maradona jeudi pour leur match de Ligue Europa contre Rijeka. Devant les grilles d’enceinte du stade San Paolo –que le maire de la ville veut rebaptiser stade Maradona– des supporters entonnaient depuis mercredi des chants à sa gloire.

«Dieu est mort»
Si la planète savait sa santé fragile, l’annonce du décès de Diego Maradona a entraîné un déluge de tristesse dans le monde du ballon rond, où seul le Brésilien Pelé (80 ans) rivalise dans le classement informel des plus grands de l’histoire. Des chefs d’Etat de nombreux pays ont également adressé des messages de condoléances, preuve que Maradona a partout marqué les esprits, par ses exploits et ses excès, oscillant entre grandeur et flamboyance d’une part, déchéance, drogue et polémiques de l’autre. En Italie, le quotidien sportif La Gazzetta dello sport regrette «la mort du Dieu du football». «Dieu est mort», reprend en chœur le quotidien français L’Equipe. Même l’Angleterre, où Diego Maradona a laissé une image controversée en raison de son fameux but de la main face aux Anglais en quarts du Mondial-1986 (la «main de Dieu», selon les mots de Maradona), salue le génie du petit meneur de jeu. Très affaibli après une intervention chirurgicale pour un hématome au crâne début novembre, Maradona est décédé «d’un œdème pulmonaire aigu secondaire et d’une insuffisance cardiaque chronique exacerbée», selon les résultats préliminaires de l’autopsie. La vie de Maradona, né le 30 octobre 1960, a été rythmée par de nombreux problèmes de santé liés aux excès en tous genres qui l’ont parfois fait flirter avec la mort. Comme en 2000 lors d’une crise cardiaque à la suite d’une overdose ou en 2004 lors d’un second arrêt cardiaque alors qu’il pesait plus de 100 kilos. Maradona avait surmonté sa dépendance aux drogues dures il y a plusieurs années mais avait continué à consommer de l’alcool, des médicaments avec des tranquillisants et des anxiolytiques. Il était apparu très diminué lors de sa dernière apparition publique le jour de ses 60 ans, et son avocat Matias Morla avait révélé qu’il traversait une période de dépression.

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